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Les 12 petites capitalisations favorites de nos experts

Dominique Beauchamp|Édition de la mi‑novembre 2020

Les 12 petites capitalisations favorites de nos experts

(Photo: 123RF)

EN MANCHETTE. Après des années à l’ombre des plus grandes sociétés, les titres de petite capitalisation  ont finalement leur place au soleil. La phase de reprise économique, qui soulève habituellement leur rentabilité, réveille aussi l’appétit du risque des investisseurs. Cinq gestionnaires  de portefeuille proposent des sociétés de petite et de moyenne taille à découvrir ou à revisiter. Certaines des suggestions vous surprendront.

 

Alain Chung, président du conseil et chef des investissements, Claret

 

Converge Technology Solutions (CTS, 4,61 $)

L’acquéreur en série 

Le fournisseur de services en technologie de l’information (TI) pour les PME est aussi un acquéreur en série qui a bouclé 18 transactions en Amérique du Nord depuis octobre 2017. La société de Toronto accélère la cadence des achats, passant de quatre à six par année. Elle peut également considérer de plus grosses cibles après avoir récolté un total de 187 millions de dollars (M$) de quatre émissions d’actions réalisées depuis août 2020.

Converge a contacté 84 cibles potentielles, lesquelles pourraient ajouter 400 M$ aux revenus annuels, entrevoit Alain Chung, de Claret, qui a participé à l’une de ces émissions.

La stratégie de l’entreprise consiste à acquérir des revendeurs régionaux en TI qui offrent un ou deux services, qui n’ont pas de relève et qui sont sous-capitalisés. Converge les intègre, met en commun les services partagés (ce qui économise l’équivalent de 1 % à 2 % des revenus de l’entreprise acquise dès la première année). Elle vend ensuite des solutions logicielles à valeur ajoutée à leurs clients, telles que l’infonuagique et la cybersécurité, qui lui procurent aussi plus de revenus récurrents.

Au Canada, les cibles d’acquisition se font plus rares, mais Converge a encore un long parcours devant elle aux États-Unis et en Europe. Les achats sont financièrement rentables puisque la société paie de cinq à sept fois le bénéfice d’exploitation pour ces conquêtes alors que ses propres actions s’échangent à un multiple de 14 fois. « Il ne lui reste qu’à exécuter les synergies », explique le gestionnaire de portefeuille. Converge partage ses économies d’échelle telles que les rabais de 1,5 % dont elle bénéficie de la part des fabricants d’équipements.

Au fil du temps, les marges devraient augmenter à mesure que les services infonuagiques et les services TI gérés et hébergés gagneront en importance. Alain Chung aime le mode de fonctionnement du groupe et les ambitions du PDG Shaun Maine, qui vise des revenus annuels de 2 milliards de dollars (G$) dès 2022.

Les administrateurs et les dirigeants détiennent aussi 10 % de l’entreprise, une caractéristique qui plaît au chef des investissements de Claret. La société a gradué de la Bourse de Vancouver à la Bourse de Toronto le 11 février dernier.

 

Hardwoods Distribution (HDI, 28,67 $)

Un nouvel élan pour  le grossiste de bois franc 

Le distributeur de bois franc britanno-colombien a procuré un fort rendement à Alain Chung, qui avait initialement acheté des actions au cours déprimé de 1,50 $ en 2004.

Au fil des ans, Hardwoods a su profiter de la construction résidentielle tout en acquérant d’autres distributeurs aux États-Unis, où le marché du bois architectural est encore fragmenté à l’échelle régionale.

Toutefois, les tarifs douaniers imposés sur le bois chinois par le gouvernement Trump ont sérieusement perturbé sa chaîne d’approvisionnement, obligeant le distributeur à la réaménager. Après deux ans d’efforts, en 2018 et 2019, le grossiste est enfin sorti de son calvaire.

Bien que l’action ait triplé depuis ces déboires de 2018, Alain Chung aime toujours la société bien gérée qui se négocie à un multiple raisonnable de 14 fois les bénéfices prévus dans 12 mois. Cette évaluation est bien inférieure à celle de 17 fois pour des entreprises similaires.

