(Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Mon premier employeur à la sortie de l’université avait adopté un cycle de paie mensuel. Nous recevions notre cycle de paie le 25 du mois si je me souviens bien. C’était long, très long. Les premiers mois étaient plutôt pénibles. C’est en gérant mes cartes de crédit et avec l’aide de mes parents que j’ai traversé ma première année de travail.
Depuis, je reçois ma paie à toutes les deux semaines.
Pour moi, c’était un fait établi que l’on peut être payé à la semaine, aux deux semaines, deux fois par mois, ou mensuellement. Un peu comme l’obligation de sortir de chez moi pour aller travailler.
Et je n’étais pas le seul à voir les cycles de paie comme une vérité immuable. La preuve en est qu’en 2022, 95,5% des salariés américains recevaient leur paie de façon hebdomadaire, aux deux-semaines, ou à date fixe bimensuelle, alors 4,4% étaient payés sur une base mensuelle.
Rares sont les entreprises où la paie est considérée comme un élément différenciateur pour la marque employeur et rares sont les employés qui remettent la période de paie en question. À l’exception de quelques personnes qui demandent une avance à l’occasion, la grande majorité d’entre nous attend patiemment le jour de la paie.
Dans toutes les organisations, la période de paie est déterminée par la direction, souvent en fonction de la gestion de la trésorerie, du calcul des taxes et de l’offre des compagnies de gestion de paie. Le besoin des employés n’est que très rarement considéré.
Or, un courant gagne en popularité, celui de la «paie à la demande». Comme son nom l’indique, ce concept permet aux employés d’accéder à une partie ou à la totalité de leur salaire gagné, mais non encore payé avant la date de paie habituelle.
Plusieurs modèles existent, mais celui qui est le plus répandu est l’utilisation d’un intermédiaire qui met à la disposition des employés une carte de crédit prépayée.
Céridian offre toutefois un nouveau modèle pour les employés des entreprises pour qui elle fait le traitement de la paie, Dayforce Wallet, qui permet aux entreprises d’offrir à leurs employés un paiement, à la demande, sans frais supplémentaires de part et d’autre.
Cette solution a été lancée après un sondage en ligne auprès de 3 014 Canadiens mené pour Ceridian, selon lequel un tiers des Canadiens à différents niveaux de revenu – y compris ceux qui gagnent plus de 100 000 $ – manquent d’argent entre les périodes de paie.
En développant un partenariat avec Mastercard, Céridian se finance à partir des frais de service que payent les commerçants quand la carte est utilisée. Il n’y a donc pas d’impact sur la trésorerie des entreprises et pas d’impact sur la rémunération des employés.
Certains d’entre vous me diront que ce n’est pas nouveau et que ça existe depuis une bonne dizaine d’années. À cela, je répondrai que c’est vrai, mais que les solutions offertes sont désormais plus simples à utiliser pour les organisations et qu’elles permettent de mieux prendre en considération les règles de paie et législatives géographiques. D’autres diront que ça n’encourage pas une bonne gestion des finances personnelles, que ça ne sert à rien, ou encore que c’est un caprice.
La réalité est toutefois que dans nos organisations, nous avons des travailleurs nomades, des travailleurs temporaires, des jeunes, des stagiaires, des professionnels, des personnes qui vivent en couple avec ou sans enfants, des parents monoparentaux, des personnes semi-retraitées, et j’en passe.
Bref, nous avons une quantité beaucoup plus grande qu’on pense de cas de figure qui ont des besoins différents, au même titre que nos clients.
La paie à la demande nous rappelle ceci :
– Il n’y a désormais plus de certitude quant au mode de fonctionnement de nos organisations. Et la technologie nous permet de mieux s’adapter à de nouveaux modes.
– En acceptant que TOUT peut désormais être remis en question, la transformation numérique se doit d’être dessinée à partir de l’expérience que l’on veut faire vivre à nos différentes parties prenantes.
Et finalement, l’expérience employée sera un élément de plus en plus important de la transformation numérique des entreprises. Les innovations dans nos modèles d’affaires ont largement été orientées vers le consommateur final pendant les dernières années. Maintenant, la pénurie de main-d’œuvre, les changements démographiques et les courants sociétaux nous amènent, en tant que dirigeants.es d’entreprise, à repenser la façon même dont fonctionnent nos organisations.