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Mieux vaut être prudent lorsqu’on se lance dans la Bourse

La Presse Canadienne|Publié le 22 Décembre 2020

Un nombre croissant de Canadiens font leur premiers pas en Bourse cette année.

Certaines plateformes de négociation d’actions ont vu leur nombre d’utilisateurs bondir en 2020, alors qu’un marché en pleine effervescence et le temps passé à la maison en raison de la pandémie de COVID−19 ont incité un nombre croissant de Canadiens à effectuer leurs premiers pas en Bourse.

«Nous avons constaté une croissance incroyable l’année dernière», a déclaré Kevin Gu, chef des produits chez Wealthsimple, une plateforme de négociation en ligne. Les gens ont plus de temps libre depuis qu’ils sont à la maison, ils réfléchissent plus sérieusement à leurs finances et sont désireux d’effectuer leur entrée sur le marché.»

Les experts financiers, quant à eux, exhortent ces nouveaux venus à se renseigner sur les principes fondamentaux de l’investissement tout en les prévenant de ne pas se laisser prendre par la «peur de rater» les sommets du marché.

La popularité de Wealthsimple, lancée en mars 2019, reflète celle d’applications similaires de négociation d’actions comme Robinhood aux États−Unis. Ce modèle sans commission, qui a rendu Robinhood populaire auprès des investisseurs novices au sud de la frontière, s’est également frayé un chemin au Canada. L’investisseur moyen qui effectue ses premiers pas est âgé de 30 ans et négocie des actions d’Air Canada, de Tesla, de Shopify, de Cineplex et d’Apple. M. Gu qualifie ces utilisateurs d’investisseurs occasionnels.

«Nous avons vu beaucoup d’activités de la part de nouveaux investisseurs qui utilisent la plateforme pour investir dans ce en quoi ils croient», a−t−il dit.

Selon Wealthsimple, les nouveaux utilisateurs ont augmenté de 80% pour totaliser 380 000, entre juillet et décembre. D’autres plates−formes observent la même tendance. TradingView dit avoir constaté une augmentation sans précédent de 131% du nombre de nouveaux utilisateurs en mars dans la foulée des restrictions visant à contenir la propagation de la COVID−19, et une hausse de 51,5% de l’activité chez ses habitués. Les inscriptions ont chuté en septembre, avant de repartir à la hausse en octobre.

Tracey Bissett, une analyste financière agréée qui se trouve à Toronto, a dit ne pas être surprise, car les étudiants à qui elle enseigne dans le cadre de formations collégiales parlent fréquemment d’investissements à la mode comme le Bitcoin.

«Sur Instagram, vous le voyez, a dit Mme Bissett. Il y a des influenceurs, dont certains disposent de connaissances en matière de finances. D’autres non.»

Mme Bissett a souligné que les nouveaux investisseurs sautent parfois directement à l’étape de l’investissement. Elle conseille aux gens de garder en tête leur horizon de placement. La reprise des études ou une mise de fonds pour une propriété peuvent constituer des objectifs à court terme. D’autres, comme la retraite, nécessitent une approche à plus long terme.

La tolérance au risque

L’experte a également suggéré aux investisseurs de choisir des actions avec une gamme de rendements historiques, qui livrent des résultats dans les cycles haussiers et résilientes quand la tendance est à la baisse. Lorsque vient le temps de choisir des titres qui correspondent à la capacité d’une personne à tolérer les risques, elle conseille aux investisseurs de consulter des sources d’information réputées et d’analyser la fiabilité de l’entreprise en ce qui a trait aux bénéfices.

«La tolérance au risque consiste à réfléchir à ce qui se passerait si vous perdiez la totalité de votre investissement initial», a analysé Mme Bissett.

À la suite d’entrées en Bourse remarquées, comme celle du service de livraison de repas DoorDash, qui a vu le cours de son action presque doubler, le marché peut sembler en enrichir plusieurs, en particulier dans un contexte de ralentissement économique, a−t−elle ajouté.

Cette année seulement, l’indice composé S&P/TSX de la Bourse de Toronto a atteint un sommet de 17 970,51 points en février, un creux de 11 172,73 points en mars et se situe maintenant aux alentours de 17 500 points.

Mais, «ce n’est pas facile de battre d’autres investisseurs ou de battre le marché», a souligné le gestionnaire d’investissements Hilliard MacBeth.

Celui−ci a ajouté que si les conseillers−robots et les applications gratuites sont devenus la norme, il y a aussi des éléments à considérer, notamment la façon dont les données des utilisateurs sont traitées.

«L’effet de parler à des conseillers peut être très utile dans le cas où quelqu’un est sur le point de faire quelque chose de vraiment, vraiment fou et risqué, a expliqué M. MacBeth. La plupart des conseillers veulent garder leurs clients et ils veulent qu’ils survivent, car c’est la façon de développer votre entreprise.»

M. Gu dit que Wealthsimple a encouragé les utilisateurs à négocier activement moins de 1 % de leurs économies, ajoutant que «le moyen le plus intelligent de faire fructifier votre argent à long terme est d’avoir un portefeuille diversifié à faible coût qui suit le marché».