Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Les titres favoris des experts

Dominique Beauchamp|Édition de la mi‑octobre 2021

Les titres favoris des experts

(Photo: Marga Santoso pour Unsplash)

Les rebonds boursiers et des profits ont été aussi fulgurants que la récession pandémique a été courte. Maintenant que la reprise mûrit et que la Bourse multiplie les records, nous avons demandé à quatre gestionnaires de portefeuilles de partager leurs meilleures suggestions de titres à considérer cet automne. 

* Toutes les données sous chaque titre proviennent de Reuters.

 

Brian Madden

Vice-président principal et gestionnaire de portefeuille, actions canadiennes, Goodreid Investment Counsel

Le gestionnaire de fortunes privées propose un trio qui respecte son approche équilibrée, soit un titre de croissance structurelle, un choix plus défensif et un titre plus cyclique dont les perspectives sont intéressantes sur une période de trois à cinq ans.


Le fabricant des parkas Canada Goose applique sa stratégie à long terme

GOOS, 49,48 $
Ratio cours/bénéfice prévu : 34,9 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +46,0 %

À son entrée en Bourse, les investisseurs s’arrachaient le fabricant de parkas de duvet de luxe grâce au potentiel de croissance de sa marque mondiale. Quatre ans plus tard, les résultats inégaux et les répercussions de la pandémie sèment le doute sur sa stratégie qui consiste à élargir sa gamme de produits et à l’offrir directement aux consommateurs.

Après le sommet de 95,58 $ atteint en 2018, l’action a plongé de 69 % jusqu’au plancher de 29,30 $ touché en août 2020, avant de rebondir au cours actuel. 

Brian Madden, qui a acheté des actions en décembre 2020, croit au contraire que la valeur de la marque est toujours aussi forte qu’avant, notamment dans le marché chinois prisé où la société réalise déjà 34 % de ses revenus. Les ventes en ligne et dans les boutiques Canada Goose seront aussi plus rentables pour le fabricant qui élague les détaillants externes qui offrent ses vêtements. 

À ses yeux, la marque au logo distinctif a encore beaucoup de place pour s’étendre géographiquement, un autre aspect de la stratégie qui progresse.

« C’est le cas classique d’une entreprise trop choyée en Bourse pour laquelle les attentes étaient trop élevées. Chaque trimestre, des actionnaires impatients quittent le navire, mais nous croyons que la force de la marque est intacte et que la société fait un travail exceptionnel pour réaliser sa vision à long terme », soutient le gestionnaire d’actions canadiennes.

L’ajout de manteaux légers, tricots, polars, bottes et chaussures à la gamme de produits conçus par l’entreprise atténuera aussi la saisonnalité des ventes et étalera mieux la capacité de production, tout en « faisant vivre la marque toute l’année », croit-il.

La vente directe aux consommateurs, qui devrait passer de 55 % à 70 % des revenus entre 2020 et 2022, améliore aussi la capacité du fabricant à planifier la production en fonction de la demande et à raffiner sa mise en marché, renchérit Brian Madden.

Le ralentissement chinois préoccupe certains investisseurs, mais les articles de luxe défient généralement les cycles de consommation, explique le gestionnaire de portefeuille. Au premier trimestre, les ventes en Chine ont d’ailleurs plus que doublé tandis que les ventes en ligne mondiales ont bondi de 80,8 %.

Quant aux inquiétudes suscitées par des marges brutes inférieures aux attentes au plus récent trimestre, le gestionnaire n’y voit pas de problème structurel. Cela reflète le plus fort rebond des ventes en magasin qu’en ligne par rapport aux résultats déprimés par la pandémie, et aussi la plus grande proportion des ventes d’articles moins rentables que les parkas.

L’évaluation du titre a fondu depuis 2018 d’un multiple d’environ 80 fois les bénéfices, au zénith de 2018, à 33 fois, précise le gestionnaire.

Sans oublier que la société a instauré en août un plan annuel de rachat de 10 % de ses actions.

 

La doyenne des redevances aurifères, Franco-Nevada, est une valeur sûre

FNV, 180,29 $
Ratio cours/bénéfice prévu : 39,9 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +7,5 %

La pionnière des redevances minières est le choix prudent du gestionnaire pour les portefeuilles de ses clients. Le titre est toujours chèrement évalué, mais la qualité se paie, dit Brian Madden, qui détient le titre depuis de nombreuses années.

