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Cette PME montréalaise a trouvé 10M$US sur LinkedIn

Katia Tobar|Mis à jour le 31 juillet 2024

Cette PME montréalaise a trouvé 10M$US sur LinkedIn

Jake Karls est passé de 100 abonnés sur Instagram en 2018 à 24 500 aujourd’hui. (Photo: courtoisie)

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ALGORITHMES. Dix millions de dollars américains… C’est le montant que l’entreprise montréalaise de barres chocolatées véganes Mid-Day Squares est allée chercher sur LinkedIn, en attirant l’attention d’investisseurs américains.

«C’est fou, complètement fou LinkedIn. C’est une mine d’or pour aller chercher du financement», affirme Jake Karls, 30 ans, cofondateur de la compagnie et entrepreneur-influenceur.

Mid-Day Squares a été créée en 2018 par Jake, sa sœur, Lezlie Karls Saltarelli et son beau-frère, Nick Saltarelli. Elle s’est démarquée au Canada et aux États-Unis dans le marché des collations chocolatées grâce à une stratégie de marketing d’influence innovante pour l’époque: raconter la création de l’entreprise, ses défis, ses rondes de financement, ses batailles légales dans des vidéos diffusées sur TikTok, Instagram et Facebook.

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Jake Karls est ainsi passé de 100 abonnés sur Instagram en 2018 à 24 500 aujourd’hui.

«En 2018, j’ai dit à mes partenaires: si on veut que notre produit soit au top, on doit faire les choses différemment, raconte-t-il. On ne peut pas juste avoir un produit vraiment bon. On doit faire un reality show, on doit devenir des personnalités comme à Hollywood, comme les Kardashian. Les consommateurs doivent devenir des fans et ils vont chercher nos produits au milieu de 40 000 autres produits.»

Dans la dernière année, les vidéos produites — filmées avec des iPhone — ont atteint 50 millions de vues organiques et 100 millions de vues commanditées. Quant à l’équipe de marketing, si elle ne compte que deux personnes (un vidéaste-éditeur et un créateur de contenus), elle bénéficie d’un investissement d’un peu moins d’un million de dollars par année dans les publications, la scénarisation et les contrats avec des influenceurs au Canada et aux États-Unis, explique Jake Karls.

Influenceur sur LinkedIn

Mais depuis deux ans, c’est sur LinkedIn que Jake met ses énergies.

«J’ai réalisé que sur ce réseau social, quand on publie des choses personnelles, qui ont un lien avec la business, il y a des bonnes chances que ça devienne viral», souligne-t-il.

Ainsi, une de ses publications du mois de juillet, sur sa lune de miel dans le sud de la France, a été vue plus de 50 000 fois. Au total, ses publications personnelles ont atteint 6,5 millions de vues organiques, jusqu’à attirer l’attention d’investisseurs.

«Sur LinkedIn, on crée des fans dans le gouvernement, dans les médias, dans les banques, et c’est plus facile ensuite d’aller chercher du financement. Les investisseurs, ils connaissent notre histoire, les acteurs derrière. Ils connectent avec l’entreprise, et avec nous. C’est une relation d’humain à humain qui se crée.»

C’est ainsi que Siddhi Capital, société de capital de risques américaine spécialisée dans l’alimentation et les boissons, a découvert l’histoire de Mid-Day Squares et est entrée en relation avec Jake sur le réseau social, avant d’investir dix millions de dollars américains dans la compagnie.

«C’est très difficile d’aller chercher des capitaux de croissance. Si on doit attirer l’attention des consommateurs pour vendre, il faut aussi attirer l’attention des investisseurs pour croître. Aujourd’hui, quand j’ai un meeting avec une banque ou un possible investisseur, c’est grâce à LinkedIn. Quand je fais des publications, je vois qui regardent mes posts et je peux ensuite les contacter», insiste l’entrepreneur.

Mid-Day Squares
Mid-Day Squares a été créée en 2018 par Jake, sa sœur, Lezlie Karls Saltarelli et son beau-frère, Nick Saltarelli. (Photo: courtoisie)

La transparence, l’authenticité dont les cofondateurs de l’entreprise font preuve sur les réseaux, permet de construire une relation de confiance avec les investisseurs. Jake Karls a même été jusqu’à raconter son burn-out l’année dernière, parler de ses problèmes d’anxiété, et de ses 30 jours d’arrêt maladie.

«J’étais perdu, je devais prendre soin de moi, confie-t-il. J’ai partagé mon histoire, car cela avait une influence sur la compagnie.»

Il poursuit : «Les entrepreneurs autour de moi ont peur du jugement corporatif, mais ils ne devraient pas. C’est du marketing gratuit, c’est gratuit de raconter ton histoire. Et les gens veulent connaître l’histoire des personnes derrière les produits, pas l’histoire des produits. Toute nouvelle entreprise doit faire ça».

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Influenceur, une histoire de résilience

Jake Karls crée sa première entreprise, Chase and Hunter, une marque de vêtements, en 2015.

«Avec cette première expérience, j’ai réalisé que j’étais bon pour communiquer, mais un mauvais manager», raconte-t-il. Le jeune homme réalise que sa principale force est d’établir des relations avec les consommateurs, les investisseurs, les médias.

«Quand je jouais au hockey, j’étais le gars inspirant pour l’équipe. À l’université, j’avais des mauvaises notes, mais j’organisais des partys, j’étais la fun person

Jake a longtemps vécu avec un sentiment d’échec, avant de réaliser que son super pouvoir était de rassembler les gens, et sa force, le storytelling.

«J’ai essayé de m’améliorer sur mes faiblesses. Mais quand j’ai réalisé que j’étais un créatif, je me suis senti libéré. Pour la première fois, j’étais moi, je suis fier d’être la personne que je suis. J’ai compris que j’avais un super pouvoir, je peux construire une marque. Je me suis promis que je vais faire ça pour toute ma vie. Ça a été ma grande leçon de ma vingtaine», dit celui qui a été nommé en 2023 parmi les 30 entrepreneurs de moins de 30 ans qui redéfinissent la façon de manger, boire et de consommer, par le magazine Forbes.

Et demain?

Pour la dernière année fiscale, l’entreprise affiche des revenus de 20 millions de dollars. Elle vise entre 30 et 35 millions de dollars pour l’année en cours. Son objectif : atteindre 100 millions de dollars de revenus en 2026. Et là, «on va faire une docusérie», avec tous les plans filmés depuis la création de l’entreprise, se réjouit d’avance Jake Karls.