BCE, sa valeur refuge n'est pas bon marchéBCE, 63,99 $Gain depuis le début de l'année : + 18,6 %Dividende : 4,9 ...
BCE, sa valeur refuge n’est pas bon marché
BCE, 63,99$
Gain depuis le début de l’année : +18,6%
Dividende : 4,9%
Cours cible moyen : 63,41$
Recul potentiel : -0,7%
Recommandations d’achat en proportion de tous les analystes : 39%
L’évaluation de BCE en Bourse dépasse celle de tous ses semblables et frise un record.
Les investisseurs nerveux sont attirés par son dividende élevé et la valeur refuge que procure la stabilité de ses activités.
Stephen Takacsy, de Gestion d’actifs Lester, lui reste fidèle parce qu’à ses yeux, BCE offre un heureux mélange de croissance modérée et de dividende sûr. L’expansion du service de télé filaire Bell Fibe, en milieu urbain surtout, nourrit sa croissance sans trop faire croître les coûts.
D’ailleurs, au troisième trimestre, le service Internet et télé IP a atteint une marge inégalée de 44,2 %. «La société est bien gérée et exécute très bien, dit-il. Le nouveau PDG, Mirko Bibic, reprend le flambeau du réputé George Cope en janvier.»
Dans le sans-fil, l’entente nationale exclusive avec Dollarama pour offrir le service prépayé Lucky Mobile en magasin fonctionne très bien et contribue fortement à la hausse des abonnés aux services sans fil, ajoute le gestionnaire de Montréal.
Si le gouvernement imposait de nouveaux concurrents dans le sans-fil, ce serait une raison de plus de rester fidèle à BCE par rapport aux autres titres de l’industrie puisque le sans-fil représente seulement 39 % de ses revenus et de ses profits.
Zachary Curry, PDG de Davis Rea, détient BCE pour son solide dividende et ses énormes flux de trésorerie. «Le cellulaire est aussi la dernière dépense que les consommateurs veulent abolir en temps de récession», ajoute-t-il.
Quant aux pressions fédérales pour que les tarifs des services sans fil baissent, M. Curry estime que BCE sortira encore une fois relativement indemne de ce nouveau bras de fer réglementaire.
En revanche, Rick Stuchberry, gestionnaire de Wellington-Altus, juge que la croissance (de 1,8 % des revenus totaux au troisième trimestre) est trop modeste par rapport à l’évaluation du titre. «Le dividende est sécuritaire, dit-il, mais le titre a déjà amplement bénéficié de l’effet de la rechute des taux d’intérêt sur la valeur de son dividende.»
Parmi les analystes, le titre de BCE a rarement fait autant débat. Jeff Fan, de Banque Scotia, salue le choix délibéré de la société de migrer ses clients aux forfaits de données illimitées au compte-gouttes, protégeant ainsi ses revenus et ses marges.
La consommation encore modeste de données au pays, avant l’arrivée du 5G, émousse l’avantage compétitif des forfaits de données illimitées, pour le moment, croit-il. La hausse prévue de 5 % des flux de trésorerie et du dividende, en 2020, justifie un cours cible de 66 $.
Par contre, Bob Bek, de Marchés mondiaux CIBC, n’augmente pas son cours cible de 62 $. «Dans la conjoncture de faibles taux et de croissance économique modérée, le titre peut flotter au-dessus de notre cours cible encore un bon moment, mais fondamentalement, le potentiel d’appréciation est mince», écrit l’analyste. BCE est un titre prudent de qualité à détenir dans son secteur, mais son cours est aussi le plus sensible à une éventuelle remontée des taux, prévient Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux. L’analyste croit tout de même que son réseau filaire de fibre optique gagnera en valeur une fois que le 5G fera converger tous les réseaux (sans fil, filaire, fibre, wi-fi) sur une seule plateforme uniforme de communications.
Telus, sa stratégie mesurée plaît à nouveau
T, 50,13$
Gain depuis le début de l’année : +10,8%
Dividende : 4,6%
Cours cible moyen : 53,34$
Gain potentiel : 6,5%
Recommandations d’achat en proportion de tous les analystes : 63%
Le fournisseur de Vancouver revient dans les grâces après un troisième trimestre qui fait croire que sa discipline lui servira bien pendant les perturbations que provoque la migration des abonnés aux forfaits de données illimitées.
Le taux de désabonnement au sans-fil a légèrement augmenté, mais les revenus résilients et la confiance exprimée par les dirigeants signalent que la société maîtrise bien la situation, indique Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux.
Surtout, les dépenses en capital du déploiement de son service filaire Optik TV sont appelées à diminuer puisque le réseau rejoint déjà 67 % de la population dans ses territoires. L’an prochain, cette couverture atteindra 80 %.