Le modèle d’affaires de la société n’est plus unique, mais les dirigeants chevronnés et leur accès privilégié aux plus gros gisements miniers font la différence, dit-il.

Franco-Nevada s’apparente plus à une société financière qu’aux producteurs aurifères puisqu’elle obtient des redevances de la production de mines en échange d’investissements dans les producteurs.

« L’entreprise est donc exposée à l’appréciation du cours de l’or sans assumer le risque opérationnel d’une mine — que ça soit une inondation, des problèmes techniques ou autre — ou encore l’inflation des coûts », ajoute le financier.

L’entreprise bénéficie en plus des plans d’exploration des sociétés minières en portefeuille qui forent pour accroître leurs réserves et leur production, explique le gestionnaire de Toronto.

Franco-Nevada profite donc doublement lorsque le cours de l’or augmente et que les producteurs qu’elle finance produisent plus d’onces d’or, ajoute Brian Madden, qui croit aussi que l’or n’a pas perdu son statut de valeur refuge.

Ces dernières années, la société s’est aussi diversifiée dans les redevances pétrolières et de minerai de fer. En 2025, elle estime que le minerai de fer lui fournira de 4 % à 5 % de ses revenus annuels.

En retour, Franco-Nevada utilise les flux de trésorerie qu’elle génère pour ajouter au portefeuille de redevances et distribuer environ le quart de ses bénéfices en dividendes.

 

La pétrolière Parex Resources partage ses profits avec ses actionnaires 

PXT, 18,38 $
Ratio cours/bénéfice prévu : 4,5 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +36,3 %

Le producteur de pétrole intermédiaire est établi à Calgary, mais ses puits sont tous situés en Colombie, où il est le deuxième principal producteur du pays. C’est un choix de titre nettement plus cyclique bien que la société priorise la création de valeur pour les actionnaires, signale le gestionnaire.

Non seulement les conditions d’affaires et les marges d’exploitation sont-elles nettement plus intéressantes en Colombie qu’au Canada, ce qui protège la rentabilité lors des ralentissements économiques, mais l’entreprise ajuste aussi sa production selon les variations des cours du pétrole.

Ainsi, pendant la chute pandémique du cours du pétrole, au printemps 2020, la société a suspendu certains puits alors qu’elle produit maintenant à plein régime. En 2020, la société est restée rentable malgré la baisse de 12 % de sa production.

« C’est assez rafraîchissant de voir un producteur mettre de l’avant les profits au lieu du volume de production. Au cours actuel du pétrole, la rentabilité de Parex est fantastique », évoque Brian Madden.

Depuis que sa mise en vente a échoué en 2018, faute d’offres suffisantes, Parex souhaite accroître sa production par action et met l’accent sur sa répartition de capital. 

Elle a notamment racheté et éliminé 720 millions de dollars américains (M$ US) ou 16 % de ses actions dans le marché depuis octobre 2017 et verse même un premier dividende qui procure un rendement de 2,8 %, depuis le mois dernier. 

Le nouveau président en poste depuis février, Imad Mohsen, 47 ans, mettra à contribution son savoir-faire en planification stratégique et en excellence opérationnelle acquis chez Royal Dutch Shell et Tulip Oil.

Malgré sa performance en Bourse depuis trois ans, le titre est encore « ridiculement » peu cher, affirme Brian Madden, puisqu’il s’échange à un multiple de seulement 2,7 fois les flux de trésorerie prévus en 2022.

Parex n’a aucune dette et dispose de plus de 300 M$ US en liquidités pour financer ses projets d’expansion colombiens et ses nouveaux dividendes. Les acquisitions ne sont pas exclues, bien qu’elles ne soient pas prioritaires en ce moment, croit Brian Madden. 

 

Barry Schwartz

Chef des investissements, Baskin Wealth Management 

Le gestionnaire de fortunes privées et de fondations met de l’avant trois sociétés performantes menées par des PDG avertis qui créent de la valeur.

Barry Schwartz

Chef des investissements, Baskin Wealth Management 

Le gestionnaire de fortunes privées et de fondations met de l’avant trois sociétés performantes menées par des PDG avertis qui créent de la valeur.

