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Mes FNB favoris

Jean Décary|Édition de la mi‑novembre 2020

L'AVIS DES EXPERTS. Plus populaires que jamais, les fonds négociés en Bourse (FNB) ne sont pas uniquement ...

L’AVIS DES EXPERTS. Plus populaires que jamais, les fonds négociés en Bourse (FNB) ne sont pas uniquement l’apanage des petits investisseurs individuels. Les professionnels les utilisent aussi dans leur portefeuille. Trois d’entre eux nous disent pourquoi ils aiment cet outil financier et quels FNB ont retenu leur attention.


Stéphane Martineau
gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins

L’équipe de Stéphane Martineau gère un actif de 980 millions de dollars. Ces cinq portefeuilles modèles sont composés exclusivement d’une dizaine de FNB. «Notre approche se concentre sur la gestion du risque, et non sur la recherche de rendements supérieurs aux indices. Celle-ci se fait avec une bonne répartition par pays et par secteurs.» Il cite d’ailleurs une étude réalisée par Brinson, Hood et Beebower «qui montre clairement que la répartition de l’actif explique 93,6 % des résultats d’un portefeuille». «Les frais de gestion peu élevés nous offrent une approche rentable à la diversification», ajoute-t-il.

Stéphane Martineau n’hésite pas à allouer une part d’actifs à des FNB à gestion active. «La gestion passive c’est bien, mais ce n’est pas la panacée. C’est souhaitable d’ajouter un peu de brain power.» C’est le cas du FNB actif dividendes mondiaux (DXG) de Dynamique, une filiale de la Banque Scotia. «C’est l’un des rares FNB gérés de façon active et l’une de nos plus grosses positions. Il est géré par David L. Fingold, qui fait de l’analyse fondamentale.» Le FNB se concentre sur 24 titres, de grandes sociétés et des entreprises de taille moyenne. Le fonds comprend en majorité des titres américains (63 %), tels qu’Amazon, Microsoft et Facebook dans le secteur des technologies, mais aussi des titres européens (Suisse, France) dans les secteurs de la santé et de la consommation discrétionnaire. Il reconnaît que les frais de gestion de 0,81 % sont plus élevés que ceux des FNB à gestion passive. Le fonds est en hausse de 22 % depuis le début de l’année.

Il aime aussi un autre FNB géré activement grâce à une formule mathématique de diversification maximale conçue par l’équipe de TOBAM. Il s’agit du fonds Diversification maximale Canada (MKC) de Mackenzie, une filiale appartenant au conglomérat montréalais Power Corporation. «Le FNB a mieux performé sur trois ans que 93 % de ses pairs. Il a connu une hausse de 1,73 % depuis le début de l’année, soit près de 5 % de mieux que l’indice du TSX», souligne Stéphane Martineau. Des titres comme Shopify, Alamos Gold et Empire sont au nombre des 10 principaux placements du fonds, qui accorde une grande place au secteur des matières, de la consommation courante et des services financiers. Les frais de gestion sont de 0,50 %.

 

Dominique Vincent
gestionnaire de portefeuille à 3Macs

(Photo: Bénédicte Brocard)

Les FNB et les fonds communs de placement représentent environ le quart de l’actif géré par Dominique Vincent. «Les FNB, en particulier, nous procurent non seulement une plus grande diversification, mais également une protection contre les fluctuations des devises en plus de nous permettre de participer à des secteurs d’activité bien ciblés», explique la gestionnaire de portefeuille de 3Macs, une filiale de Raymond James.

Elle aime notamment le fonds BMO actions du Nasdaq 100 couvertes en dollars canadiens (ZQQ). Ce FNB d’actions américaines cherche à reproduire le rendement d’un indice de 100 titres (104 pour être exact) de sociétés cotées au NASDAQ et ses placements ont une couverture en dollars canadiens. «J’ai accru notre position à l’amorce de la pandémie, connaissant l’augmentation des achats en ligne que cela susciterait et compte tenu de la faiblesse relative du dollar canadien.» Ce FNB, il va de soi, est fortement concentré dans les titres technologiques. Apple arrive en tête des principales entreprises du fonds, avec une pondération de 13,54 %. Des secteurs comme la consommation discrétionnaire et les services de communication y sont aussi représentés. Les frais de gestion sont de 0,39 %.

