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Votre plan de retraite est-il modifié par votre progéniture?

Charles Poulin|Édition de la mi‑juin 2024

Votre plan de retraite est-il modifié par votre progéniture?

Pas moins de 21% des grands-parents aident actuellement leurs enfants adultes, et 30% ont donné de l’argent à leurs petits-enfants pour les soutenir.

IL ÉTAIT UNE FOIS… VOS FINANCES, la rubrique où ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’argent… ou presque!


Vos plans de retraite sont-ils modifiés parce que vous devez apporter de l’aide à votre progéniture? Rassurez-vous, vous n’êtes pas seuls.

Le récent « Sondage RBC sur les finances familiales 2024 – Édition grands-parents » de la Banque Royale du Canada indique que 21% des grands-parents de 55 ans et plus qui ont répondu au sondage aident actuellement leurs enfants adultes, et 30% ont donné de l’argent à leurs petits-enfants pour les soutenir.

« Ce sont là de forts pourcentages, admet le directeur du centre d’expertise financière de la RBC, Craig Bannon. Il n’est pas inhabituel pour des grands-parents de fournir un certain support financier aux membres plus jeunes de leur famille, mais la principale différence aujourd’hui est qu’ils payent pour des choses nécessaires comme la nourriture ou des vêtements plutôt que des produits de luxe. »

Plus petit train de vie

Où trouvent-ils cet argent?

Dans la majorité des cas (54%), ils pigent dans leurs épargnes. Malheureusement, ils ne connaissent pas tous les incidences que ce drain pourrait avoir sur leur retraite.

Si 52% ont dû procéder à des changements importants à leurs habitudes de vie pour soutenir leurs enfants et petits-enfants ou devront le faire pour continuer à les aider, seulement 37% admettent connaître l’ampleur du soutien qu’ils peuvent donner et un maigre 20% avouent avoir pensé aux répercussions sur leur plan de retraite.

« Il peut s’agir là d’un fardeau financier imprévu dans le budget des grands-parents, mentionne pour sa part Brigitte Felx, planificatrice financière à la RBC. Plus la retraite approche, plus de pareils coûts inattendus ont une incidence sur l’épargne-retraite de ces derniers. »

Sans compter que 43% affirment ignorer combien d’argent ils ont versé à leur enfant adulte ou à leur petits-enfants (34%).

« Si vous payez les dépenses essentielles des plus jeunes membres de votre famille en fonction des besoins, il peut s’avérer difficile de comptabiliser tous les montants versés et de connaître leur effet sur vos liquidités et votre épargne », explique-t-elle.

Obligation

Ils sont également 33% à avoir peur de manquer d’argent pour payer leurs propres dépenses. Pourquoi alors pigent-ils dans leurs économies?

Le sondage révèle que ces personnes se sentent « obligées » de soutenir leur progéniture, un peu comme si Tanguy avait déménagé, mais recevait toujours une allocation.

Pas moins de 70% ont déclaré que leurs enfants adultes s’attendent à recevoir de l’aide pour payer les dépenses nécessaires, comme la nourriture et les vêtements, et la majorité (54%) assurent un tel soutien au moins une fois par mois.

Du côté des petits-enfants, les dépenses liées aux études (39%) devancent le soutien destiné aux frais de subsistance (30%).

« Ces dépenses supplémentaires peuvent poser un risque immédiat pour ceux qui ont déjà pris leur retraite et qui vivent avec un revenu fixe », avance Brigitte Felx.

Alternatives pour leurs placements

Les personnes qui puisent dans leurs économies pour la retraite devront sans doute trouver une alternative pour remplacer l’argent retiré et les rendements perdus pour ne pas être obligées de modifier leur planification de retraite, observe Craig Bannon. Mais il n’y a pas de solution magique.

« Les grands-parents qui ne sont pas encore arrivés à la retraite pourraient concevoir retarder le moment de leur retraite, ce qui leur permettrait d’ajouter des années de revenus, explique-t-il. Ceux qui sont déjà à la retraite pourraient quant à eux décider de retourner sur le marché du travail. »

Sinon, suggère-t-il, ces gens pourraient regarder vers d’autres actifs pour obtenir des fonds. Il mentionne qu’il est possible de vendre sa maison pour déménager dans plus petit.

Il semble toutefois difficile de concevoir que cette solution soit réellement bénéfique présentement, car il est plutôt compliqué de trouver une propriété moins chère dans un marché où la pénurie d’offre diminue les choix et force les prix à la hausse. Les deux dernières baisses du taux d’intérêt risquent également de relancer le marché immobilier, ajoutant une pression supplémentaire sur les prix.

Il remarque également que les personnes dans la cinquantaine et la soixantaine peuvent toujours contribuer à leur REER et ainsi continuer à ajouter des fonds pour leur retraite tout en bénéficiant d’une réduction d’impôt. Il rappelle par contre que dès 71 ans, les REER doivent être convertis en FERR et ne peuvent alors plus contribuer à leur REER.