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L’école à distance a ses avantages

Karl Moore|Publié le 09 avril 2021

L’école à distance a ses avantages

J’ai hâte de retourner en classe avec les élèves. En attendant, Zoom ce n’est pas si mal... (Photo: Chris Montgomery pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. Il y a de réels inconvénients à l’enseignement sur Zoom, mais j’ai trouvé qu’il y a aussi trois énormes avantages.

Le premier est la possibilité d’accueillir des invités exceptionnels. Dans le passé, nous recevions occasionnellement des intervenants montréalais ou d’anciens élèves qui étaient de passage pour assister à des cours à l’Université McGill. Ces derniers venaient souvent pendant les vacances scolaires et le moment était donc peu opportun.

Cette année, la différence a été stupéfiante. Au cours des dernières semaines, dans le cadre de notre cours de stratégie avancée de premier cycle, nous avons accueilli un ministre guinéen pour discuter de la planification stratégique au sein de leur gouvernement, le chroniqueur et chef de pupitre de la section politique de The Economist qui a parlé de l’impact du Brexit sur la stratégie des entreprises, et le responsable de Tesla pour l’est des États-Unis et toute l’Amérique du Sud. McGill a une réputation mondiale et, cette année, nous avons pu amener le monde dans notre salle de classe grâce à Zoom.

Ce qui m’a impressionné, c’est la volonté des anciens de McGill, et même de ceux à qui je n’ai jamais enseigné, de se joindre à nous. Tous ceux à qui j’ai proposé de venir ont accepté l’invitation. Cela montre bien que les gens désirent aider nos étudiants, et c’est vraiment inspirant.

Deuxièmement, j’ai réalisé qu’écouter une personne parler sur Zoom pendant 90 minutes, c’est tout simplement trop. Par nécessité, j’ai trouvé des moyens de m’assurer que je ne suis pas le seul à parler. L’une de ces méthodes consiste à demander à un étudiant de co-créer pratiquement chaque cours.

J’ai demandé aux étudiants quels étaient les sujets et les secteurs qui, selon eux, ont dû évoluer le plus pendant la pandémie actuelle, ce qui a permis d’établir la liste du contenu du plan de cours de cette année. Lauren et moi avons collaboré pour créer le cours de cette semaine. Elle a trouvé trois articles pertinents que nous avons partagés avec les autres élèves à l’avance. Elle animera aussi la discussion et posera des questions à nos invités après les présentations initiales que je ferai d’eux.

Nous nous pencherons sur la culture organisationnelle et trois invités se joindront à nous. Marijke Waddell était l’une de mes étudiantes de premier cycle pendant les années 90. Elle a travaillé pour Microsoft pendant des années et elle est maintenant chez Facebook. Mo Sedki, un de mes anciens étudiants en MBA, a travaillé pour l’entreprise familiale et a maintenant plus de six ans d’expérience chez Google dans le Googleplex de la Silicon Valley. Enfin, Rich Latour a été producteur à NBC News, puis vice-président chez Goldman Sachs, et il est maintenant chez Blackrock. Ils nous rejoignent depuis Toronto, la Californie et New York.

Puisque tous nos intervenants ont un parcours professionnel si différent, je leur demande presque toujours de comparer et d’opposer les cultures des entreprises qu’ils ont connues. Nous aborderons aussi brièvement ce qu’est la vie à New York et en Californie, où des milliers d’anciens élèves de McGill se sont installés. Le fait d’entendre parler de la vie dans ces endroits peut également intriguer les étudiants actuels et leur ouvrir l’esprit à la possibilité d’y vivre. Nous parlerons également de la façon dont les étudiants de premier cycle peuvent se faire une idée de la culture d’une organisation afin de travailler pour une entreprise où ils s’intégreront et où leur carrière prospérera. 

Enfin, du haut de mon mètre quatre-vingt-dix, je surplombe quelque peu les élèves lorsque j’enseigne en classe. Je m’assois souvent sur une table pour réduire la différence de taille. Zoom a quelque peu réduit la hiérarchie dans la salle de classe. Comme tout le monde apparaît dans un carré de la même taille sur l’écran de l’ordinateur, tout le monde est sur un pied d’égalité. Les élèves semblent parfois plus libres de poser des questions lors de nos vidéoconférences que dans la classe, où la dynamique est différente. Les élèves demandent souvent d’être répartis en petits ateliers, car cela leur donne une autre chance de se faire entendre. Après une réunion en petits groupes, je leur demande de partager certaines de leurs principales conclusions avec la classe et nos invités.

J’ai hâte de retourner en classe avec les élèves ; c’est une joie et un plaisir d’enseigner en personne. En attendant, Zoom ce n’est pas si mal…