Sam Lichtman, un planificateur financier certifié, recommande de consommer du contenu de personnes ayant des qualifications précises. (Photo: La Presse Canadienne)
Jonathan Atwin a sauté en couple dans le train des finances personnelles en 2020, cherchant à en apprendre le plus possible sur l’argent et sur les façons de le gérer.
«À l’époque, nous avions des dettes, nous voulions donc essayer de résoudre ce problème», explique M. Atwin.
Tout a commencé avec des vidéos TikTok. Ensuite, le couple de millénariaux d’Halifax s’est tourné vers des livres de finances personnelles recommandés comme Money Like You Mean It d’Erica Alini et I Will Teach You To Be Rich de Ramit Sethi, ainsi que des balados sur des sujets similaires.
Avec la montée en flèche du coût de la vie, M. Atwin estime que ces outils étaient particulièrement utiles et «ont totalement changé» la façon dont le couple dépense et économise son argent aujourd’hui.
«Je n’avais pas de budget mensuel, et maintenant j’en ai un. Et cela m’a également aidé à garder une trace des choses», explique-t-il.
Le couple fait partie d’un groupe croissant de jeunes Canadiens qui s’appuient sur l’autoapprentissage en matière de finances personnelles, dans un contexte où la littératie financière n’est généralement pas enseignée à l’école ou à la maison et où le contenu sur les finances personnelles a une empreinte croissante en ligne.
«Il n’est presque jamais arrivé que ma famille ou la famille de la personne qui partage ma vie parle [de finance], et c’était la même chose à l’école. [Nous] avons des diplômes universitaires et ce n’est pas quelque chose que nous avons appris», souligne M. Atwin.
«C’est presque comme si nous devions prendre ces choses en main.»
Sam Lichtman, un planificateur financier certifié qui éduque les jeunes Canadiens grâce à ses vidéos TikTok et à son balado appelé Millennial Money Canada, raconte avoir dû, lui aussi, prendre les choses en main. Il a décidé de travailler dans l’industrie financière pour apprendre «les secrets des initiés».
Cependant, M. Lichtman reconnaît qu’il n’est pas réaliste pour tout le monde de se lancer dans un cheminement de carrière similaire pour en apprendre davantage sur les finances personnelles. C’est pourquoi il partage du contenu éducatif gratuit avec ses milliers d’abonnés en ligne.
«Beaucoup de gens essaient de garder le contrôle sur l’information qui doit vraiment aider les Canadiens, estime-t-il. Cette information mérite d’être en ligne et disponible gratuitement et les médias sociaux sont une excellente plateforme pour la publier.»
Mais vers qui les gens doivent-ils se tourner lorsqu’ils veulent des ressources fiables pour en savoir plus sur l’argent et comment mieux le gérer?
Rechercher les gens qualifiés
Même s’il y a beaucoup de contenu de finances personnelles en ligne sur des réseaux comme TikTok, Reddit et Instagram, M. Lichtman met en garde contre le danger d’être aspiré dans un puits sans fond sur internet et de finir par suivre n’importe quel conseil financier concernant l’investissement dans une action ou un fonds spécifique ou une autre forme d’investissement.
Au lieu de cela, M. Lichtman recommande de consommer du contenu de personnes ayant des qualifications précises.
«Il faut comprendre que c’est différent quand quelqu’un a une licence d’investissement et une désignation de planificateur, ce genre de choses, et qu’il est sur les réseaux sociaux, où il donne des informations gratuitement, par rapport à quand quelqu’un ne fait simplement que partager son vécu», souligne-t-il.
S’impliquer dans des organisations comme Junior Achievement, qui enseigne aux étudiants la littératie financière et l’entrepreneuriat, vaut également la peine, estime M. Lichtman.
Les balados peuvent également être une bonne ressource vers laquelle se tourner, ajoute-t-il, car ils ont traditionnellement une forme assez longue, ce qui permet de vérifier plus facilement si quelqu’un sait de quoi il parle. M. Lichtman cite «Rational Reminder» de Benjamin Felix et Cameron Passmore et «More Money» de Jessica Moorhouse comme des exemples de balados informatifs réalisés par des experts canadiens.
Gary Rabbior, président de la Fondation canadienne d’éducation économique (FCEE), mentionne deux ressources que l’organisme à but non lucratif offre principalement aux jeunes qui cherchent à améliorer leur littératie financière.
La première est un livret intitulé «Les jeunes et l’argent», et un site web portant le même nom, tandis que la seconde est LitFin101, un cours d’autoapprentissage en ligne pour les élèves du secondaire qui est également disponible pour les enseignants, les parents et les autres personnes cherchant à développer leurs capacités financières personnelles.
M. Rabbior assure que ces ressources sont bien accueillies par les jeunes, nombre d’entre eux indiquant qu’ils auraient souhaité qu’on leur enseigne les mêmes informations à l’école et qu’ils aimeraient idéalement en savoir plus sur les finances personnelles à l’école ou à la maison.
Au-delà des ressources de la FCEE, il recommande les ressources d’apprentissage en ligne de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada destinées aux jeunes Canadiens, qui touchent à une multitude de domaines tels que la budgétisation, les assurances et la planification des finances à différentes étapes de la vie.
Fixer ses propres limites
M. Rabbior conseille en outre aux gens de vérifier la crédibilité de toute personne offrant des conseils financiers et d’éviter le contenu d’influenceurs qui disent à leur public quel genre de décisions financières ils devraient prendre.
«La clé est de pouvoir garder le contrôle de son argent, de fixer ses propres limites», indique-t-il.
M. Rabbior insiste sur l’importance d’investir en soi et de prendre le temps d’améliorer sa littératie financière.
«Beaucoup d’apprentissages sont nécessaires pour vraiment garder le contrôle de ses affaires financières, on doit creuser un peu plus. Ainsi, plutôt que de simplement prendre des conseils sur les réseaux sociaux, des astuces ici et là, c’est un domaine d’apprentissage dans lequel il vaut la peine d’investir», ajoute-t-il.
Comme plusieurs autres jeunes Canadiens, Maeve Ellis, une étudiante universitaire de 19 ans à Toronto, se concentre davantage sur ses finances depuis que l’inflation et le coût de la vie ont augmenté.
Mme Ellis juge qu’il était «assez surprenant» que d’autres compétences de vie soient enseignées dans les écoles, alors que l’éducation publique effleure à peine la surface en matière de littératie financière.
«Je pense que c’est vraiment dommage que ce soit quelque chose que les gens doivent en quelque sorte comprendre par eux-mêmes», déplore-t-elle.