 

Le proprio de California Closets (FirstService) peut encore étendre sa portée 

FSV, 237,73 $
Ratio cours/bénéfice prévu : 43,3 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +14,4 %

Le principal gestionnaire de communautés résidentielles et important prestataire de services aux propriétaires immobiliers FirstService est probablement l’une des plus grandes réussites boursières méconnues.

En 25 ans, ses revenus ont crû à un rythme annuel de 19 %, dont la moitié provient de la croissance interne, mais Barry Schwartz est certain que l’entreprise bien gérée a encore un fort potentiel compte tenu de la fragmentation naturelle de ses créneaux.

Le groupe de Toronto peut en effet ajouter à ses services, comme l’achat, en mai, de Maxons Restoration, à New York, qui offre un service d’urgence à ses clients commerciaux en cas de sinistre.

FirstService peut aussi prendre pied dans de nouvelles zones géographiques tant par acquisitions qu’en offrant des franchises.

« Puisque ses services sont offerts localement, la société bénéficie des avantages d’être le numéro un ou deux dans ses marchés, bien qu’elle s’approprie une faible part du marché », explique le chef des investissements.

En procurant à ses marques et services une portée nationale et des économies d’échelle, FirstService peut rentabiliser des services qui dégagent fondamentalement des marges modestes.

La prestation de services et le modèle de franchisage requièrent aussi peu de dépenses en capital, ajoute-t-il, si bien que le dividende a augmenté de 80 % depuis 2015.

« Le titre est toujours chèrement évalué, comme le sont si souvent les entreprises de qualité, mais dans trois ans, vous vous direz qu’il aurait été attrayant de l’acheter trois ans plus tôt, car il aura encore gagné en valeur », évoque Barry Schwartz.

Son bilan est sain. La dette représente seulement 1,2 fois le bénéfice d’exploitation tandis que les liquidités s’élèvent à 572 M$ US.


Le roi du jeu vidéo Activision Blizzard se relèvera des accusations de harcèlement 

ATVI, 80,57 $ US
Ratio cours/bénéfice prévu : 19,4 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +11,1 %

Barry Schwartz reconnaît d’emblée que ce choix est controversé puisque le propriétaire des jeux « Call of Duty » et « Candy Crush » traverse une crise provoquée par des accusations de harcèlement et de discrimination qui ont déclenché plusieurs poursuites.

Après une enquête de deux ans, un organisme californien a déposé des accusations contre la société. De plus, des actionnaires ont déposé des poursuites contre Activision Blizzard pour avoir caché cette enquête et avoir fermé les yeux sur une culture interne toxique.

Le gestionnaire fait le pari qu’Activision Blizzard saura se relever de cet épisode noir puisque le président et actionnaire Bobby Kotick a commencé à « faire le ménage en interne », après que les employés actuels lui eurent reproché son silence.

PDG depuis 1991, « Bobby Kotick a un important intérêt financier à ce que ça se règle », ajoute le gestionnaire, qui signale aussi qu’Activision a terminé l’année 2021 avec des liquidités de 8 $ US par action. Bobby Kotick détient 4,3 millions d’actions de l’entreprise.

Il existe bien sûr un danger que la gestion de la crise démotive les créateurs, entraîne le départ d’employés clés et retarde le lancement des nouvelles générations de ses jeux vedettes. Le gestionnaire estime néanmoins qu’au cours actuel, le titre intègre déjà ce risque.

Dans l’intervalle, l’action a perdu 20 % de sa valeur bien que la société ait haussé ses prévisions de revenus pour 2021 même si le déconfinement facilite les déplacements et encourage la reprise des activités à l’extérieur du domicile. 

La tempête ne change pas le fait que la société peut compter sur 500 millions de joueurs dans 196 pays, que les nouvelles moutures de ses jeux vedettes incluant des versions mobiles sont toujours très attendues et qu’elle dégage d’énormes marges brutes, de l’ordre de 90 % pour certains jeux, fait valoir Barry Schwartz. « Les facteurs fondamentaux sont toujours aussi solides, mais à court terme, la réputation est écorchée », conclut-il.

