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Quand vendre une action?

Morningstar|Publié le 24 février 2022

Quand vendre une action?

Avoir la discipline qu’il faut pour vendre une action quand les bonnes conditions sont réunies est vraiment une des choses les plus difficiles. (Photo: 123RF)

On a souvent recours au vieux principe selon lequel il faut acheter au plus bas et vendre au plus haut comme réponse sarcastique à ceux qui cherchent des conseils sur les placements dans les actions. Bien sûr, si on pouvait tous le faire, on n’aurait pas besoin de marché boursier.

Avoir la discipline qu’il faut pour vendre une action quand les bonnes conditions sont réunies est vraiment une des choses les plus difficiles dans le domaine des investissements. Mais pourquoi donc est-ce si difficile?

 

Notre comportement joue en notre défaveur

Nous sommes généralement enclins à avoir toutes sortes de partis pris. Souvent, cela veut dire que nous finissons par prendre de mauvaises décisions financières. Comme le dit le proverbe, «l’erreur est humaine, le pardon est divin». Malheureusement, l’erreur dans les placements n’est peut-être pas pardonnée aussi facilement si l’on veut atteindre ses objectifs financiers. Une réflexion sur soi-même peut mener à une reconnaissance de certains partis pris et les circonvenir en comparant des faits objectifs, ce qui est souvent un exercice utile avant de décider d’une transaction.

Par exemple, en tant qu’investisseur dans les actions, vous vous heurterez fatalement à un effondrement boursier. Un parti pris commun appelé « aversion aux pertes » pourrait pousser un investisseur à vendre ses positions au cours d’un krach et à concrétiser ses pertes, tout en perdant de l’argent lors de la reprise. Un autre parti pris commun est le « biais de confirmation », où un investisseur cherche des informations susceptibles de confirmer ses vues ou son avis et leur donne plus d’importance que celles qui les contredisent. Cela, bien évidemment, peut inciter un investisseur à conserver une action trop longtemps.

En bref, les partis pris ne sont pas les amis des investisseurs. La première étape, celle qui consiste à les reconnaître, est importante pour un investisseur discipliné. Après ça, il est important de reconnaître comment on investit.

Il y a diverses approches de placement.

Il y a toute une gamme d’approches pour investir dans les actions. Comprendre le style de placement qui vous convient naturellement vous aidera à définir un schéma ou un plan d’action pour évaluer les occasions d’achat et de vente. Voici trois styles de base, et ce ne sont pas les seuls :

1. Le placement axé sur la valeur: tout comme Morningstar attribue des cotes aux actions, les investisseurs axés sur la valeur tentent de lui attribuer une « juste valeur », souvent basée sur une projection de ses flux de trésorerie futurs, en utilisant ensuite un modèle d’actualisation des flux de trésorerie pour faire une estimation de la valeur qui devrait être la sienne aujourd’hui. Pour les investisseurs axés sur la valeur, un bon moment pour vendre est celui où le prix d’une action a atteint son estimation de juste valeur ou s’en approche.

Et (ce n’est pas un hasard) c’est exactement la manière dont fonctionne la Cote étoile de Morningstar pour les actions. Une action sous-évaluée reçoit 5 étoiles, une société évaluée à sa juste valeur 3 étoiles, et une société surévaluée 1 étoile.

Les investisseurs axés sur la valeur peuvent aussi utiliser des ratios d’évaluation comme les cours/bénéfices, les cours/ventes, etc. comme mesures destinées à déterminer si une action se négocie à un multiple raisonnable par rapport à d’autres actions de l’indice, d’un secteur spécifique ou d’une industrie. Dans ce cas, les investisseurs pourraient envisager de vendre une action si son multiple est beaucoup plus élevé que celui de sociétés comparables ou d’un univers plus vaste comme un indice.

2. Le placement axé sur la croissance : les investisseurs axés sur la croissance cherchent souvent des occasions présentant un potentiel de croissance rapide pour une société. Diamétralement opposé au placement axé sur la valeur, le placement axé sur la croissance n’a cure de la valeur actuelle d’une société, et préfère se concentrer sur la capacité qu’a une société de produire des bénéfices dans l’avenir.

De façon générale, le style de croissance a été le grand favori ces dix dernières années en raison de la poussée considérable qu’a connue le secteur technologique, où apparaissent souvent les actions de croissance. Ici, les investisseurs tendent à examiner la croissance historique des bénéfices d’une société, le sentiment exprimé par les estimations des analystes, et la rentabilité historique comme étalons de mesure pour évaluer si la trajectoire de croissance actuelle de la société en question continue de répondre aux attentes. Lorsque la croissance fondamentale ralentit, comme l’indiquera peut-être un rapport sur les bénéfices manquant ou une tendance à la baisse desdits bénéfices, les investisseurs axés sur la croissance pourraient envisager de se débarrasser d’une action de croissance.

3. Le placement axé sur l’élan et l’analyse technique : comme l’Église et l’État, le placement axé sur l’élan est diamétralement opposé au placement fondamental, qui met en jeu à la fois la croissance et la valeur. Ici, les investisseurs ont tendance à suivre les tendances qui dominent les cours, démarche qui se fonde sur la théorie selon laquelle le marché est efficient, et que toutes les informations se reflètent immédiatement dans le cours d’une action. Les investisseurs axés sur l’élan s’en remettent habituellement à des signaux du marché qui indiquent que le cours d’une action ne suit plus la tendance qui était précédemment la sienne. Par exemple, quand la moyenne sur 50 jours mobiles du cours d’une action chute au-dessous de sa moyenne sur 200 jours, les investisseurs axés sur l’élan pourront interpréter cela comme l’inversement d’une tendance, puisque les cours les plus récents sont plus bas que ce qu’ils étaient dans un passé plus lointain.

Il convient de noter que le placement axé sur l’élan n’est pas pour ceux qui ont le cœur fragile, qu’il requiert un suivi constant et habituellement des transactions actives au sein d’un portefeuille.

Mettez sur pied une stratégie

Quel que soit le style (ou la combinaison de styles) employé, la clé est ici de se donner les moyens d’investir avec une stratégie en tête. Il est souvent utile de déterminer si les conditions conduisant à l’achat d’une action dans le passé sont encore en vigueur aujourd’hui. Si ce n’est pas le cas, il faut vendre. Bien entendu, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire, mais persister à agir de cette manière dans le temps procurera certainement de meilleurs résultats que privilégier les sensations fortes. Utiliser des points de référence inscrits sur un tableur, un logiciel financier ou même avec un stylo et du papier est un outil utile pour s’assurer que l’on procède régulièrement à des comparaisons objectives.

La vie a tendance à s’interposer

Bien entendu, l’autre raison de liquider un placement est le changement des conditions de vie. Par exemple, s’il vous faut cet argent pour acheter une maison ou pour commencer à profiter de votre retraite, il faudra que vous vendiez. Il est important de penser aux changements futurs de vos conditions de vie, que ce soit dans un avenir proche ou dans plusieurs années, au moment de déterminer quelles actions acheter.

De façon inhérente, les actions s’assortissent d’un potentiel de croissance et de risque plus élevés que les obligations. Aligner votre répartition d’actifs (combinaison d’actions et d’obligations) sur votre profil de risque et sur le temps dont vous disposez pour investir est d’une importance vitale si vous voulez éviter de devoir liquider une position à perte, pour découvrir par la suite que vous ne pouvez pas atteindre vos objectifs financiers.