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Les chocs financiers de la retraite

Hélène Gagné|Édition de la mi‑septembre 2019

EXPERTE INVITÉE. On s'intéresse beaucoup à la planification de la retraite, mais trop peu à la façon dont elle se vit...

EXPERTE INVITÉE. On s’intéresse beaucoup à la planification de la retraite, mais trop peu à la façon dont elle se vit. Une étude menée auprès de personnes retraitées depuis environ 15 ans en révèle les principaux chocs financiers.

La Society of Actuaries (SOA) a réalisé des entrevues aux États-Unis et au Canada auprès d’individus de la classe moyenne qui ont pris leur retraite volontairement et dont les actifs (excluant la propriété) varient entre 50 000 $ et 350 000 $ CA ou US, selon le cas. Ils ont donc passé à travers l’éclatement de la bulle technologique, la grande crise financière de 2008 et la baisse interrompue des taux d’intérêt. Pas étonnant que certains confessent avoir dû réduire leur style de vie et se contenter de satisfaire leurs besoins plutôt que leurs désirs. Malgré cela, ils s’y sont adaptés avec plus de résilience que d’amertume.

En général, le manque d’argent n’est pas la principale préoccupation des retraités tant qu’ils parviennent à réduire leurs dépenses. Leurs véritables soucis touchent en effet plutôt la santé déclinante, les pertes cognitives, le décès du conjoint ou encore l’isolement social.

Il y a cependant des situations qui, lorsqu’elles surviennent durant la retraite, constituent de véritables chocs financiers, des chocs parfois insurmontables:

1. Un parent ou un conjoint requiert des soins de longue durée ;

2. Un enfant ne peut subvenir à ses propres besoins (en raison d’une maladie mentale ou autre) ;

3. Un divorce.

Plus la retraite est longue, plus le risque de subir un, voire plusieurs de ces chocs financiers, augmente. Dans de pareils cas, la réduction des dépenses courantes ne peut pas compenser les coûts additionnels engendrés par ce type d’événement, créant ainsi un stress important.

Bien que la majorité des gens interrogés n’ait pas vécu de chocs aussi dévastateurs pour leurs finances, la SOA relève le manque de planification pour s’en protéger.

Différences et similitudes à la retraite

Selon cette étude de la SOA, parue en 2016, les Américains et les Canadiens montrent une habileté semblable à s’adapter aux enjeux financiers. Au sud de la frontière, les retraités sont préoccupés davantage par les coûts liés à la santé et aux soins de longue durée ; au Canada, c’est la qualité de ces services qui inquiète en plus des conséquences de l’inflation et de la baisse du huard.

Aussi, les femmes réagissent différemment des hommes durant les épreuves financières de la retraite. Comme elles se sentent plus vulnérables, elles tentent de rebâtir leur capital et sont plus nombreuses à avoir un conseiller financier. Malgré cela, la proportion de leurs actifs investis en Bourse demeure inférieure à celle des hommes.

Parmi les groupes où les membres avaient perdu leur conjoint(e) ou étaient divorcés, les impacts financiers étaient différents. Alors que les veufs ou veuves n’ont subi qu’une légère diminution de leur revenu, les divorcé(e)s ont vu à la fois leur revenu et leurs actifs chuter.

Des risques à mieux planifier

Depuis 2005, la SOA s’intéresse à comprendre comment les Américains réagissent aux risques financiers afin de mieux les y préparer et de contribuer à leur sécurité financière. Leur plus récente étude visait à vérifier si les stratégies mises en place avant la retraite se révélaient efficaces à long terme. Bien que qualitative, leur analyse nous éclaire sur les risques auxquels les individus doivent être mieux préparés avec l’aide de leurs planificateurs financiers.