 

Le géant des déchets Waste Connections passe des acquisitions au retour du capital

WCN, 160,09 $ US
Ratio cours/bénéfice prévu : 37,0 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +16,4 %

Le principal gestionnaire de déchets des États-Unis partage avec FirstService des attributs de qualité qu’apprécie Barry Schwartz, notamment une gestion hors pair, des services essentiels et des revenus de nature récurrente.

« Ce sont d’excellents opérateurs qui contrôlent bien les coûts, acquièrent de façon prudente et répartissent leur capital avec discipline », soutient-il. 

La croissance du bénéfice d’exploitation et des flux de trésorerie en font une première de classe.

Maintenant que le géant a en grande partie consolidé son marché, il lui sera plus difficile à l’avenir de réaliser des acquisitions majeures sans attirer l’œil des autorités de la concurrence.

Le financier s’attend donc à ce que la société partage de plus en plus ses importants flux de trésorerie disponibles avec ses actionnaires sous forme de rachats d’actions, au cours des cinq prochaines années. « Une entreprise stable telle que Waste Connections peut se permettre de racheter et d’éliminer une bonne part de ses actions sans affaiblir son bilan, comme l’ont fait d’autres entreprises performantes comme AutoZone, O’Reilly Media et Charter Communications, qui ont généré énormément de valeur pour leurs actionnaires avec cette stratégie », évoque-t-il.

En même temps, l’entreprise texane continuera de profiter de la reprise de la collecte de déchets des commerces de toutes sortes et des entreprises du secteur de l’énergie, au Canada notamment, maintenant que l’économie revient à la normale. Elle offre ses services dans 43 États et dans 6 provinces.

D’ailleurs, au plus récent trimestre, qui a vu la hausse de 6,5 % des volumes et de 4,9 % des prix faire bondir les revenus de 17,5 % et les flux de trésorerie disponibles de 18,5 %, la société a relevé ses prévisions annuelles. Les flux excédentaires devraient atteindre 1 milliard de dollars américains (G$ US), ce qui n’est rien de moins que 63 % du bénéfice d’exploitation et 16 % des revenus.

Waste Connections a aussi l’intention de percer le marché de la capture du méthane provenant des dépotoirs et de sa transformation en électricité, ce qui lui procurerait une nouvelle source de revenus.

 

 

Fiona Wilson

Gestionnaire de portefeuille principale, actions mondiales, Groupe I3 , Guardian Capital LP

La gestionnaire de titres offrant des dividendes croissants met de l’avant trois sociétés qui se classent bien dans le système d’analyse fondamentale et d’intelligence artificielle et qui priorisent la qualité et la pérennité de la croissance des bénéfices. 

Fiona Wilson

Gestionnaire de portefeuille principale, actions mondiales, Groupe I, Guardian Capital LP

La gestionnaire de titres offrant des dividendes croissants met de l’avant trois sociétés qui se classent bien dans le système d’analyse fondamentale et d’intelligence artificielle et qui priorisent la qualité et la pérennité de la croissance des bénéfices. 

 

Le modèle d’affaires de Costco reste résilient malgré la montée des ventes en ligne

COST, 451,81 $ US
Ratio cours/bénéfice prévu : 38,7 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +6,6 %

Les portefeuilles que Fiona Wilson gère ne sont pas des fonds de dividendes classiques puisqu’ils mettent l’accent sur les dividendes croissants qui gagnent en valeur en raison de la persistance des taux d’intérêt anémiques qui plombe les rendements des titres à revenus fixes. 

Pour ce faire, la gestionnaire combine les facteurs fondamentaux à un système d’analyse de données afin de détecter les sociétés les plus aptes à soutenir une hausse du dividende dans le temps.

Avec des membres qui renouvellent leur abonnement dans une proportion de 91 %, le détaillant Costco Wholesale passe le test du dividende durable.

Le détaillant ressort du lot parce que le système d’intelligence artificielle qui distille une foule de statistiques évalue que les risques que le dividende n’augmente pas sont faibles étant donné la fiabilité des perspectives de croissance.

Sur le plan plus fondamental, la conjoncture favorise les détaillants capables d’offrir un bon rapport qualité-prix. 