Dominique Vincent est d’avis que cette «révolution numérique» entraîne aussi son lot de défis pour les entreprises. «Des sommes colossales sont investies pour protéger nos données, souligne-t-elle. La cybersécurité est un secteur en forte croissance et un FNB, comme le Fonds indiciel cybersécurité Evolve (CYBR), nous permet d’y participer.» La firme d’investissement torontoise Evolve est d’ailleurs la première au Canada à offrir un FNB axé strictement sur ce secteur d’activité. Ce fonds investit dans plus de 55 sociétés du monde entier qui exercent des activités (conception de matériel et de logiciels) pour lutter contre la cybercriminalité. Les coûts mondiaux de ces activités criminelles se chiffreraient en milliers de milliards de dollars, comme l’indique le feuillet d’information du fonds CYBR. Le fonds compte comme principaux titres des entreprises comme Check Point Software Technologies (7,59 %), Palo Alto Networks (7,48 %) et Fastly (3,79 %). La majorité des entreprises sont nord-américaines (70 %), mais d’autres secteurs géographiques sont représentés, dont le Proche-Orient et l’Asie. Les frais de gestion sont de 0,40 %.

 

John De Goey
gestionnaire de portefeuille chez Wellington-Altus

John De Goey est l’un des premiers à avoir géré des portefeuilles de FNB au Canada, il y a 20 ans. «Ce choix allait de soi, car les FNB offraient – et offrent toujours – ce que je recherche : de la diversification à moindre coût et sans fioritures. C’est-à-dire que vous obtenez ce pour quoi vous payez.»

Sa firme gère déjà un actif de plus de 10 milliards de dollars et les FNB comptent généralement pour plus de la moitié de sa stratégie d’investissement. «Actuellement, notre allocation en FNB a diminué à environ 25 %, car je juge le marché des actions très surévalué et nous avons davantage de liquidités», précise-t-il. Il se base notamment sur l’indicateur Buffett, c’est-à-dire ce ratio qui divise l’ensemble des capitalisations boursières d’un pays par son produit intérieur brut. «Le numérateur est très élevé et le dénominateur est très bas. Ce n’est jamais arrivé que les deux atteignent ces extrêmes en même temps.»

Les FNB qu’il suggère reflètent ce sentiment prudent et sont deux manières d’investir dans ce marché qu’il juge trop cher. Une partie des actifs qu’il gère se retrouvent ainsi dans le FNB BMO obligations à très court terme (ZST). Ce fonds offre une participation dans un portefeuille diversifié de catégories d’actifs à revenu fixe dont l’échéance est inférieure à un an. Conçu pour les investisseurs prudents à la recherche d’un revenu, on y retrouve un portefeuille diversifié d’obligations fédérales, provinciales et de sociétés, ainsi que des actions privilégiées. «Dans un environnement comme celui-ci, on obtiendra des rendements certes modestes (de 1,5 % à 1,75 %), mais aussi très peu de volatilité.» Les frais de gestion sont de 0,17 %.

Joh De Goey a aussi alloué une portion des actifs qu’il gère à cette valeur refuge qu’est l’or. Il l’a fait par le biais du iShares S&P/TSX Global Gold Index (XGD), qui cible les producteurs mondiaux d’or et vise une croissance à long terme en reproduisant le rendement de l’indice S&P/TSX Global Gold Index. «C’est le seul produit d’actions que je possède à l’heure actuelle. Avec les entreprises qui produisent de l’or, vous avez un effet de levier. Quand le prix du produit de base augmente, les producteurs performent encore mieux en raison des marges. Cela dit, c’est aussi vrai quand les prix chutent.» Le fonds comprend des titres comme Barrick Gold (17,24 %), une société canadienne dans laquelle l’investisseur de renom d’Omaha, Warren Buffett, a récemment acquis une participation. On y retrouve aussi des titres comme Franco Nevada Corp (9,35 %) et Kinross Gold Corp (3,65 %). Le fonds a connu un rendement de plus de 50 % dans les six derniers mois. Ses frais de gestion sont de 0,61 %.