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Percevoir les fluctuations boursières d’un bon oeil

André Lacasse|Édition de la mi‑Décembre 2021

Percevoir les fluctuations boursières d’un bon oeil

(Photo: 123RF)

À VOS AFFAIRES. Nous l’avons vu au printemps 2020 et plus récemment en septembre 2021. Les marchés boursiers peuvent fluctuer rapidement, poussant certains investisseurs à appréhender une catastrophe. Nous sommes bombardés d’informations financières qui nous poussent à nous préoccuper de nos placements. Les médias peuvent alimenter les peurs ou le sentiment d’urgence en publiant continuellement des articles qui traitent des indices boursiers ou de certains produits. Et que dire des publicités qui martèlent les avantages d’une multitude de produits, tous moins chers et plus performants les uns que les autres ? Rappelons-nous que les publicités n’ont pas pour but d’informer, mais bien d’inciter à acheter.

Enfin, n’oublions pas les youtubeurs, blogueurs, animateurs et autres qui donnent leur opinion sur les investissements… sans même avoir fait des études dans le domaine ni être inscrits auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) ! Résultat: le premier sujet abordé par un client avec son planificateur financier est très souvent lié aux choix des produits financiers ainsi qu’à leurs frais de gestion. Pourtant, si le choix des placements et le ratio de frais de gestion (RFG) font partie des critères à évaluer, leur importance pâlit par rapport à d’autres éléments de la planification financière. Voici quelques exemples de questions qu’on devrait poser avant même de parler de produits financiers, de taux de rendement, de l’évolution de la Bourse ou de RFG.

 

Faites-vous les choses à l’envers?

On ne commence pas à bâtir une maison par le toit. Le choix d’un produit de placement est le résultat final, obtenu après l’analyse du profil d’investisseur et des objectifs.

Ainsi, plutôt que d’ouvrir un compte REER et de vous demander si vous devriez choisir un FNB canadien, un fonds de placement américain ou encore le portefeuille d’un robot-conseiller quelconque, il faudrait d’abord déterminer combien vous devriez mettre de côté chaque mois pour atteindre votre objectif de revenus à la retraite. Et vous demander si cotiser au CELI ou rembourser vos dettes est plus approprié que de cotiser au REER. Les planificateurs financiers utilisent des logiciels de projection performants qui aident à y voir clair.

Savoir si vous en aurez assez pour vivre une retraite confortable pendant 30 à 35 ans me semble essentiel. Discuter des prévisions des experts en ce qui a trait aux indices boursiers viendra plus tard.

 

Votre conjoint sera-t-il toujours votre conjoint?

Avouons que cette question attire l’attention. Clarifier la situation matrimoniale devrait être au haut de la liste des priorités. Qu’arrivera-t-il advenant une séparation ou un décès prématuré ?

Imaginons que vous ayez un conjoint de fait qui a des enfants mineurs d’une union précédente. Vous achetez ensemble la maison de vos rêves. Si vous n’avez pas de testament et que le pire devait arriver à votre conjoint, sa part ira à ses héritiers légaux, pas à vous. Et qui sont ses héritiers légaux ? Ses enfants mineurs. Et qui va aider ces enfants mineurs à prendre des décisions et à gérer leurs actifs, selon vous ? L’ex de votre conjoint.

Après plus de 25 ans de carrière, je n’ai pas encore rencontré un Québécois à qui cette situation convient.

 

Vos placements sont-ils avantageux d’un point de vue fiscal?

Les placements non enregistrés investis en certificats de placement garanti (CPG) ou en fonds de placement constitués en fiducie qui contiennent des obligations ne sont pas avantageux fiscalement puisqu’ils génèrent des intérêts pleinement imposables. Certaines autres options pourraient convenir aux objectifs du client, tout en grugeant moins les rendements générés.

 

Qu’en est-il de la gestion des risques?

Imaginez un jeune entrepreneur de 40 ans dont les revenus annuels sont de 150 000 $par année. Comme son portefeuille a crû considérablement, il passe plusieurs heures par semaine à choisir le «bon»placement qui l’aidera à atteindre l’indépendance financière au plus vite. Ayant beaucoup appris, il est convaincu de savoir comment faire de bons choix.

Mais si tout repose sur son revenu, quelles seraient les conséquences d’une invalidité à long terme qui l’empêcherait de gagner ce revenu ? S’il garde le même salaire pendant les 20 prochaines années, cela représente 3 millions de dollars (sans tenir compte des impôts). Avec son revenu, il doit payer son hypothèque, faire l’épicerie, épargner, etc. Sans assurance invalidité, en cas d’incapacité à travailler, il devra retirer des montants de ses placements existants pour remplacer son revenu.

On voit donc qu’avec une démarche holistique, l’évolution de la Bourse à court terme perd de son importance par rapport à d’autres éléments de la planification financière. Il est évident que les fluctuations boursières attirent beaucoup l’attention, mais planifier le reste peut vous éviter bien des soucis.