Le recul inattendu des dépenses en capital libérera des ressources financières pour soutenir une hausse annuelle de 7 % de son dividende jusqu’en 2022, un engagement que certains investisseurs croyaient en danger.
En 2016, 2017 et 2018, le dividende versé a dépassé les flux disponibles parce que les dépenses en capital surpassaient 20 % des revenus.
Jeff Fan, de Banque Scotia, estime que son service filaire (Optik TV et Internet) atteindra la rentabilité avant intérêts et impôts dès 2020 grâce à la contribution croissante de sa filiale d’impartition de service à la clientèle Telus International.
À son avis, Telus devrait donc retrouver la plus-value qu’il avait sur BCE en Bourse parce que la croissance plus élevée du bénéfice d’exploitation et des flux de trésorerie disponibles garantit que le dividende croîtra aussi plus vite.
Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, évoque aussi ce profil unique pour placer Telus en tête des titres du secteur. En 2020 et 2021, Telus versera 71 % et 67 % de ses flux disponibles en dividendes, prévoit-il. Ses dépenses en capital diminueront à 18 % et à 17 % des revenus.
Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, rappelle, pour sa part, que Telus tire plus de ses revenus des services sans fil que BCE alors que son service filaire offre aussi de meilleures perspectives de croissance étant donné la concurrence moins féroce dans l’Ouest canadien que dans l’Est.
«Le titre devrait bien performer au cours de la prochaine année. Les investisseurs réaliseront que les forfaits incluant le financement des combinés (au lieu des subventions) sont plus favorables à long terme qu’il ne sont défavorable, à court terme. À la mi-2020, le marché commencera aussi à donner une valeur au potentiel du 5G», écrit-il.
Avec un réseau optique qui couvrira bientôt 80 % des ménages dans ses marchés, Telus est particulièrement bien placée pour l’arrivée du 5G, ajoute M. McReynolds.
Le titre de la société de Vancouver ne fait néanmoins pas l’unanimité. Bob Bek, de Marchés mondiaux CIBC, ne touche pas à son cours cible de 50 $, ni à sa recommandation neutre, parce que la récente remontée du titre et son évaluation reflètent déjà ses perspectives.
Québecor, son approche distinctive rapporte dans son marché
QBR.B, 33,17$
Gain depuis le début de l’année : +15,4%
Dividende : 1,3%
Cours cible moyen : 36,54$
Gain potentiel : 9,9%
Recommandations d’achat en proportion de tous les analystes : 77%
Le propriétaire de Vidéotron fait les choses à sa façon et ses stratégies de mise en marché lui procurent une bonne croissance dans une conjoncture régionale favorable.
Son action vogue d’ailleurs sur un nouveau sommet en Bourse.
Un an après son lancement, la marque Fizz Mobile est un franc succès et contribue déjà au bénéfice d’exploitation.
L’ajout de 57 000 abonnés au troisième trimestre, soit 30 % des activations brutes au Québec, accentue aussi l’effet de levier des revenus sur la rentabilité. Les coûts en pourcentage des revenus sont passés de 49,3 % à 46,7 %. Il faut dire que Fizz Mobile est un service entièrement numérique.
Le lancement récent du service Fizz Internet et de la plateforme de télé connectée Helix devrait aussi renforcer le positionnement concurrentiel de son service filaire malgré quelques ennuis techniques initiaux et des ajustements de prix.
«Grâce à une bonne exécution et au bon contrôle des coûts, Québecor peut faire croître sa valeur d’actif nette à bon rythme sans trop de risque par rapport à ses semblables», résume Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, qui vient d’augmenter son cours cible de 36 $ à 38 $. Dix-huit mois après avoir racheté les actions appartenant encore à la Caisse de dépôt, la société peut aussi distribuer un peu plus de ses flux de trésorerie sous forme de dividendes accrus et de rachats d’actions, ajoute-t-il.
Dans son modèle, Adam Shine, de Financière Banque Nationale, s’attend à ce que Québecor distribue 21,2 % de ses flux de trésorerie disponibles en dividendes en 2019, par rapport à seulement 6,4 % l’an dernier. L’an prochain, cette proportion passerait à 30 %, puis à 43 % en 2021.
Après un plan de restructuration de 75 millions de dollars sur trois ans, la société amorce une nouvelle vague de réduction de coûts, dans ses activités de câble surtout, qui devrait dégager des économies du même ordre, estime aussi M. Shine.
«La société devrait encore gagner du terrain en Bourse puisqu’elle commence une nouvelle restructuration agressive pour tirer des économies qu’elle peut réinvestir dans de nouveaux produits mieux positionnés», fait-il valoir.