« Si les denrées alimentaires ont bénéficié des achats pandémiques pendant le confinement, ce sont à présent les biens plus discrétionnaires qui devraient profiter des épargnes engrangées par les consommateurs », croit Fiona Wilson.

En même temps, Costco a su s’adapter à l’accélération des ventes en ligne en offrant une application mobile, la collecte en magasin ainsi que la livraison. 

« L’effort numérique soutient l’augmentation du nombre de membres et renforce le modèle d’affaires déjà résilient du marchand », ajoute la gestionnaire.

À première vue, le titre de Costco n’est pas bon marché, mais il est moins chèrement évalué que les géants Walmart (WMT, 149,13 $ US) et Amazon (AMZN, 3301,10 $ US), par exemple, en fonction de la croissance fiable prévue des profits de presque 16 % au cours des douze prochains mois.

 

Le géant Accenture est bien plus qu’un consultant 

ACN, 334,10 $ US
Ratio cours/bénéfice prévu : 33,5 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +8,2 %

Il est assez rare de voir des entreprises de technologie dans les fonds de dividendes, mais le colosse Accenture PLC satisfait tous les critères pour s’y retrouver, croit Fiona Wilson.

Le consultant d’envergure mondiale est « très robuste » et son « solide bilan » lui donne les moyens financiers de croître par acquisitions et d’investir dans l’infrastructure infonuagique ainsi que dans la cybersécurité afin de rester à l’avant-garde de son industrie.

La portefeuilliste donne en exemple l’achat majeur de la filiale Symantec Cyber Security Services de Broadcom, en avril 2020.

En 2020, l’entreprise a aussi dépensé 1,7 G$ US en R-D et en formation.

La société de Dublin, qui emploie 569 000 personnes, compte 92 des 100 entreprises du Fortune 100 ainsi que les trois quarts des sociétés de l’indice S&P 500 parmi ses clients. 

« Nous aimons son positionnement, ses perspectives de croissance ainsi que la diversification géographique de ses activités et la variété de ses clients », résume la gestionnaire. Le consultant offre ses services professionnels à 40 industries dans 120 pays.

Accenture avait déjà une « longue piste de décollage » devant elle. La COVID-19 renforce encore plus ce potentiel en ajoutant un sentiment d’urgence à la transformation numérique des entreprises. « En un mot, ses compétences tant professionnelles que technologiques deviennent de plus en plus pertinentes pour les clients », évoque-t-elle. 

La société dirigée par Julie Sweet est de plus en plus active dans ses acquisitions, ayant annoncé 39 transactions lors des neuf premiers mois de 2021. Son budget d’acquisitions de 2021 s’élève à 4 G$ US.

Accenture rachète aussi des actions sur le marché en plus d’augmenter son dividende régulièrement. Au troisième trimestre, la société a relevé son dividende de 10 %.

En 2021, le consultant prévoit dégager des flux de trésorerie disponibles de 8 G$ US à 8,5 G$ US et distribuer 5,8 G$ US de ces capitaux excédentaires aux actionnaires.

 

Mastercard devient de plus en plus une fintech 

MA, 360,48 $ US
Ratio cours/bénéfice prévu : 36,8 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +27,4 %

Pour l’émetteur de cartes de crédit et de débit qui connecte déjà les consommateurs et les institutions financières, le pas est court à franchir pour devenir une fintech.

« L’ère du paiement sans contact requiert des capacités infonuagiques et des compétences dans la protection des données, la reconnaissance faciale, l’intelligence artificielle, etc. Avec sa portée mondiale, Mastercard est bien positionnée », explique Fiona Wilson.

En juin, la division de services de cybersécurité et d’analyse de données de Mastercard a notamment mis la main sur Ekata afin de bonifier ses solutions de vérification d’identité et de prévention de la fraude à l’aide de l’apprentissage automatique.

En mars, l’achat des services aux entreprises du groupe danois Nets a élargi ses solutions de facturation et de paiements instantanés en ligne dans de nouveaux marchés.

Pendant que la société investit de plus en plus dans ces compétences pour assurer sa croissance à long terme, la reprise lui est favorable puisque les consommateurs dépensent les épargnes accumulées pendant la pandémie et les voyageurs sont plus nombreux, ajoute la gestionnaire.

