Il faut évaluer ses besoins financiers à court et à long terme, puis prendre la décision en fonction des objectifs fixés. (Photo: Toa Heftiba pour Unsplash)
C’est la période du boni annuel pour plusieurs employés québécois. À quelques jours de la fin de la période de cotisation pour les REER, il faut faire vite et optimiser la somme selon ses principaux objectifs de placements.
Février est traditionnellement le mois des évaluations annuelles pour bon nombre d’employés, et il est coutume que l’employeur propose de verser directement la somme du boni dans un REER. Est-ce une bonne décision?
Tout dépend de ses objectifs et de son horizon de placement, estime Alexandre Hunault, fiscaliste pour la Financière des professionnels. Il faut évaluer ses besoins financiers à court et à long terme, puis prendre la décision en fonction des objectifs fixés.
«Avec la forte inflation, on voit que le réflexe des gens est beaucoup de tenter de diminuer ses dettes, indique-t-il. Ce n’est pas un mauvais réflexe à avoir, mais ce n’est peut-être pas toujours optimal.»
Il donne en exemple une personne dont l’horizon de retraite est de dix ans, et qui doit économiser 10 000$ par année d’ici là. Il se pourrait que son objectif soit mis en péril s’il décide d’utiliser son boni pour baisser son montant d’hypothèque ou sa marge de crédit.
Il faut également se demander «En ai-je besoin rapidement?» Si la réponse est que vous devez payer les factures ou que vous avez prévu un voyage dans quelques mois, immobiliser les sommes pour une période à moyen ou long terme ne sera pas la meilleure chose à faire.
Quelques options
Alexandre Hunault avance quelques options pour tenter d’optimiser son boni.
REER
Le REER est habituellement le plus optimal pour le boni parce qu’il permet d’obtenir du rendement, dont l’imposition est reportée à la retraite et fort probablement à un taux d’imposition marginal moins élevé, tout en vous faisant bénéficier d’un remboursement d’impôt.
Il faut toutefois faire attention, prévient le fiscaliste. Si vous placez votre boni dans votre REER en janvier ou février 2023, mais prenez la déduction pour l’année fiscale 2022, vous pourriez avoir une petite surprise lors de votre déclaration de revenus l’an prochain.
«Le boni est calculé dans le revenu, rappelle Alexandre Hunault. Si on obtient un boni chaque année, on ne s’en rend probablement pas compte. Mais si ce n’est pas le cas, vous pourriez avoir une dette d’impôt à payer pour 2023.»
REEE
Si votre REER est maximisé, le Régime enregistré d’épargne-études s’avère un choix intéressant. Il procure un rendement supplémentaire à l’abri de l’impôt (si l’enfant visé par le REEE poursuit des études postsecondaires), en plus de permettre d’aller chercher des subventions et de sécuriser l’éducation de votre enfant.
CELI
Le compte d’épargne libre d’impôt n’offre pas de remboursement d’impôt, mais il met vos placements à l’abri du fisc. C’est l’endroit idéal pour se constituer un fonds d’urgence ou encore économiser pour des projets à plus court terme.
«C’est une option qui offre beaucoup de flexibilité à son détenteur», note Alexandre Hunault.
DETTES
Alternative peu populaire avant l’augmentation rapide des taux d’intérêt en 2022, rembourser ses dettes prend du galon depuis mars dernier. L’équation entre la baisse des rendements boursiers et la hausse des frais d’intérêt a dirigé beaucoup de gens vers cette solution d’utilisation de leur boni.
«L’économie sur la dépense d’intérêt est assez importante actuellement, souligne le fiscaliste. Si votre REER vous rapporte 6% et votre taux d’intérêt est de 4%, le REER est votre principal outil. Mais si votre marge de crédit a grimpé à 7% ou 9%, ça vaut la peine de la réduire.»
La seule dette à ne pas rembourser, rappelle-t-il, est votre dette étudiante. Les intérêts sont déductibles d’impôt.
DON
Il est également possible de faire un don avec l’argent de votre boni.
«Vous ne serez pas plus riche, mais vous viendrez en aide à un organisme qui en a besoin, et le coût du don sera à la baisse grâce à un crédit d’impôt.»
Le taux du crédit d’impôt est de 20% pour les premiers 200$ de dons. Pour la partie des dons qui dépasse 200$, le taux du crédit d’impôt est de 24% ou de 25,75%, selon le cas, indique Revenu Québec.