Cet analyste s’attend à ce que sa part du sans-fil passe de 19 % à 25 % au cours des prochaines années.
Québecor pourrait néanmoins encore surprendre, comme elle l’a fait si souvent dans le passé. Les dirigeants viennent d’évoquer la possibilité d’acquisitions opportunistes à l’extérieur du Québec, bien que les investissements pour le 5G aient priorité. Ces dépenses s’étaleront sur quatre ans.
Étant donné l’amélioration de ses flux de trésorerie et de son bilan, Québecor pourrait même obtenir une cote de crédit de qualité institutionnelle dès 2020.
Le potentiel de Québecor ne fait pas l’unanimité pour autant. Maher Yaghi, de Desjardins Marché des capitaux, est d’avis que Québecor n’a pas la masse critique pour aspirer aux marges plus élevées des géants nationaux à long terme. Il juge donc le titre déjà bien évalué au cours actuel. «Nous préférons attendre une meilleure zone d’achat avant de joindre le camp des optimistes», écrit-il. Pour sa part, Bob Bek, de Marchés mondiaux CIBC, croit que l’évaluation peut s’enfler davantage même si son multiple a rejoint celui de son industrie. Il lui faut continuer de rafler des parts de marché comme Vidéotron l’a fait au troisième trimestre.
Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, estime aussi que Québecor mérite son évaluation. Il prévoit que les marges du sans-fil atteindront 40 % en 2020 par rapport à celles de 38 % au troisième trimestre et à celles de 25 % en 2017. «Fizz et les forfaits du type apportez votre appareil (40 % des abonnés) freinent la hausse de la facture moyenne, mais tant que le nombre d’abonnés et les marges augmentent, Québecor devrait pouvoir soutenir son multiple historique.»
Shaw Communications, son pari du sans-fil n’est pas sans risques
SJR.B, 27,59$
Gain depuis le début de l’année : +11,7%
Dividende : 4,3%
Cours cible moyen : 29,81$
Gain potentiel : 8,6%
Recommandations d’achat en proportion de tous les analystes : 57%
Plus de trois ans après avoir acheté Wind Mobile, les efforts du câblodistributeur de Calgary pour devenir le quatrième fournisseur sans fil du pays sont encourageants.
Plusieurs analystes jugent que Shaw Communications offre une saine concurrence et peut faire croître la part de marché du fournisseur rebaptisé Freedom Mobile, grâce à ses bas prix.
Puisque cette filiale n’a pas à soutenir une structure de coûts aussi lourde que celle des fournisseurs établis, ses marges pourraient aussi devenir intéressantes à mesure que le nombre d’abonnés augmente et que la qualité de son réseau sans fil s’améliore, fait valoir Bob Bek, de Marchés mondiaux CIBC.
Au troisième trimestre, 90 744 clients ont joint son réseau sans fil, nettement mieux que les prévisions de 76 300, note d’ailleurs Maher Yaghi, de Desjardins Marchés des capitaux.
Une bonne part de ce succès tient aux subventions à l’achat des combinés. «Pour le moment, Freedom Mobile a besoin de gonfler sa base d’abonnés afin de répartir les coûts de son réseau», précise-t-il. Éventuellement, la société pourrait abandonner cette pratique quand elle aura suffisamment d’abonnés pour se tourner vers le financement d’appareils comme le font les trois plus importantes télécoms, dit-il.
Shaw finance sa percée dans le sans-fil à l’aide des flux de trésorerie disponibles que lui procure encore son câblodistributeur même s’il perd des clients.
Dans son modèle, Matthew Dolgin, de Morningstar, table sur une progression annuelle de 6 % des revenus totaux, de 7 % à 9 % de la facture moyenne et de 15 % du nombre d’abonnés d’ici 2024.
L’analyste projette que les services sans fil fourniront 35 % des revenus en 2023, par rapport à 20 % en 2019.
Pour soutenir l’intérêt des investisseurs et son titre en Bourse, Shaw distribue un généreux dividende, recommence à racheter ses actions et limite son endettement, expliquent aussi les analystes.
Cette stratégie réduit son coût en capital, ce qui vise à compenser les risques que présente l’établissement d’un quatrième fournisseur national de services sans fil.
De récentes suppressions de coûts et l’utilisation d’équipements de la plateforme internet XI de l’américaine Comcast (CMCSA, 44,18 $) sont deux autres moyens qu’utilise Shaw pour relever ses flux disponibles à court terme, explique M. Yaghi.
L’analyste de Desjardins Marché des capitaux prévient toutefois qu’après 2020, les dépenses en capital remonteront à nouveau, une fois que les nouvelles règles de jeu du fédéral pour le sans-fil seront connues.
