(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Depuis l’avènement du téléphone cellulaire muni d’un appareil photo, des plateformes sociales, ainsi que la démocratisation de l’accès à internet, certains codes de notre société ont été redéfinis.
Parfois pour le mieux, trop souvent pour le pire, cette nouvelle réalité a drastiquement bouleversé notre quotidien et nos habitudes. Prendre une photo de son plat au restaurant, un « selfie » en bord de mer ou partager les meilleures photos de notre dernière escapade en amoureux au monde entier sont aujourd’hui aussi normal que d’inviter ses amis ou sa famille à venir voir les polaroids de son voyage au Mexique en 1982. À chaque époque sa réalité.
Cette instantanéité du moment, cette quasi-obligation de création de contenu exerce une immense pression pour des millions d’internautes, qui, tous les matins, se lèvent et se demandent bien ce qu’ils se sentiront obligés de publier sur Facebook, Instagram, Tik Tok et tous les autres…
En tant qu’entrepreneur ayant vécu l’avant et l’après, il m’est impossible de ne pas reconnaître l’immense pouvoir des réseaux sociaux et surtout l’incidence que ceux-ci ont eue notamment sur le monde des affaires. Mais attention, avec ce nouveau pouvoir vient une réalité, un coût et surtout de nouvelles responsabilités.
En effet, qui aurait cru devoir engager il y a à peine une dizaine d’années dans son équipe un gestionnaire de communauté, un photographe ou un modérateur uniquement afin de nourrir ses plateformes sociales. Quelle entreprise prévoyait dans ses budgets des investissements publicitaires sur Twitter ou Snapchat?
Il fut un temps où la presse écrite dominait l’opinion publique, où, pour convaincre et influencer, il fallait avoir des opinions, savoir écrire et surtout, avoir des idées. Puis, avec la radio et ensuite la télévision, de nouveaux talents sont devenus nécessaires. Jouer la comédie, avoir une éloquence, une prestance naturelle ou le « look » du moment. Aujourd’hui, l’opinion publique est dominée par l’image.
Vous comprendrez que je ne fais pas ici référence aux puissants clichés historiques, mais plutôt aux millions de photos qui inondent, chaque heure le web, misant sur la « réalité » du moment. Le contenu, pour la plupart, peut aller se recoucher, l’esthétisme et la mise en scène ont remplacé le vrai, le paraître a remplacé l’être.
À force de parler de monde virtuel, de réalité augmentée et d’intelligence artificielle, je me demande si une bonne partie de la société n’a pas choisi, elle aussi, de vivre dans un monde parallèle.
Tout comme l’écrit ou la parole, l’image a le défaut de ses qualités. Bien qu’un simple cliché puisse marquer l’histoire d’un peuple, donner des frissons et inspirer des générations, il peut aussi avoir été savamment orchestré afin de mentir, fausser, manipuler.
Force est de constater que l’histoire ne fait que se répéter en suivant les goûts du jour. L’image est aujourd’hui le principal moyen de communication, c’est donc par celle-ci que beaucoup s’informent, s’éduquent et basent leurs croyances. Pour toutes ces raisons et bien plus, il est donc extrêmement important de toujours garder un regard critique face à ce que l’on voit, ou plutôt face à ce que l’on veut nous faire voir. On ne voudrait pas être celui ou celle qui tombe dans le piège de l’image !