Secteur financier: tirer parti du redressement attendu
Karl Rettino-Parazelli|Édition de la mi‑octobre 2024(Illustration: Levente Szabo, Colagene, Clinique Créative)
Moins de provisions pour pertes afin de couvrir les mauvaises créances et un potentiel pas encore pleinement reflété dans la valeur des actions sont de bonnes raisons d’entrevoir de belles choses pour les banques au cours des prochains mois.
« Les banques canadiennes, en moyenne, se négocient encore dans le bas de leur évaluation historique, affirme Philippe Côté, vice-président et gestionnaire principal de portefeuille à Gestion de placements Eterna. Les banques, de façon générale, vont bien faire. Elles ont été en décalage par rapport au marché dans les dernières années. »
« Au Canada, je pense que les évaluations des banques sont un peu élevées par rapport à la situation économique », juge pour sa part Pierre-Benoît Gauthier, vice-président à la stratégie de placement à IG Gestion de patrimoine.
Quoi qu’il en soit, les banques canadiennes ne forment plus un « bloc monolithique » comme ce fut longtemps le cas, remarque-t-il. Certaines institutions financières, comme la Banque Nationale (NA, 128,05 $), ont récemment dévoilé d’excellents résultats trimestriels (plus de 1 milliard de dollars de profits au troisième trimestre), tandis que d’autres, comme la Banque Scotia (BNS, 72,01 $) et la Banque de Montréal (BMO, 120,41 $), n’ont pas épaté les analystes. « Dans ce contexte, ça peut être bon de diversifier son portefeuille en détenant plusieurs titres du même secteur », fait remarquer Pierre-
Benoît Gauthier.
Penchant américain
Selon le spécialiste d’IG Gestion de patrimoine, les banques américaines sont plus intéressantes que leurs homologues canadiennes parce que l’économie américaine est en meilleure posture et que le potentiel de croissance est selon lui plus grand aux États-Unis. Il évoque notamment les introductions en Bourse, qui pourraient continuer à se multiplier, après un début d’année encourageant.
Selon EY, 82 entrées en Bourse ont eu lieu sur le marché américain au cours de la première moitié de l’année, soit davantage que lors des six premiers mois de 2023 (63) et presque autant que pendant toute l’année 2022 (90). On est toutefois loin des 416 introductions en Bourse officialisées en 2021. « Plus il y a de sociétés qui entrent en Bourse, plus c’est payant pour les financières américaines », souligne Pierre-Benoît Gauthier.
Il ajoute que l’élection de Donald Trump le 5 novembre prochain pourrait représenter une bonne nouvelle pour le secteur, si le candidat républicain décide d’alléger le fardeau fiscal des entreprises.
Le choix de l’expert
Equitable Bank (EQB, 103,35 $)
Dans l’ombre des grandes banques canadiennes, la banque virtuelle Equitable Bank (EQB, 102,20 $) charme le gestionnaire de portefeuille Philippe Côté par sa structure de coûts légère (elle n’a pas de succursale physique) et ses perspectives de croissance. « C’est un modèle assez unique au Canada,
affirme le gestionnaire de portefeuille de Gestion de placements Eterna. C’est une belle société à détenir à long terme, peu importe les résultats à court terme. »
Le titre d’Equitable Bank a enregistré une impressionnante croissance de 92 % au cours des cinq dernières années, et ce n’est pas terminé, estime-t-il. L’entreprise s’est fait connaître au Québec avec le lancement, en décembre 2022, de sa plateforme numérique Banque EQ, qui offre notamment un compte courant pouvant rapporter jusqu’à 4 % d’intérêts.