Avec le temps, Freedom Mobile devrait gagner en valeur à l’intérieur de Shaw, aux yeux des investisseurs. Toutefois, la filiale sans fil devra sans doute «relever les prix de ses forfaits pour devenir économiquement rentable», prévoit M. Dolgin.
L’analyste de Morningstar aime la stratégie employée par Shaw et sa nouvelle discipline financière, mais il prévient qu’elle devra gagner son pari du sans-fil, en ajoutant à ses parts du nombre d’abonnés année après année, pour gagner de nouveaux partisans en Bourse.
Rogers Communications, sa stratégie fonceuse coûte cher à court terme
RCI.B, 64,13$
Recul depuis le début de l’année : -8,3%
Dividende : 3,1%
Cours cible moyen : 69,75$
Gain potentiel : 9,4%
Recommandations d’achat en proportion de tous les analystes : 59%
Le plus important fournisseur de services sans fil et de câble du pays a choisi de devancer l’industrie en lançant les forfaits de données illimitées. La campagne majeure de marketing a dépassé les attentes, si bien qu’un million de clients se sont prévalus du nouveau service, soit trois fois plus que prévu.
Si ce succès affaiblit les revenus de services, les marges et la facture moyenne à court terme, certains analystes croient que Rogers Communications récoltera les bénéfices de ce virage avant ses concurrents plus prudents.
Le fournisseur perd en effet les revenus qu’il tirait des surcharges de données imposées aux abonnés qui dépassaient la limite de leur forfait. Par contre, les appels de services chutent de moitié, indique Adam Shine, de Financière Banque Nationale.
L’analyste s’attend à ce que la facture moyenne baisse de 2 % jusqu’à la mi-2020 avant de remonter au deuxième semestre.
Rogers est aussi le seul des plus grands fournisseurs à promettre d’offrir le service sans fil 5G dès l’an prochain.
Pour y arriver et relever ses flux de trésorerie disponibles, Rogers diminue les dépenses en capital de sa division de câble. En proportion des revenus, ces investissements en immobilisations passeront à une fourchette de 20 % à 21 % des revenus à la fin de 2021, par rapport à 29 % en 2019 et à 36 % en 2018.
L’analyste a diminué son cours cible de 73 $ à 70 $, mais il prévoit que le cours de Rogers aura trouvé une nouvelle zone d’appui en 2019. Son collègue, Vince Valentini, de Valeurs mobilières TD, est beaucoup plus confiant et fait de Rogers son titre favori. «Rogers établit de meilleures fondations avec des clients plus satisfaits qui consommeront plus de données parce que le risque de surcharges de données disparaît juste à temps pour l’arrivée du 5G», soutient-il.
Comme son nouveau cours cible de 82 $ l’indique, M. Valentini juge que Rogers est nettement sous-évalué, surtout lorsqu’on tient compte de la qualité de l’«arsenal de fréquences sans fil» acquises au fil des années.
Non seulement son multiple d’évaluation de 7,7 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2020 est inférieur à ceux de BCE, de Telus et de Shaw Communications, mais Rogers a des actifs «cachés» de 6,4 milliards de dollars ou 9 $ par action.
Ces actifs incluent le bloc d’actions de Cogeco Câble (1,9 G $) l’équipe de baseball Blue Jays et Maple Leaf Sports, mais excluent la valeur potentielle de la cession-bail de ses immeubles, de ses tours de transmission et de ses centres de données. «Au cours actuel, les investisseurs ne paient rien pour ces actifs et nous croyons que Rogers pourrait monétiser certains d’entre eux d’ici 12 mois», écrit-il.
Plus fondamentalement, le cours sous-estime l’amélioration du bénéfice d’exploitation au deuxième semestre de 2020 et du rebond de 10,7 % des flux de trésorerie disponibles en 2021.
Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, recommande à nouveau l’achat du titre parce que son cours reflète en bonne partie les nouvelles attentes abaissées pour 2020.
Il prévoit que le bénéfice d’exploitation croîtra de 4,2 % en 2019, de 1,2 % en 2020 et de 3,2 % en 2021.
«Notre recommandation se révélera peut-être un peu prématurée, mais le cours actuel reste attrayant», dit-il.
Son cours cible de 70 $ représente un multiple de 7,7 fois le bénéfice d’exploitation, moins que les ratios de 8 à 8,5 fois qu’il attribue à BCE et à Telus.
À l’autre bout du spectre, Bob Bek, de Marchés mondiaux CIBC, estime qu’il est trop tôt pour payer pour les futurs bienfaits de l’élimination des subventions de combinés et des économies aux centres d’appel.
À ses yeux, l’évaluation de Rogers est encore élevée pour une transition encore imprévisible et des risques réglementaires. Il charcute son cours cible de 72 $ à 65 $.