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Retraite: plus loin et plus chère

Charles Poulin|Publié le 14 février 2022

Retraite: plus loin et plus chère

«La recette est toujours la même, souligne Émilie Alary. Il faut commencer de bonne heure et s’y intéresser.»(Photo: 123RF)

La ligne d’arrivée de la retraite s’éloigne et devient de plus en plus chère pour les épargnants. La dernière mise à jour effectuée par la firme Aon révèle que le montant à épargner pour la retraite s’élève à 1,4 M$, soit 100 000 de plus qu’il y a deux ans, et que les besoins croissants de la population rendront cet objectif difficile à atteindre à l’âge de 65 ans.

Le montant de 1,4 M$ représente la «retraite confortable» pour un employé canadien moyen âgé de 45 ans en 2021 et qui gagne 60 000$ par an, explique la conseillère principale, Solutions pour le patrimoine chez Aon, Émilie Alary. Il suppose que cette personne a contribué à son régime de retraite à la hauteur de 5% et que son patron cotise le même pourcentage, ou encore que la personne verse 10% de son salaire en RÉER chaque année depuis l’âge de 25 ans.

La somme de 1,4 M$ inclut tous les actifs, notamment l’immobilier, ainsi que les économies (RÉER, CELI, etc.) et les sommes versées dans des régimes de retraite.

Aon définit la suffisance du revenu de retraite comme «le fait d’avoir le même revenu disponible après la retraite qu’avant, en tenant compte des changements dans l’épargne, les impôts, les frais médicaux, etc.» Il compare l’accumulation anticipée de l’épargne-retraite à l’accumulation cible nécessaire pour maintenir le niveau de vie d’un employé après sa retraite.

La principale cause du besoin d’économiser plus pour la retraite se situe dans la diminution des attentes face aux rendements futurs des obligations. Cette situation forcera les travailleurs à combler l’écart en accumulant davantage de fonds pour maintenir un rythme de vie équivalent à celui qui prévalait avant la retraite.

«C’est un chiffre qui frappe l’imaginaire, concède Émilie Alary. Il ne faut pas oublier que plus une personne gagne cher, plus elle devra augmenter le montant total à accumuler parce qu’elle touchera moins de prestations du Régime pensions du Canada (RPC) et de la Régie des rentes (RRQ) proportionnellement à ses revenus.»

Alternatives

Quatre alternatives s’offrent aux épargnants pour combler l’écart entre leurs économies réelles et l’objectif à atteindre. Ils peuvent réduire la prévision de leurs dépenses une fois la retraite arrivée, retarder leur retraite, cotiser davantage à leur régime de retraite ou à leurs économies ou encore modifier leur stratégie d’investissement.

Pour combler le manque à gagner de la différence de 100 000$ entre 2019 et 2021, Aon a analysé les trois premières solutions. Ainsi, pour une personne de 45 ans qui a un revenu de 60 000$, il faudrait soit repousser l’âge du départ à 71 ans (une année de plus qu’en 2019), soit réduire ses dépenses de 30% à la retraite ou encore hausser ses cotisations de 8% et retarder sa retraite de quatre ans.

Pour une personne de 60 ans qui a des revenus de 40 000$, soit sa retraite devra attendre à 69 ans, soit elle devra réduire ses dépenses de 20% ou encore augmenter ses cotisations de 8% et retarder la retraite de trois ans.

«La recette est toujours la même, souligne Émilie Alary. Il faut commencer de bonne heure et s’y intéresser. Parce que même si on ne s’occupe pas de sa retraite, il s’agit d’un problème qui va demeurer présent.»

Conscients du problème

Si on se fie au plus récent sondage de BMO Groupe financier sur la retraite, les Canadiens sont conscients de l’ampleur du montant qu’ils doivent amasser en vue de la retraite.

Les répondants ont fait croître l’estimation du montant nécessaire à la retraite de 12% entre 2020 et 2021 pour s’arrêter à un montant moyen de 1,6 M$.

Par contre, peu d’entre eux sont sûrs d’arriver au but fixé. Ils sont 44% (43% au Québec) à penser qu’ils auront suffisamment d’argent de côté pour vivre la retraite prévue.

Le sondage de BMO sur la retraite a été effectué en ligne par Pollara Strategic Insights auprès de 1500 Canadiens adultes entre le 26 et le 29 octobre 2021. Un échantillon probabiliste de cette taille entraîne une marge d’erreur de plus ou moins 2,5 pour cent, 19 fois sur 20.