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«Nos meilleures idées sont chez les facilitateurs de technologie»

Dominique Beauchamp|Édition de mars 2020

À PORTEFEUILLE OUVERT. Vous gérez un fonds mondial. Comment arrivez-vous à choisir vos 35 à 65 meilleures idées ...

À PORTEFEUILLE OUVERT.

LES AFFAIRES – Vous gérez un fonds mondial. Comment arrivez-vous à choisir vos 35 à 65 meilleures idées dans un si vaste univers de placement ?

Eileen Riley – Notre démarche est fondamentale et systématique. Nos placements doivent réunir sept attributs de qualité durables. Nous achetons les sociétés pour lesquelles nous avons un degré élevé de conviction, soit la confiance en leur capacité à faire croître leurs flux de trésorerie libres et donc leur valeur au fil du temps. Ces flux constituent le meilleur étalon pour déterminer les créateurs de richesse. Les élues présentent des avantages concurrentiels durables et nous les achetons lorsque leur évaluation est attrayante par rapport à notre modèle financier ou à nos propres scénarios.

L.A. – Le rythme plus rapide des changements technologiques influence-t-il votre démarche ?

E.L. – Nous n’achetons pas une société si nous sommes incapables d’en quantifier les risques potentiels. Les changements font partie de l’évaluation globale que nous faisons des sociétés et de leurs perspectives. Nos repères de qualité ou d’évaluation boursière ne sont pas statiques non plus. Ils s’adaptent à la dynamique de chaque société dans son industrie. Des chocs externes tels que le coronavirus, le Brexit, le mouvement de protestation à Hong Kong ou autres influent bien peu sur la trajectoire à long terme des créateurs de richesse. Il arrive par contre que les turbulences nous offrent des occasions.

L.A. – Avez-vous un exemple récent d’une telle occasion ?

E.L. – Nous détenons une participation dans l’assureur et gestionnaire de soins de santé United Health Group (UNH, 283,86 $ US) depuis sept ans. Son titre fluctue parfois quand des déclarations portant sur la réforme du secteur de la santé reviennent à l’avant-scène à Washington. C’est ce qui est arrivé l’an dernier. Le titre a baissé pendant deux trimestres avant de rebondir au quatrième. Nous avons acheté d’autres actions à un prix attrayant parce que nous croyons que la société déjà dominante peut naviguer sur ces turbulences à court terme et améliorer sa proposition de valeur dans l’industrie en intégrant plus de services à son offre. Cela dit, l’accélération des changements technologiques offre, elle aussi, de belles occasions de placement.

L.A. – À part détenir les plateformes Alibaba, Amazon et Alphabet, comment cherchez-vous à en profiter ?

E.L. – Plusieurs de nos entreprises sont bien placées pour bénéficier du tempo élevé qu’imposent les avancées technologiques. Ce sont parfois des fournisseurs de logiciels à valeur ajoutée, des consultants qui offrent leurs compétences pour amener les processus de leurs clients à un autre stade ou encore des groupes industriels qui améliorent leurs marges et l’expérience client à l’aide des nouveaux outils. Ces chefs de file captent leur part des dollars que leurs clients n’ont pas le choix de dépenser.

L.A. – Quels exemples êtes-vous libre de divulguer ?

E.L. – Nous détenons Dassault Systèmes (DSY), un fournisseur français de logiciels de design et de simulation. Nous le surveillions depuis longtemps et l’avons acheté à la fin de 2018 lorsque son évaluation est devenue intéressante. Ses solutions numériques améliorent l’efficacité des procédés de fabrication dans diverses industries et des marchés variés. Le consultant japonais en TI Nomura Research Institute (4307) est aussi en portefeuille depuis six ou sept ans. Environ 60 % de ses revenus sont récurrents, ce qui est élevé pour un consultant. Le commerce de détail et le secteur financier sont deux importants clients, mais la clientèle de Nomura est bien diversifiée. Sa stratégie inclut des acquisitions occasionnelles. Le fournisseur suisse de logiciels bancaires Tenemos (TEMN) est au coeur de la numérisation et de la simplification des processus des institutions financières, incluant les coopératives de crédit. Dans le domaine industriel, le conglomérat britannique Halma plc (HLMA) est non seulement un bon répartiteur de capital, mais il bénéficie aussi de fortes parts de marché dans des niches qui croissent grâce au vieillissement de la population, à l’urbanisation et au resserrement de la réglementation. Ses produits servent notamment à la sécurité en milieu de travail, dans le domaine des sciences de la vie et sert aussi à la surveillance d’infrastructures environnementales. Ses flux libres financent aussi des acquisitions.