Le système d’intelligence artificielle d’I3 (3 en exposant SVP) indique que la société peut soutenir une croissance annuelle de plus de 10 % de ses bénéfices et de 10 % de ses dividendes.

Au deuxième trimestre, la reprise mondiale a fait bondir ses revenus de 31 % et son bénéfice par action de 37 % malgré les divers incitatifs et les différentes réductions accordés aux détenteurs de cartes. L’entreprise prévoit croître de plus de 20 % au troisième trimestre.

Après avoir dépensé 2 G$ US pour racheter ses actions durant les quatre premiers mois de l’exercice 2021, son programme annuel lui permet d’en racheter 6,4 G$ US de plus. 

 

David Caron 

Gestionnaire de portefeuille principal, Industrielle Alliance, assurance et services financiers

Puisque le rebond boursier a déjà soulevé les industries les plus pénalisées par la pandémie, David Caron pointe trois entreprises en croissance qui bénéficient de vents favorables.

David Caron 

Gestionnaire de portefeuille principal, Industrielle Alliance, assurance et services financiers

Puisque le rebond boursier a déjà soulevé les industries les plus pénalisées par la pandémie, David Caron pointe trois entreprises en croissance qui bénéficient de vents favorables.

 

L’expert des paiements électroniques Nuvei croît à vive allure 

NVEI, 150,13 $
Ratio cours/bénéfices prévu : 62,2 fois
Hausse prévue des bénéfices en 2022 : +47,9 %

Les solutions de traitement des paiements électroniques de la recrue connaissent une croissance fulgurante, mais le gestionnaire de Québec aime que Nuvei ait plusieurs marrons sur le feu.

L’explosion de 114 % des revenus au deuxième trimestre incorpore un solide bond de 68 % de la croissance interne, signale-t-il. La société prévoit une progression d’environ 30 % des revenus en 2022 et en 2023, sans l’effet des acquisitions. 

Nuvei cible une demi-douzaine de créneaux mondiaux complexes qui lui procurent un avantage compétitif, que ce soit les paris sportifs, les casinos légaux en ligne, les jeux vidéo sociaux ainsi que le commerce en ligne incluant les industries des services financiers et des voyages. 

« Bien qu’elle soit une spécialiste de la gestion de toute la chaîne de transaction, l’entreprise ne dépend d’aucun créneau », renchérit-il. Son offre à la carte et sur mesure se révèle aussi être un avantage.

Nuvei offre en effet 480 modes de paiement locaux et différents, incluant 150 devises et 40 cryptomonnaies dans 204 marchés mondiaux. Évidemment, plus Nuvei grossit, plus ses revenus devraient avoir un « effet de levier » sur ses marges, entrevoit David Caron. La marge d’exploitation devrait atteindre 43 % en 2021. Nuvei veut surpasser 50 % à long terme.

Nuvei croît donc avec ses clients, mais perce de nouveaux marchés et bonifie son offre de solutions par des acquisitions. En 2018 l’achat de la britannique SafeCharge lui a ouvert le marché des jeux légaux en ligne. Celle de Smart2Pay, en 2020, lui a donné accès à treize marchés européens. 

En août, l’achat de Mazooma a apporté une solution de virements bancaires instantanés. L’acquisition prochaine de Simplex ajoutera une solution de paiement pour l’industrie des cryptomonnaies.

Le gestionnaire estime que l’entreprise dirigée par son fondateur, Philip Fayer, a des ressources financières de 800 M$ US pour réaliser d’autres transactions.

David Caron reconnaît que le multiple d’évaluation de 40 fois le bénéfice d’exploitation est « riche », mais Nuvei croît plus vite et dégage de meilleures marges que ses semblables, qui obtiennent un multiple encore plus généreux de 50 fois.


Le revendeur de Microsoft, Quisitive, ajoute les paiements à sa plateforme

QUIS, 1,38 $
Ratio cours/bénéfice prévu : 51,5 fois
Variation des bénéfices prévus en 2022 : perte de 2 cents à profit de 2 cents

La petite Quisitive Technology Solutions ajoute de nouvelles cordes à son arc.

En tant que partenaire privilégié de Microsoft (MSFT, 302,33 $ US), le fournisseur de solutions en TI profite de l’adoption des solutions infonuagiques par les entreprises, phénomène qui s’est accéléré depuis le début de la pandémie et le recours massif au télétravail.

