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Le ratio emprunts/capitaux propres, un indicateur d’endettement 

Simon Lord|Édition de la mi‑juin 2024

Le ratio emprunts/capitaux propres, un indicateur d’endettement 

Le ratio emprunts/capitaux propres peut être trompeur, notamment si une entreprise émet ou rachète des actions. (Photo: 123RF)

On compte plusieurs ratios pour évaluer l’endettement des sociétés. Le ratio emprunts/capitaux propres est l’un d’entre eux. Son calcul est assez simple, mais son interprétation peut constituer un défi à certains égards et demander davantage de recherches. Voici comment l’utiliser. 

«Le deux premiers ratios à regarder, au sujet de l’endettement, seraient ceux de la dette nette sur le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ainsi que le ratio de couverture des intérêts», explique Philippe Côté, vice-président et gestionnaire de portefeuille principal à Gestion de placements Eterna. 

C’est que le ratio emprunts/capitaux propres peut être trompeur à certains égards, notamment si une entreprise émet ou rachète des actions. 

Commençons par le calcul de base.  

Au plus simple, le ratio emprunts/capitaux propres s’obtient en divisant la somme de toutes les dettes à court et à long terme par la somme de tous les capitaux propres et des bénéfices non distribués. 

Ensuite, le calcul peut être ajusté pour tenir compte de certaines réalités. Les dettes à court terme, par exemple, sont parfois exclues du calcul pour refléter le fait que celles-ci ne sont souvent que des marges de crédit opérationnelles utilisées pour gérer les flux de trésorerie. Elles représentent donc un risque moindre que les dettes à long terme. 

Un niveau idéal? 

Comme tous les ratios, il importe d’analyser celui-ci dans le contexte spécifique de son industrie.  

Un bon ratio emprunts/capitaux propres peut être inférieur à 1 pour un détaillant bien établi, par exemple, alors qu’une entreprise comme une banque ou une société de placement immobilier sera capable de soutenir un ratio allant jusqu’à 2 ou 2,5. 

Plus le ratio se situe au-dessus de ces niveaux, plus une entreprise sera à risque, notamment en cas de récession ou de hausse des taux d’intérêt. 

«Il faut aussi réfléchir au niveau de maturité de l’entreprise. Si on parle de sociétés qui existent depuis des années, voire des décennies, elles ont des revenus réguliers, une certaine dominance sur leur marché, et peu d’investissements à réaliser», donne en exemple Rock Pelletier, gestionnaire de portefeuille à Valeurs mobilières Desjardins. Un endettement plus faible est donc attendu. 

À l’inverse, une jeune entreprise en pleine croissance doit réaliser beaucoup d’investissements pour croître. À ce moment-là, un endettement plus élevé est normal dans une certaine mesure. 

De façon générale, un ratio plus faible est un signe d’un endettement moindre. On peut donc considérer qu’il est préférable d’avoir un ratio plus bas que plus élevé. « Cela dit, note Rock Pelletier, un ratio très faible n’est peut-être pas nécessairement bon signe, car il signifie peut-être que l’entreprise laisse dormir beaucoup de liquidités dans ses coffres », dit-il. Cela peut se produire si une entreprise est mature et peine à trouver des projets d’investissements ayant un potentiel de générer davantage de revenus. 

«D’emblée, un ratio faible peut sembler merveilleux, dit Rock Pelletier. À ce moment-là, je me questionnerais à savoir si les gestionnaires de la société utilisent le mieux possible ses capitaux pour la faire croître.»  

Attention aux transactions en actions 

Avant de comparer le ratio d’une entreprise avec celui d’autres sociétés comparables, il peut être utile d’analyser l’évolution du ratio d’une entreprise dans le temps. Ici encore, toutefois, des pièges peuvent se dresser sur le chemin des analystes. L’un d’entre eux se rapporte aux transactions en actions.  

Une analyse historique de cet indicateur pour une entreprise donnée pourrait révéler, par exemple, que le capital des actionnaires a augmenté de façon significative à travers le temps. Pour bien interpréter le ratio, il faut cependant comprendre la raison de cette hausse. 

Elle pourrait s’expliquer, par exemple, par une émission d’actions réalisée pour régler en partie une ou plusieurs acquisitions. L’entreprise pourrait également avoir augmenté sa participation dans le capital-actions d’une autre société. Enfin, il se peut qu’elle ait manqué de liquidités et qu’elle ait dû, en conséquence, émettre de nouvelles actions — une nouvelle possiblement inquiétante si la hausse est trop marquée. 

À l’inverse, un rachat d’actions fera diminuer les capitaux propres, et donc augmenter le ratio.  

«Un dernier conseil de base serait de regarder d’autres ratios en parallèle et, plus spécifiquement, de calculer quelques ratios touchant aux flux de trésorerie», dit Rock Pelletier. Selon lui, l’endettement est moins inquiétant si une entreprise génère beaucoup de liquidités.