Le distributeur de quincaillerie architecturale Quincaillerie Richelieu (RCH, 36,38 $), par exemple, se négocie à un multiple de 23,8 fois les bénéfices prévus dans 12 mois. Si on élargissait la comparaison à d’autres consolidateurs, tels que le carrossier Boyd Group (BYD, 215,00 $), qui s’échange à 41,6 fois les bénéfices, l’écart est encore plus grand.

Hardwoods bénéficie aussi d’un solide bilan (la dette équivaut à 0,9 fois le bénéfice d’exploitation), ce qui lui donne les moyens de continuer à consolider méthodiquement le vaste marché américain où Hardwoods réalise 83 % de son chiffre d’affaires de 1,2 G$, souligne le chef des investissements.

L’entreprise estime qu’un peu plus de la moitié de ses ventes provient de ses acquisitions. Depuis deux ans, les transactions ont ajouté plus de 160 M$ aux revenus.

Depuis janvier 2019, le distributeur a réalisé quatre achats pour renforcer sa présence dans certaines régions ou pour bonifier son offre de produits, tels que les portes de bois. L’acquisition d’Aura Hardwoods, conclue en décembre 2020, a porté à 12 le nombre de ses établissements en Californie, par exemple, soit le double.

Dans l’intervalle, le distributeur profite de la vigueur inespérée des mises en chantier résidentielles et de la hausse soutenue du cours du bois architectural à valeur ajoutée.

 

Hamilton Thorne (HTL, 1,55 $) 

Un rare spécialiste mondial  de la fertilité en Bourse 

Le spécialiste mondial d’équipements et de fournitures destinés aux cliniques de reproduction assistée et aux laboratoires est un choix qui sort des sentiers battus.

Au cinquième rang d’une industrie qui compte 10 acteurs principaux, l’entreprise bénéficie de la chute de la fertilité des couples dans de nombreux pays. Les États-Unis et l’Allemagne sont ses deux principaux marchés.

Son intégration verticale — des lasers de précision aux systèmes d’imagerie en passant par la culture d’embryons — la distingue de plusieurs rivales privées.

Afin d’accélérer sa croissance interne et d’augmenter ses marges, la société du Massachusetts offre de plus en plus de fournitures de sa propre marque et agrandit son équipe de vente directe.

Le confinement et la fermeture de cliniques ont retardé les traitements de fertilité un peu partout dans le monde, en Inde particulièrement. La croissance des revenus devrait se rétablir au moment de la reprise des consultations médicales, plus tard en 2021. Alain Chung apprécie les marges élevées dans ce secteur de niche parce que les cliniques peuvent essentiellement imposer leurs prix aux patients. Chaque cycle de reproduction assistée nécessite 350 $ de produits de laboratoires divers, le segment qui procure à Hamilton Thorne les revenus les plus récurrents.

Ainsi, en 2019, l’entreprise a dégagé des marges brutes de 54 % et des marges d’exploitation de 21 % de revenus de 35,4 M$. Les flux de trésorerie libres de 5,2 M$ avaient alors atteint 73 % du bénéfice d’exploitation.

Les achats sélectifs font aussi partie de sa stratégie à long terme afin d’élargir sa gamme de produits et de services et de percer de nouveaux marchés. Cinq acquisitions ont été conclues depuis cinq ans, dont celles d’Embryotech, en 2016, et de Gynemed, en 2017. « La société est méthodique dans ses transactions et concentre ses efforts sur les cibles qui peuvent générer des ventes croisées », indique le chef des investissements de Claret. Elle aurait 20 candidates potentielles dans sa mire, selon lui.

Le multiple de 16 fois le bénéfice d’exploitation n’est pas bon marché, mais à sa taille actuelle, elle peut certainement doubler d’ici 5 à 10 ans étant donné l’important potentiel en Asie, estime Alain Chung.