Le marché qu’offre cette transition est vaste et Quisitive est bien placée pour tirer sa part du gâteau, estime David Caron.

Le modèle d’affaires produit aussi de bons revenus récurrents lors du renouvellement des licences (soit 20 % des revenus totaux) ainsi que des marges brutes (40 %) et d’exploitation intéressantes (16 %).

Des acquisitions complètent le tableau. L’achat majeur de la californienne BankCard Merchant Services, en mai, est particulièrement prometteur, car il accélérera sa percée du traitement des paiements sur la plateforme Azure de Microsoft. 

Maintenant que Bancorp Bank a accepté de parrainer le processus de paiement par carte de crédit, Quisitive entend offrir graduellement sa solution de paiement direct LedgerPay aux 7000 restaurants à service rapide, épiciers, dépanneurs et places de marché que compte BankCard.

« Quisitive recevra plusieurs sources de revenus, soit au paiement et à l’identification du client, mais aussi lorsque ce dernier profite de promotions ou de rabais personnalisés qu’auront généré les données sur les habitudes d’achat », explique le gestionnaire. 

En parallèle, ses services en TI continuent de croître. Quisitive reste aussi à l’affût pour acquérir d’autres revendeurs et petits fournisseurs de solutions de paiement. En avril, l’achat du revendeur de solutions Microsoft Mazik Global a ajouté des clients des secteurs américains de la santé et de l’éducation. 

D’ici trois à cinq ans, la société vise des revenus de 250 M$ US et un bénéfice d’exploitation de 100 M$ US, qui étaient respectivement de 50 M$ US et de 8,1 M$ US en 2020.

Déjà, au deuxième trimestre, ses revenus ont bondi de 70 % et le bénéfice d’exploitation, de 21 %.

David Caron n’exclut pas la possibilité qu’un jour, Quisitive mette en valeur sa solution de paiement en l’essaimant, ou qu’elle devienne une cible d’achat pour Microsoft. « Le PDG semble ouvert à toutes les options qui créeront de la valeur », dit-il.


Le distributeur Finning International bénéficie de nouveaux vents de dos

FTT, 32,95 $
Ratio cours/bénéfice prévu : 15,2 fois
Variation des bénéfices prévus en 2022 : +10,3 %

Le titre du principal distributeur de machinerie Caterpillar à l’extérieur des États-Unis a déjà profité de la reprise mondiale et du rebond des cours des matières premières, mais il recèle encore du potentiel, croit David Caron.

Finning peut en effet fournir des équipements lourds aux producteurs pétroliers de sables bitumineux qui augmentent la cadence à nouveau parce que la demande et les prix de l’or noir s’améliorent.

En Amérique latine, le distributeur est bien implanté au Chili, où la production de cuivre est appelée à croître pour répondre à la demande à long terme pour le métal rouge de la part des fabricants des voitures électriques, explique le gestionnaire.

Les plans d’infrastructures annoncés tant au Canada qu’en Grande-Bretagne devraient aussi soutenir la demande de la part des entreprises de construction qui devront renouveler leur flotte.

En fin de compte, tous ces équipements vendus ou loués alimenteront la future demande pour les services et de pièces de rechange. « Cette division est cruciale pour les perspectives de placements, car sa plateforme numérisée de services à la clientèle soutiendra les marges du groupe », fait valoir David Caron. D’ailleurs, Finning cible une croissance de 5 % à 9 % par rapport au rythme historique de 5 %.

Le titre n’est pas une aubaine classique, mais le multiple de 18 fois le bénéfice par action prévu est tout à fait conforme à la moyenne à long terme alors que ses marges réagiront davantage à la hausse des revenus que dans le passé.

En plus, le bilan est sain, ce qui donne à l’entreprise la possibilité d’envisager l’achat d’autres concessionnaires ailleurs dans le monde, bien que Caterpillar ait le dernier mot à ce sujet. Les achats servent aussi à ajouter des services complémentaires à son offre telle que la gestion du carburant.

Enfin, le distributeur d’Edmonton augmente périodiquement son dividende qui procure un rendement de 2,7 % actuellement. La dernière hausse de 10 % date du 8 août.