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Récession éventuelle: comment les jeunes Canadiens se préparent

La Presse Canadienne|Publié le 14 juin 2022

Récession éventuelle: comment les jeunes Canadiens se préparent

«On doit fermement évaluer si on peut réellement investir ou si on a simplement besoin d’économiser de l’argent en ce moment». (Photo: La Presse Canadienne)

Toronto — «Je mentirais si je disais qu’une récession imminente n’est pas inquiétante», affirme Braveen Kumar, qui travaille actuellement à la création de son entreprise indépendante. 

Dans un contexte de flambée de l’inflation où la Banque du Canada hausse les taux d’intérêt avec plus de dynamisme que dans ses cycles de resserrement antérieurs, les craintes d’une éventuelle récession grandissent. Un marché boursier en recul ajoute de l’huile sur le feu, puisque les baisses de marché ont tendance à se produire avant qu’une récession ne frappe. 

Braveen Kumar a récemment quitté son emploi dans le secteur de la technologie et même s’il a réussi à économiser l’équivalent de huit mois de frais de subsistance afin d’opérer son changement de carrière, il budgétise beaucoup plus diligemment maintenant, parce qu’il n’a pas de salaire régulier. 

Camille Horrocks-Denis est une étudiante en médias documentaires, et même si elle est soutenue par des prêts et des bourses provinciaux, qu’elle occupe deux emplois et vit avec son partenaire, le coût élevé de la vie à Toronto rend son quotidien plus difficile et elle se penche sur l’impact qu’une récession pourrait avoir sur quelqu’un comme elle. 

«Une chose est sûre, étant dans l’industrie des arts, il n’y a pas d’emploi garanti (dans mon domaine) qui m’attend après l’obtention de mon diplôme, donc une récession pourrait potentiellement m’affecter profondément», souligne-t-elle. 

L’économiste Katherine Judge, de la Banque CIBC, ne sonne pas encore l’alarme d’une récession, mais elle croit que si le Canada tombe dans une récession, ce pourrait être à la fin de 2022 ou dans la première moitié de 2023. Elle ne s’attend cependant pas à ce que la situation soit aussi grave qu’en 2008. 

«La récession de 2008 a été inhabituellement profonde, et si nous devions connaître une récession cette fois-ci, il y a de fortes probabilités qu’elle ne soit pas aussi grave, prévoit-elle. Nous nous attendons à ce que la Banque du Canada augmente (les taux) un peu moins que ce que le marché prévoit, évitant ainsi une récession pure et simple si la Réserve fédérale (américaine) est également prudente à l’idée d’exagérer les hausses.» 

Se considérer comme une entreprise 

Néanmoins, les experts en finances personnelles estiment qu’il est impératif de «se protéger de la récession» en ce moment. 

Pour les personnes dans la vingtaine et au début de la trentaine, la pandémie de COVID-19 a été le plus grand événement mondial auquel ils ont dû faire face en tant qu’adultes qui travaillent, et cela a forcé plusieurs d’entre eux à examiner leurs finances plus attentivement et même à réexaminer leur cheminement de carrière, les mettant en position de maintenir l’élan de leur croissance personnelle. 

Kelley Keehn, éducatrice en finances personnelles, pense que la «préparation à la récession» repose en grande partie sur la façon dont les jeunes adultes façonnent leur trajectoire de carrière.

Elle estime que les gens devraient se considérer comme une entreprise. 

«Si on considère toujours tout le monde comme un client, qu’on est toujours à la recherche d’occasions parce qu’on pense comme une entreprise, cela va être vraiment très utile», dit-elle.

Elle souligne également l’importance d’élargir ses compétences — par l’entremise de certifications, de cours, de livres et même en suivant des canaux de médias sociaux et des influenceurs fiables — afin qu’il devienne plus facile de se réaligner sur le marché du travail, si cela devient nécessaire. Continuer à réseauter est tout aussi important, sinon plus important, ajoute-t-elle. 

Ankit Mishra, un professionnel du marketing, se dit «assez préoccupé» par une éventuelle récession et se perfectionne en conséquence, apprenant le français et recherchant des industries qui pourraient être résilientes en cas de ralentissement économique. Dans son cas, il explore comment la technologie pourrait améliorer la vie dans les villes et se renseigne sur la durabilité dans l’industrie minière. 

Pour ce qui est d’épargner et de dépenser dans un contexte de forte inflation et d’inquiétudes de récession, Kelley Keehn croit qu’il est important d’examiner attentivement si certaines activités ou certains achats apporteront réellement de la valeur ou finiront par nuire au compte bancaire. Cela est particulièrement vrai à mesure que le monde rouvre et que les occasions de dépenses augmentent. 

Elle exhorte également les jeunes à évaluer soigneusement leurs capacités et leurs limites financières avant d’investir en Bourse, même pendant les périodes de hausse du marché que nous avons vues après la vente massive de mars 2020 et jusqu’en 2021 — une période qui a incité de nombreux jeunes à se lancer avec l’espoir d’engranger de gros gains. 

Elle évoque ses propres erreurs d’investissement, réalisées lorsqu’elle était beaucoup plus jeune, en particulier, alors qu’elle a mis de l’argent sur le marché avant qu’elle ne puisse vraiment gérer les implications, pour être forcée de le retirer lorsqu’il était à perte. 

«On doit fermement évaluer si on peut réellement investir ou si on a simplement besoin d’économiser de l’argent en ce moment», dit-elle.