 

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Jeff Mo, gestionnaire  de portefeuille,  Mawer Investment Management

 

Richards Packaging (RPI.UN, 67,39 $)

Un emballeur méconnu 

Richards Packaging est probablement l’une des entreprises centenaires les plus méconnues du pays. Troisième dans son domaine en Amérique du Nord, le fabricant de contenants de plastique et de verre fondé en 1912 s’est diversifié dans les secteurs agroalimentaires, industriels et cosmétiques au fil des ans.

La société qui réalise les deux tiers de ses revenus aux États-Unis compte 16 000 clients, dont 41 % dans le secteur des cosmétiques, 36 % dans le domaine alimentaire et 23 % dans celui de la santé.

Jeff Mo, de Mawer Investment Mana- gement, apprécie surtout la faculté qu’ont démontrée les dirigeants à percer de nouveaux marchés qui croissent structurellement plus vite que le rythme de l’économie, à bien intégrer des acquisitions judicieuses pour ensuite améliorer les marges.

Le gestionnaire de portefeuille de Calgary donne en exemple l’achat, en juin 2020, de Clarion Medical Technologies, pour 64,4 M$, une première transaction en cinq ans.

Ce fournisseur ontarien offre des produits et des services aux hôpitaux, aux cliniques d’esthétique et médicales privées allant des technologies au laser au matériel diagnostique, en passant par les soins de la peau, les produits de comblement dermique ainsi que les lentilles intraoculaires.

Le financement conclu pour Clarion a laissé à Richards un accès à des fonds de 65 M$ pour de futures acquisitions. Sa taille croissante améliore son pouvoir d’achat auprès de 900 fournisseurs, ce qui lui procure un avantage concurrentiel, note aussi Jeff Mo.

En plus, Richards présente un bilan « exemplaire » : sa dette équivaut à seulement 0,4 fois le bénéfice d’exploitation tandis que le dividende mensuel de 0,11 $ par action représente à peine 21 % des flux de trésorerie.

Après la forte demande pandémique pour certains produits l’an dernier, qui a procuré des résultats record, l’année 2021 pourrait être marquée par un déclin des revenus, prévient toutefois Jeff Mo. Malgré le bond de 44 % en Bourse depuis 12 mois, le financier juge que le titre favori est encore peu cher pour participer à la croissance rentable de ce fabricant bien géré.

 

Cogeco inc. (CGO, 92,64 $)

Des actifs remis en valeur 

La société de portefeuille qui chapeaute le câblodistributeur et les médias de la famille Audet n’a plus besoin de présentation, surtout après l’offre de 123 $ par action de la part du duo Rogers Communications (RCI.B, 55,18 $) et Altice USA (ATUS, 33,51 $ US) en octobre 2020, dûment rejetée.

Aux yeux de Jeff Mo, cette offre hostile a mis au jour la valeur des activités de câble et d’accès Internet au Québec, en Ontario et dans l’est des États-Unis de sa filiale Cogeco Communications (CCA, 114,81 $). « Bien que le câble perde des clients au profit des services de diffusion en continu, la demande pour le service Internet à haut débit permet à Cogeco de relever ses tarifs et d’accroître modestement le nombre des abonnés à ce service », explique le gestionnaire de portefeuille. Au ratio actuel de 10 fois les bénéfices prévus, Cogeco est aussi bon marché pour profiter de cette croissance modérée, renchérit-il.

Malgré son échec passé au Portugal, « la famille a créé beaucoup de valeur depuis, grâce à son incursion américaine des dernières années », fait valoir Jeff Mo. La société de portefeuille s’échange peu en Bourse, étant donné le faible nombre d’actions en circulation libre, avertit l’expert, mais l’écart de 10 % à 20 % entre la valeur du holding et celle du câblodistributeur est attrayant pour ceux qui sont prêts à tolérer un titre « illiquide ».

