Harcèlement au travail: la CNESST lance une campagne de sensibilisation
La Presse Canadienne|Mis à jour le 16 septembre 2024Le ministre du Travail du Québec, Jean Boulet (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le nombre de plaintes pour harcèlement psychologique ou sexuel en milieu de travail augmente: au 30 août, pas moins de 4182 dossiers ont été traités par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST), par rapport à 4577 pour toute l’année 2023 et 3934 en 2022.
Pire encore, le nombre de lésions reconnues attribuables au harcèlement psychologique ou sexuel a pratiquement doublé entre 2022 et 2023, passant de 221 à 436.
L’organisme a lancé lundi une campagne publicitaire au coût de 365 000$ pour aider les employeurs et employés à repérer les conduites abusives, humiliantes et blessantes.
L’annonce a été faite lundi à la CNESST à Québec par le ministre du Travail, Jean Boulet.
En 2023, pas moins de 190 millions de dollars (M$) ont été versés en indemnités de remplacement de revenus pour des lésions professionnelles attribuables à la violence, au stress et au harcèlement au travail.
Ce sont des cas où le harcèlement contraint la personne à s’absenter et la personne formule donc une réclamation. Ce sont ces cas de lésions qui ont pratiquement doublé, passant de 221 à 436 entre 2022 et 2023.
La facture pourrait bien monter dans les prochaines années, selon M. Boulet.
«Ce n’est pas ce que nous souhaitons, mais on peut l’anticiper ou l’appréhender, à mon avis, il faut l’anticiper. Et il faut que la culture de signalement ou la culture de dénonciation imprègne tous les milieux de travail.»
La nouvelle présidente de la CNESST, Anouk Gagné, a tout de même précisé que l’objectif demeure à long terme de réduire le nombre de cas de harcèlement par une culture de la prévention.
La hausse des plaintes et des lésions reconnues signifie-t-elle que les milieux de travail deviennent plus toxiques au Québec?
Non, a répondu le ministre. C’est plutôt parce que les travailleurs sont plus au courant, a-t-il justifié.
«Les campagnes de sensibilisation, l’information, la formation, les interventions permettent de sortir la tête et de le dire», a-t-il expliqué.
Pour toutes les plaintes formulées en vertu de la Loi sur les normes du travail, la personne demande alors une mesure de réparations, réaffectation, thérapie, etc.
Ce ne sont pas toutes les plaintes qui aboutissent devant le Tribunal administratif du travail ou qui donnent lieu au versement d’indemnités.
Si une plainte est déposée en vertu de la Loi sur les normes de travail, la CNESST intervient avec un processus de médiation. En cas d’échec de la médiation, la CNESST va enquêter pour déterminer s’il y a harcèlement et s’il y a matière à poursuivre.
Sur les 4577 dossiers traités l’an dernier, 90% ont ainsi pu être réglés à cette étape.
Et par la suite, 90 % des dossiers transférés au Tribunal administratif du travail se sont réglés avant d’être auditionnés, a ajouté le ministre.
Seuls 0,7 % des dossiers sont entendus devant le Tribunal et font l’objet d’une décision.
La CNESST n’était pas en mesure de dire si certains milieux de travail ou secteurs économiques étaient davantage gangrénés par le harcèlement.
Le harcèlement peut se traduire par toutes sortes de comportements, que ce soit des remarques déplacées, des allusions sexuelles, ignorer l’autre personne, le dénigrement, etc.
Par Patrice Bergeron