L’importance du rendement durant la période de décaissement
Institut de planification financière|Publié le 20 janvier 2023En raison de la période de décaissement à la retraite qui est habituellement très longue, une portion de placements plus dynamique reste nécessaire dans le portefeuille.(Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. L’année 2022 est maintenant terminée et force est de constater que les principaux indices de référence ont présenté des rendements négatifs. Plusieurs retraités qui tirent une part importante de leurs revenus de retraite de leurs épargnes songent peut-être à réviser leur politique de placement. En effet, il peut être tentant, dans une telle période, de vouloir diminuer le risque du portefeuille en réduisant la portion investie en bourse. Quoiqu’il soit tout à fait cohérent de vouloir diminuer le niveau de risque du portefeuille à mesure que l’on approche de la retraite et durant celle-ci, il faut faire attention : même à la retraite, un rendement sur les placements est souhaitable, voire nécessaire.
Étude de cas
Pour mieux illustrer ce propos, imaginons une personne retraitée âgée de 60 ans qui détient dans son portefeuille REER la somme de 500 000 $. En utilisant les Normes d’hypothèses de projection de l’IQPF, on calcule qu’avec un rendement annuel net de 5,0%, un taux d’inflation annuel de 2,1% et une durée de décaissement de 35 ans, cette personne devrait être en mesure de tirer de ses actifs un revenu annuel indexé à l’inflation de 22 275 $. À la fin de cette période de 35 ans, elle aura retiré un total de 1 180 000 $ et épuisé ses épargnes. On remarquera que la majeure partie des retraits futurs, soit plus de 57%, proviendront des rendements futurs ([1 180 000 $ – 500 000 $] ÷ 1 180 000 $).
Imaginons que cette même personne décide de réduire de façon importante le niveau de risque de son portefeuille et qu’elle obtient un rendement annuel net de 3,0% plutôt que de 5,0%. Son pouvoir d’achat passerait de 22 275 $ à 16 375 $, une baisse de plus de 26% par rapport au scénario original. Sous ce scénario, les rendements futurs représentent approximativement 42% des retraits futurs totaux.
En utilisant une hypothèse de rendement annuel net de 4,0%, on pourra maintenir un pouvoir d’achat de 19 200 $, une baisse de près de 14% par rapport au scénario original. Sous ce scénario, les rendements futurs représentent approximativement 51% des retraits futurs totaux.
En résumé :
Rendement potentiel sur le portefeuille |
Pouvoir d’achat qui peut être maintenu |
Total des retraits futurs indexés |
Poids relatif des rendements |
3,0 % |
16 375 $ |
867 500 $ |
42 % |
4,0 % |
19 200 $ |
1 018 000 $ |
51 % |
5,0 % |
22 275 $ |
1 180 000 $ |
58 % |
Notons finalement que même si actuellement, les certificats de placements garantis de grandes bannières, qui sont très peu risqués, offrent des rendements dépassant parfois les 4%, à long terme les rendements des placements en bourses sont habituellement ceux qui battront l’inflation.
En conclusion
On dit souvent qu’à la retraite, il faut miser sur des placements plus conservateurs puisque les revenus reposent sur l’épargne accumulée et qu’il ne faut pas la risquer. Cependant, en raison de la période de décaissement à la retraite qui est habituellement très longue, une portion de placements plus dynamique reste nécessaire dans le portefeuille. Après tout, fuir les placements risqués entraîne un autre risque : celui de longévité.
Martin Dupras, A.S.A., Pl. Fin., M. Fisc., ASC
Fellow de l’IQPF