Quant à la possibilité que Cogeco rachète les blocs d’actions que détient encore Rogers, seule ou avec des partenaires, Jeff Mo croit qu’une telle « décision serait un bon choix pour l’entreprise tant que ce soit structuré pour que le bilan reste en bonne posture », dit-il.

Cogeco veut aussi ajouter le service sans fil à son offre au Québec et en Ontario à condition que le régulateur instaure les dispositions lui assurant un rendement adéquat. Si c’était le cas ce printemps, Cogeco Communications pourrait alors participer aux enchères de fréquences sans fil prévues en juin.

 

Dye & Durham (DND, 42,79 $)

Un consolidateur vorace  de logiciels légaux 

Le fournisseur de logiciels de gestion des documents légaux a connu une entrée en Bourse fulgurante qui a vu son cours quintupler en huit courts mois.

La nature essentielle de ses solutions infonuagiques aux professionnels du droit qui produisent des revenus récurrents, ainsi que six acquisitions d’affilée, ont capté l’attention de la communauté financière.

L’entreprise, acquise par les frères Proud en 2016, se targue déjà d’une valeur boursière de 2 G$. En décembre 2020, Dye & Durham a acheté son principal rival canadien dans le transfert électronique de droits de propriété DoProcess pour la rondelette somme de 530 M$, un record pour la société.

« Le titre est richement évalué en fonction des barèmes traditionnels (24 fois le bénéfice d’exploitation de 2021), mais nos modèles d’actualisation des futurs flux de trésorerie indiquent que l’action ne reflète pas pleinement toute la valeur de la société », croit Jeff Mo.

Cette analyse incorpore les synergies majeures à tirer des récentes acquisitions, le pouvoir qu’a la société de relever les prix des logiciels acquis de 10 % à 15 %, ainsi que d’autres achats potentiels. « La mise en commun de différentes fonctionnalités dans une seule infrastructure devient une valeur ajoutée pour les clients », explique Jeff Mo.

Pour financer sa stratégie rapide d’acquisitions mondiales, Dye & Durham a émis des actions à quatre reprises après le premier appel à l’épargne de juillet 2020, incluant une double émission d’actions et de débentures convertibles totalisant 500 M $ en février.

Le dernier achat en lice est celui de GlobalX Information, en Australie, acquise pour 166 M $ au comptant, au début de février. Il s’agit du rival australien de SAI Global que Dye & Durham avait acheté un mois plus tôt. L’entreprise devient ainsi le numéro deux dans ce marché, derrière InfoTrack.

De prime abord, le prix de 10 à 14 fois le bénéfice d’exploitation payé pour GlobalX paraît élevé, mais il baisse rapidement à cinq à sept fois, une fois que les importantes synergies seront réalisées.

Dye & Durham répète ainsi en Australie le modèle de consolidation, d’intégration et de guichet unique qu’elle a adopté au Canada et en Grande-Bretagne.

 

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Stephen Takacsy, directeur des  placements, Gestion d’actifs Lester

 

mdf commerce (MDF, 14,20 $)

La seconde vie de l’ancienne Mediagrif

Après un mauvais détour dans le Web grand public, la montée en force du commerce en ligne et de l’approvisionnement stratégique donne une seconde vie à mdf commerce.

L’entreprise de Longueuil qui offre des logiciels en tant que services pour faciliter le commerce et l’approvisionnement entend bien profiter de la vague montante. Son PDG Luc Filiatreault aspire à tripler les revenus à 250 M$ d’ici cinq ans.

D’un côté, le groupe de commerce, qui comprend les plateformes Orckestra et K-ecommerce et qui représente 40 % des revenus, espère recruter d’autres clients tels que l’épicier allemand Aldi, qui implante une solution de magasinage en ligne et de collecte en magasin dans ses établissements britanniques et irlandais.

L’entreprise vient aussi de décrocher un contrat auprès de la chaîne Indigo Books & Music, qui veut améliorer l’efficacité de l’approvisionnement avec ses fournisseurs à l’aide de la plateforme d’échange électronique InterTrade.

