Plusieurs experts craignent qu'une récession mondiale soit imminente. Qu'en pensez-vous?
SIHAM LEBIAD – Plusieurs experts craignent qu’une récession mondiale soit imminente. Qu’en pensez-vous ?
LUC GIRARD – L’économie n’est pas près de tomber en récession actuellement. Oui, il y a des poches de faiblesses dans le monde, mais je pense qu’en Amérique du Nord, nous ne sommes pas encore prêts à dire qu’il y aura une récession à très court terme. Cependant, il faut continuer à préparer les portefeuilles pour toute éventualité.
S.L. – Comment vous préparez-vous à une éventuelle récession ?
L.G. – Premièrement, on commence par une baisse de pondération en actions. On pourrait la diminuer de quelques points de pourcentage, jusqu’à 10 %, et on va aller vers les titres à revenus fixes, ce qui diminue le profil de risque. Deuxièmement, on change les secteurs d’activité pour aller vers des secteurs moins cycliques, comme la consommation de base ou le secteur de la santé, par exemple. Ces secteurs vont mieux performer lors de la débâcle des actions à la prochaine récession.
S.L. – Quel titre en particulier suivez-vous dans ces secteurs ?
L.G. – Cela fait un moment qu’on a une surpondération dans le secteur de la santé, qu’on aime beaucoup. Plus particulièrement, Medtronic (MDT, 97,71 $ US) fait partie de nos favoris. On continue de voir de belles perspectives pour cette entreprise qui est le plus grand manufacturier de produits médicaux implantables. On pense que, lors d’un ralentissement économique, ce titre devrait quand même très bien tenir la route. Il s’échange à 18 fois les bénéfices des douze prochains mois. On parle de 5,50 $ de bénéfice net. D’après nos évaluations, le titre pourrait facilement atteindre 7,50 $ de bénéfice net d’ici 5 ans, ce qui représenterait seulement 13 fois les bénéfices au cours actuel. Ce n’est pas très cher. Ce que j’aime plus particulièrement, c’est la capacité de l’entreprise d’engranger des liquidités. On parle de flux de trésorerie disponible de 7,15 $ par action.
S.L. – En dehors de ces secteurs, quel titre trouvez-vous attrayant ?
L.G. – Plusieurs belles choses sont arrivées sur un titre qu’on détient, Disney (DIS, 144,21 $ US). On pense que cette société a encore beaucoup de potentiel à très long terme. C’est un titre qu’il faut conserver, et si vous ne l’avez pas dans vos portefeuilles, il faut en acheter, mais sur une base de très long terme. Disney est très diversifiée avec ses parcs thématiques, sa division de films, ESPN, qui est en train de renaître, et bientôt son service de diffusion en continu avec lequel elle sera en mesure de concurrencer Netflix sur son propre terrain. Disney est une superbe « blue chip ».
S.L. – Quel titre avez-vous récemment abandonné dans vos portefeuilles ?
L.G. – Nous avions du FedEx (FDX, 162,20 $ US), que nous avons acheté et revendu assez rapidement. Nous avons acheté du Dollarama (DOL, 49,84 $) en remplacement. FedEx avait plusieurs vents contraires devant elle. En plus, le cycle économique semblait ralentir un peu partout, ce qui nous laissait croire que FedEx allait continuer de connaître des moments de faiblesse. À ce moment, Dollarama est arrivée avec une bonne évaluation. On a donc sauté sur l’occasion pour acheter le titre à 36 $ et, maintenant, il s’échange autour de 49 $. La porte est maintenant grande ouverte à l’internationalisation pour Dollarama. C’est le début d’une grande aventure.
S.L. – Dans le contexte économique actuel, que pensez-vous de l’or en tant qu’investissement ?
L.G. – J’ai toujours dit qu’il y avait quatre valeurs refuges : le dollar américain, le yen japonais, le franc suisse et l’or. Nous considérons le dollar américain comme la meilleure valeur refuge étant donné que l’or est beaucoup plus volatil. Pour cette raison, nous avons une surpondération sur le plan de notre allocation en dollars américains.
S.L. – Quelle place prend la volatilité dans votre stratégie ?
L.G. – Nous ne sommes jamais du côté de la volatilité. Nous essayons d’investir dans de grandes capitalisations, qui ont une marque connue, une avance sur leurs concurrents, et un bon bilan. Nous ne tentons pas le coup de circuit ; notre approche est beaucoup plus de frapper des coups sûrs. Les titres des entreprises de cannabis, par exemple, ont eu énormément d’engouement. Ils sont devenus rapidement très chers, puis il y a eu un repli. Nous cherchons des entreprises arrivées à maturité. Au fil du temps, cette industrie nous prouvera qu’elle est arrivée à maturité et, à ce moment, nous serons en mesure d’aller vers ces secteurs-là un peu plus facilement.