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Pour pouvoir profiter au maximum de votre REER, il faut être en mesure d’ajuster avec une certaine précision vos revenus nets grâce à vos cotisations annuelles, ce qui permet ainsi de multiplier les déductions et de maximiser les crédits auxquels vous pourriez avoir droit.
Chose simple à calculer ? Pas du tout. Mais avec la saison des REER qui bat actuellement son plein, il est encore possible d’ajuster son revenu net ou son revenu familial net pour tenter d’aller chercher des montants supplémentaires.
« Le revenu familial net, c’est ce qui est utilisé pour calculer plusieurs crédits d’impôt et programmes sociaux et fiscaux, explique Pierre-Éric Lebel, planificateur financier à la Banque Nationale. Nous avons donc un certain pouvoir, une capacité d’appliquer certains changements dans nos revenus grâce à nos cotisations REER. »
Il faut garder à l’esprit que les gouvernements du Canada et du Québec favorisent les gens qui ont moins de revenus, ajoute pour sa part Thomas Gaudet, CPA et analyste financier à Altitude conseils financiers. Les contribuables ont donc intérêt à abaisser leurs revenus le plus possible, entre autres grâce à leurs cotisations REER.
Trois catégories
Thomas Gaudet et Pierre-Éric Lebel catégorisent les crédits les plus fréquents qu’une personne peut recevoir en trois grandes catégories : les crédits familiaux, les crédits sociaux et liés au travail ainsi que ceux liés au Supplément de revenu garanti et à l’allocation au conjoint.
Dans le cas des crédits familiaux (allocation canadienne pour enfants et allocation famille au Québec), les montants alloués sont régressifs. Ils changent donc au fur et à mesure que le revenu augmente. Chaque dollar de revenu en moins est ainsi important.
Par exemple, en se servant du calculateur de Retraite Québec, une famille où les deux conjoints gagnent ensemble 100 000 $ et ont quatre enfants recevrait 2501,22 $ chaque trimestre. Si les parents cotisent tous les deux 5000 $ en REER, le revenu familial s’élève plutôt à 90 000 $ et ils recevront 400 $ de plus par année.
Au fédéral, une fois passé le seuil minimal de 34 863 $ de revenu familial net ajusté, l’allocation sera amputée de son maximum d’un pourcentage qui correspond aux tranches de revenus supérieures au seuil minimum (une autre tranche démarre à 75 537 $).
« Si on cotise 5000 $ ou 10 000 $, l’avantage devient assez important, estime Thomas Gaudet. Surtout si on a plusieurs enfants. »
Approche de la retraite
De même, les personnes qui approchent de la retraite pourraient retirer des sommes supplémentaires intéressantes de la pension de la Sécurité de la vieillesse, du Supplément de revenu garanti ou encore de l’allocation au conjoint s’ils continuent de cotiser à leurs REER.
Tout d’abord, la pension de la Sécurité de la vieillesse est assujettie à de l’impôt de récupération, en tout ou en partie, si vos revenus dépassaient 86 912 $ en 2023. Il devient avantageux de faire baisser ses revenus si on peut atterrir sous cette barre.
« Une cotisation REER peut aussi donner accès au Supplément de revenu garanti si on passe sous le seuil maximal de revenus, note Pierre-Éric Lebel. On peut continuer à cotiser jusqu’à 71 ans. »
Les personnes en situation de handicap, les frais médicaux importants et les crédits pour les proches aidants sont eux aussi influencés par le revenu familial net, rappelle-t-il.
Trouver une comparaison
La meilleure façon de voir l’effet d’une cotisation REER est d’utiliser les courbes de Claude Laferrière, qu’on trouve sur le site du Centre québécois de formation en fiscalité (CQFF), estime Pierre-Éric Lebel.
« Il y a 42 situations familiales, il suffit de trouver la situation qui se rapproche le plus de la nôtre pour voir son effet », explique-t-il.
Il donne l’exemple d’une famille monoparentale qui a un revenu familial de 65 000 $, et qui compte deux enfants, dont un est dans une garderie subventionnée. Le taux effectif marginal d’imposition de la famille serait alors de 70,1 %.
« La restitution totale d’une cotisation REER de 5000 $ serait de 3505 $, donc un coût de moins de 1500$ pour avoir un 5000$ de plus dans mes REER », souligne-t-il.
À retenir
N’oubliez pas que la date limite pour cotiser à vos REER pour l’année fiscale 2023 est le 29 février au lieu du 1er mars comme à l’habitude (parce que 2024 est une année bissextile et a donc un jour de plus en février).