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Tracer le portrait de la dette avec le ratio d’endettement

Simon Lord|Édition de la mi‑octobre 2022

Tracer le portrait de la dette avec le ratio d’endettement

Francis Vinet, conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale (Photo: courtoisie)

INDICATIF CLAIR. Avec la remontée des taux d’intérêt, les investisseurs sont inquiets de l’endettement de certaines entreprises, qui pourrait devenir un problème au moment du refinancement. Pour évaluer la situation d’une entreprise en Bourse en ce qui concerne ses dettes, le ratio d’endettement est un bon point d’entrée. 

« Le ratio d’endettement, c’est un ratio Big Picture, très englobant, qui donne une vue à 14 000 pieds d’altitude de l’endettement d’une entreprise », explique Martin Gendron, gestionnaire de portefeuille chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD).

 

Comment le calculer?

On obtient cet indicateur en divisant la dette totale de l’entreprise par ses actifs totaux. La dette totale comprend toutes les dettes détenues par la société en question, y compris tous les prêts et dettes obligataires, alors que les actifs totaux comprennent l’ensemble des actifs, incluant les actifs incorporels.

Le ratio permet de déterminer dans quelle mesure une entreprise s’appuie sur la dette pour financer ses activités. Il est aussi un indicateur de la stabilité financière d’une entreprise. On l’utilise habituellement pour déterminer dans quelle mesure une entreprise s’appuie sur l’effet de levier pour se financer.

« Un ratio plus élevé indique un degré d’endettement plus élevé et donc un risque de solvabilité plus élevé », explique Martin Gendron. 

Si le ratio est supérieur à 1, cela indique que l’entreprise a plus de dettes que d’actifs. Elle pourrait alors présenter un risque plus élevé pour les investisseurs ou les prêteurs, surtout si la dette a un taux d’intérêt variable et que les taux d’intérêt augmentent. 

« Les prêteurs peuvent hésiter à prêter à des entreprises dont le ratio d’endettement est déjà élevé. S’ils le font, ce serait probablement à un taux d’intérêt plus élevé que celui qu’ils factureraient aux entreprises dont le ratio d’endettement est faible », rappelle Martin Gendron. Ce qui tombe sous le sens, puisque prêter à une entreprise plus endettée suggère un plus grand risque de recouvrer le prêt si l’entreprise devenait insolvable.

 

Seulement un point de départ

L’analyse du ratio d’endettement n’est toutefois qu’un point de départ, insiste Martin Gendron. Pour comprendre si l’endettement d’une entreprise est problématique ou non, il faut remettre le ratio dans son contexte.

« On peut le calculer pour plusieurs années afin de vérifier si le risque global d’une entreprise s’améliore ou s’aggrave, dit le gestionnaire de portefeuille. On peut aussi le comparer avec des concurrents du même secteur. »

Ce dernier point est crucial. Les entreprises des industries à forte intensité de capital, telles que les services à la collectivité, le transport aérien et les télécommunications doivent investir considérablement dans les infrastructures et les équipements pour opérer. Par conséquent, un taux d’endettement élevé peut être normal et même nécessaire à la croissance.

Dans d’autres industries, comme celles des services, des grossistes ou de la technologie, les entreprises ont souvent des ratios d’endettement plus faibles puisqu’elles ont tendance à ne pas avoir beaucoup d’actifs à exploiter. 

 

Des ratios connexes

Quels ratios calculer pour compléter le portrait? 

Le ratio de liquidité relative, un indicateur de liquidité à court terme, peut être intéressant: il donne une idée plus précise de la capacité d’une entreprise à faire face aux exigences immédiates de ses créanciers. Le ratio de liquidité générale, qui évalue la capacité d’une entreprise à payer ses factures à échéance, en est un autre.

Bonifier ainsi son analyse permet de s’assurer d’éviter les angles morts du seul ratio d’endettement, explique Francis Vinet, conseiller en gestion de patrimoine et gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale.

« Une entreprise peut avoir peu de dettes, mais malgré tout ne pas être en mesure de les payer si sa rentabilité et ses flux de trésorerie sont nuls ou faibles. Et vice-versa. Il faut donc faire attention. »

La compagnie pharmaceutique AbbVie (139,44$US), par exemple, a un ratio de 0,9, illustre Francis Vinet. Sa santé financière est toutefois excellente, avec un titre qui croît depuis 2019. Idem pour IBM (IBM, 127,50$US). « Avec un ratio de 0,85, la société reste néanmoins en bonne santé financière, car sa rentabilité est élevée, son multiple cours-bénéfice est intéressant et son industrie est en croissance », dit-il.

Mais avec les taux d’intérêt qui augmentent en parallèle avec les risques d’une récession, jeter un coup d’œil au ratio d’endettement pourrait devenir un réflexe pour les investisseurs qui s’intéressent au domaine des technologies. Car toutes les sociétés ne sont pas IBM.

« Il y a plusieurs entreprises de technologie qui ne sont pas rentables, dit Francis Vinet. Ça devient important, dans ces cas-là, de regarder si elles sont endettées, parce que si c’est le cas, elles pourraient se retrouver dans une situation problématique advenant un choc. »