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Nicolas Duvernois

Chronique d'un entrepreneur

Nicolas Duvernois

Expert(e) invité(e)

La mort de la carte d’affaires

Nicolas Duvernois|Mis à jour le 11 avril 2024

La mort de la carte d’affaires

«Plusieurs startups ont essayé de la réinventer, en y ajoutant un code QR, une micropuce, en la rendant biodégradable, etc. Mais, malgré tous ces efforts, il faut bel et bien accepter sa disparition.» (Photo: Howard Bouchevereau pour Unsplash)

EXPERT INVITÉ. L’ancêtre de la carte d’affaires aurait vu le jour au XVe siècle en Chine. On la nommait alors «carte de visite», car elle était utilisée pour annoncer la visite d’un notable. Elle serait ensuite apparue en Europe au XVIIe siècle, où elle était pour les aristocrates une manière de se présenter et de se démarquer grâce à la qualité du papier, la calligraphie utilisée ou même le type de gravure ajouté.

La carte d’affaires fut ensuite adoptée par les commerçants pour y inscrire le nom de leur entreprise ou la manière de les contacter. Autrefois exclusivement réservée à l’élite, elle devint par la suite de plus en plus populaire.

Plus récemment, dans les années 80, elle devint un symbole de pouvoir, parfois malsain. Qui ne se souvient pas de la fameuse scène du film American Psycho, où l’on voit le personnage principal, Patrick Bateman — joué avec brio par Christian Bale — obsédé par sa carte d’affaires? Cette dernière nourrissait dangereusement son narcissisme, sa soif du pouvoir, d’avidité et son besoin viscéral de s’imposer afin de démontrer son importance.

Avec l’avènement des entreprises technologiques, des titres tels que Chief Evangelist, Guru ou Master sont aussi apparus sur les cartes de certains entrepreneurs, comme l’incarnation d’une forte estime personnelle.

Mais la démocratisation de l’accès à internet, la multiplication des canaux de communication et les trois années pandémiques ont mis les derniers clous dans le cercueil des cartes d’affaires telles qu’on les connaissait.

Plusieurs startups ont essayé de la réinventer, en y ajoutant un code QR, une micropuce, en la rendant biodégradable, etc. Mais, malgré tous ces efforts, il faut bel et bien accepter sa disparition.

Elle semble cependant avoir été remplacée par une multitude d’options, au grand dam des imprimeurs. Que ce soit par la puissance du réseau LinkedIn, surtout pour le B2B, ou les différents réseaux sociaux sur lesquels nous pouvons communiquer directement avec nos partenaires et consommateurs, ou encore la signature courriel, une véritable mine d’or sous-estimée, et rarement exploitée par les entreprises.

Sa disparition démontre à quel point, en quelques années à peine, on peut perdre de sa pertinence et de son utilité. Non pas que les informations qui y étaient inscrites n’ont plus ou pas d’importance, mais plutôt en raison de l’adoption rapide par l’utilisateur de nouvelles offres répondant plus à ses besoins.

Que ce soit Netflix, qui déclencha le début de la fin des entreprises de location vidéo, le site de téléchargement Napster, qui marqua le début de la fin du CD ou l’iPhone, qui rendit caduque les téléphones portables de l’époque, il est intéressant de noter que la technologie remplaçante offrait presque le même contenu, mais d’une manière différente.

En effet, Netflix a offert les mêmes films, mais sans se déplacer, Napster permettait de télécharger des milliers de chansons afin de les écouter directement de son ordinateur sans avoir à accumuler une tonne de CD, et l’iPhone servait non seulement de téléphone, mais offrait en plus la possibilité d’être un appareil photo, une caméra, un ordinateur portable ou un lecteur de musique.

Pour conclure, je vous invite, tout comme je le fais souvent, à regarder votre entreprise et ses produits d’un œil attentif, afin de voir comment vous pourriez innover et évoluer pour ne pas finir comme la carte d’affaires!