En parallèle, mdf souhaite consolider, par acquisitions, le marché fragmenté de l’approvisionnement stratégique aux États-Unis. Cette spécialité consiste à relier des fournisseurs et des acheteurs dans une plateforme électronique d’appel d’offres sur mesure.

En novembre 2020, mdf a d’ailleurs mis la main sur l’américaine Vendor Registry pour 5,2 M$, une plateforme qui relie 400 organismes publics à 70 000 fournisseurs dans 14 États.

Pour financer ce virage, mdf a profité de la remontée de son action pour réaliser deux émissions d’actions, en mai et en octobre 2020, qui lui ont procuré un total d’environ 60 M$.

Bien que la comparaison soit boiteuse, mdf est nettement moins chèrement évaluée que les géants de son secteur, note Stephen Takacsy. « Les dépenses d’hébergement informatique et l’embauche affaiblissent le bénéfice d’exploitation à court terme, mais environ 80 % des revenus sont récurrents et la société dégage un réel bénéfice d’exploitation et des marges brutes élevées, contrairement aux autres vedettes », précise-t-il.

 

CareRx Corporation (CRRX, 4,95 $)

Un recentrage majeur dans  la pharmacie institutionnelle

Autrefois éparpillée dans différents segments de la santé, la société ontarienne s’est recentrée en juin dans le créneau le plus porteur : l’approvisionnement en médicaments de centres pour personnes âgées.

En 2019 et 2020, l’ex-Centric Health a vendu trois autres filiales et a consolidé ses actions à raison de 20 pour 1 avant de se donner une nouvelle raison sociale pour marquer son changement de vocation.

CareRx sert déjà 52 000 résidents dans plus de 900 établissements, pour une part de marché de 12 % au pays. Elle veut doubler ce nombre d’ici 2023 afin de tirer profit de son réseau national de 18 centres de distribution, qui livrent 1,4 million de prescriptions par mois.

Les économies d’échelle deviennent encore plus cruciales parce que les gouvernements provinciaux imposent périodiquement des baisses de prix aux fournisseurs de médicaments. Cette dynamique devrait d’ailleurs aider CareRx à rafler des parts de marché et à acheter d’autres fournisseurs affaiblis.

C’est en 2020 que la stratégie de consolidation de CareRx a pris son envol, grâce à l’achat de Remedy’sRx Specialty (18 500 résidents). Cette acquisition majeure commencera à donner des économies d’échelle et des synergies cette année, explique Stephen Takacsy.

En janvier, SmartMeds Pharmacy et ses 2400 résidents s’est ajoutée. Le prix payé de 3 000 $ par lit, soit environ 5 fois le bénéfice d’exploitation, rentabilise immédiatement la transaction.

L’entreprise a d’autres cibles en vue, d’où la récente émission d’actions de 15 M $ à 4,25 $ chacune, qui porte ses liquidités à 39 M$.

La société a aussi à l’œil les contrats d’approvisionnement de 45 000 lits qui arriveront à échéance au cours des 12 à 18 prochains mois.

Le gestionnaire de portefeuille croit que la société est entre bonnes mains, celles du PDG David Murphy, qui dirigeait le distributeur Cardinal Health Canada, et celles du fonds privé Yorkville Asset Management, de Toronto, qui détient 29 % des actions.

 

Think Research (THNK, 3,18 $)

Une recrue qui met la techno au service des soins

La société de technologie dans le domaine de la santé a fait son entrée en Bourse en fusionnant une coquille déjà inscrite, en décembre.

Normalement, Stephen Takacsy évite les recrues, souvent trop chères, mais il dit avoir été séduit par le savoir-faire de l’entreprise dans l’intelligence médicale, sa discipline financière et le fait que le milieu financier ne l’ait pas encore découverte, contrairement aux autres vedettes de la télémédecine. « Think Research mine une grande base de données sur les patients pour uniformiser les connaissances cliniques et ainsi aider les médecins à adopter la meilleure marche à suivre pour mieux soigner leurs patients », explique le gestionnaire de portefeuille.

La société travaille également à sécuriser les données cliniques pour qu’elles puissent être partagées entre les professionnels de la santé. « Son titre est un moyen d’investir dans la médecine numérique sans payer un prix de fou », évoque-t-il.

Aussi, l’entreprise acquiert des cliniques pour mettre à profit sa technologie et sécuriser une clientèle. Elle a notamment acheté le réseau torontois de sept cliniques HealthCare Plus Group, qui offre des consultations numériques à ses 100 000 patients.

En janvier, Think Research a acquis le centre privé de chirurgie cosmétique et élective Toronto Clinic 360 et MDBriefCase, un fournisseur mondial de formation continue en ligne pour les médecins qui lui apportera une équipe de vente.

Dans le secteur en ébullition de la technologie médicale, l’évaluation est une notion bien relative. Think Research se négocie à un ratio de 4,5 fois les revenus de 42 M$ prévus en 2021, ce qui se compare aux multiples respectifs de 8,4 et de 6,2 fois des coqueluches Well Health (WELL, 8,92 $) et CloudMD (DOC, 2,65 $), par exemple.

Une fois que la COVID-19 sera sous contrôle, le retour à la normale du réseau hospitalier devrait permettre à Think Research de connaître une croissance interne de l’ordre de 20 %, entrevoit Stephen Takacsy. Fidelity Management est le plus gros actionnaire, avec 13,2 % des actions, suivi de près par Persistence Capital Partners, de Montréal. Ce fonds privé spécialisé en santé a obtenu son bloc de 13 % lors de la vente de MDFBriefcase à Think Research pour 28,5 M $.

 

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Stephen Arpin, directeur général, Beutel Goodman Conseillers  en placement

 

William Otton, vice-président, actions canadiennes, Beutel Goodman Conseillers  en placement

 

IA Groupe financier (IAG, 66,95 $)

De la croissance encore à prix d’aubaine

L’assureur et gestionnaire de patrimoine est un placement de longue date pour Beutel Goodman, qui a acheté ses premières actions dès l’entrée en Bourse, en 2000.

Le groupe d’assurance individuelle a réussi à adapter ses produits à la baisse des taux d’intérêt afin de préserver un rendement de l’avoir des actionnaires aux environs de 11 %, explique Stephen Arpin. Le marché « rationnel » de l’assurance individuelle, au Canada, procure à la société de solides fondations pour aller chercher de la croissance ailleurs.

Celle qui est aussi connue sous le nom d’Industrielle Alliance a choisi le créneau fort rentable des garanties offertes à l’achat de véhicules. L’achat d’IAS Parent Holdings, aux États-Unis, conclu en mai 2020, propulse cette stratégie de diversification, croit le gestionnaire de portefeuille. « Ce type d’assurance requiert peu de capital et leur courte durée comporte moins de risque actuariel aux taux d’intérêt que les produits classiques d’assurance individuelle et les rentes », indique Stephen Arpin.

Ce segment d’affaires représente seulement 10 % du bénéfice avant impôts et intérêts de la société, mais il devrait croître au fil du retour à la normale des ventes d’automobiles après la pandémie, prévoit-il.

En même temps, la récente remontée des taux à long terme est favorable puisqu’elle soulève le rendement qu’obtient l’assureur sur l’investissement des primes souscrites. Le rebond de 49 % de l’action entre le 27 octobre 2020 et le 23 février 2021 témoigne de cette influence. Au multiple actuel de 1,2 fois la valeur comptable, l’assureur est bon marché compte tenu de sa feuille de route de croissance rentable, du rendement de l’avoir de 10 % et du dividende sécuritaire de 3,3 %, soutient le gestionnaire.

Stephen Arpin estime que le groupe mérite un multiple plus juste de 1,5 fois sa valeur comptable, qui croît, pour sa part, de 10 % par année.

 

Intertape Polymer (ITP, 23,24 $)

L’accélération du commerce en ligne

Les perspectives du fabricant de rubans adhésifs industriels intéressent le duo de gestionnaires à plusieurs égards.

La société a terminé une phase intense d’investissements de 300 M$ qui devrait commencer à rapporter. Entre 2015 et 2019, l’entreprise a consacré un autre 300 M$ à des acquisitions afin d’améliorer sa compétitivité.

Ses revenus, pour leur part, ont augmenté à un rythme annuel de 7,3 % depuis cinq ans, mais la croissance annuelle composée de 2,8 % de ses bénéfices n’a pas suivi la cadence.

Le nerf de la guerre, dans cette industrie, est de fabriquer à bas coûts et Intertape y parvient grâce à sa nouvelle usine indienne de rubans et de pellicules acryliques, croit William Otton. « Cette délocalisation lui permet de neutraliser en partie la hausse des coûts de la résine et de protéger ainsi son avantage concurrentiel », explique ce gestionnaire de portefeuille.

En même temps, 85 % de ses activités sont particulièrement bien placées pour tirer profit de la reprise économique pendant que la demande pour ses rubans recyclables scellés à l’eau et ses emballages de protection bat son plein.

Ces deux produits servent à l’emballage des articles achetés en ligne et procurent à la société une croissance annuelle de 5 % à 6 % des revenus, soit le meilleur taux de progression de toutes les spécialités du groupe, ajoute son confrère Stephen Arpin.

Le fabricant répond aussi à d’autres critères d’investissement du duo. Même après un bond de 56 % en 12 mois, son titre s’échange à un multiple raisonnable de 11,6 fois les bénéfices prévus dans 12 mois et de 7,4 fois le bénéfice d’exploitation. Le dividende de 3,4 % représente, quant à lui, seulement à 45 % des bénéfices.

Son ratio d’endettement, pour sa part, est passé de 3,7 fois à moins de 3 fois le bénéfice d’exploitation, depuis 2018.

Intertape est donc de nouveau en mesure d’envisager de nouveaux investissements ciblés, tels que l’expansion ou la conversion de chaînes de production, indique Stephen Arpin. Le fabricant cherche aussi des produits d’emballage à valeur ajoutée ou recyclables à inclure à sa gamme et reste toujours à l’affût de petits concurrents complémentaires offrant de fortes synergies.

 

Major Drilling Group (MDI, 6,92 $)

Un don pour la flexibilité

Le foreur minier du Nouveau-Brunswick  (Moncton) a une excellente réputation opérationnelle dans son industrie. Ses dirigeants sont particulièrement habiles à ajuster les coûts variables de leurs 600 foreuses aux aléas de la conjoncture, fait valoir William Otton.

Le groupe mondial offre ses services au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Europe, en Afrique et en Asie, où il compte des bureaux.

« Il ne faut pas voir le titre comme un pari sur une progression soutenue des cours des métaux, mais l’entreprise se porte bien lorsque les sociétés minières recommencent à forer pour garnir leurs réserves », explique le gestionnaire de portefeuille.

Les cours de plusieurs métaux ont rebondi de 45 à 90 % depuis le creux pandémique de mars 2020. Les producteurs accroissent donc leur flux de trésorerie ce qui haussera leur budget de forage, avec un certain décalage.

Son titre a déjà triplé après avoir touché un plancher en 10 ans de 2,26 $ en mars 2020, mais la reprise des forages ne s’est pas encore véritablement manifestée, particulièrement en Amérique centrale et du Sud ainsi qu’en Afrique.

L’action est encore bon marché, car elle s’échange à 1,1 fois les revenus, soutient William Otton. Le financier rappelle que la rentabilité peut grimper rapidement puisque chaque foreuse en activité peut générer des revenus d’un million de dollars par année.

À titre de repère, la société dégageait des marges brutes de l’ordre de 35 % sur des revenus de 156 M $ lors de la pointe du forage observée en 2007.

Major Drilling recèle un autre atout apprécié dans son industrie cyclique : un bilan quasiment sans dettes et l’accès à des liquidités de 87 M $.