Que devrions-nous faire pour que la collectivité québécoise continue d'avancer et de prospérer ? Pour sortir des ...
Que devrions-nous faire pour que la collectivité québécoise continue d’avancer et de prospérer ? Pour sortir des sentiers battus et trouver de nouvelles idées, Les Affaires a lancé ses lignes, à gauche et à droite, à des femmes et à des hommes, jeunes et plus expérimentés, en ville et en région. Nous leur avons demandé la même chose : donnez-nous une idée originale pour faire avancer le Québec. Voici le résultat.
Idée no 1
Retirons aux gouvernements la gestion des infrastructures
Pierre Fortin, économiste à l’Université du Québec à Montréal
Le statu quo en matière d’infrastructures n’est plus une option, affirme l’économiste spécialisé dans les politiques économiques.
« Les ponts tombent, les routes sont crevassées, les écoles sont infestées de vermine, les toits des hôpitaux coulent, le vent passe par les fenêtres des centres d’accueil… », dénonce Pierre Fortin.
Selon lui, les élus ont eu des décennies pour gérer les infrastructures et « c’est un désastre total ». C’est pourquoi il faut s’y prendre autrement.
Pierre Fortin propose un système qui pourrait s’inspirer de la Régie des rentes du Québec (devenue Retraite Québec en 2016), un organisme public qui gère le système public de retraite et contribue ainsi à la sécurité financière des Québécois.
Ainsi, une organisation publique pourrait gérer les infrastructures au Québec (routes, écoles, hôpitaux, centres d’hébergement, traitement des eaux, etc.), mais « à distance des élus », dit l’économiste.
Cette organisation aurait « un budget protégé, comme on le fait déjà avec Retraite Québec, les élus demeurant responsables ultimes des grandes orientations ».
L’enjeu est de taille, car le gouvernement du Québec investit des sommes colossales dans les infrastructures. Le Plan québécois des infrastructures 2018-2028 (PQI) planifie des investissements de plus de 100 milliards de dollars sur 10 ans.
Idée no 2
Cassons la culture d’entreprise qui décourage les pères de prendre des congés parentaux
Selena Lu, présidente de la Jeune chambre de commerce de Montréal
Selena Lu souligne d’emblée que le Québec a les congés parentaux parmi les plus généreux du monde. Or, même s’ils sont offerts aux hommes et aux femmes, une barrière persiste et empêche les hommes de profiter de ce droit : la culture d’entreprise.
« Il existe encore, dans certaines entreprises plus conservatrices, une culture qui décourage les pères de demander les congés auxquels ils ont droit », déplore la présidente de la JCCM, qui dit s’appuyer sur les observations faites sur le terrain par des membres du comité aviseur Affaires publiques de la JCCM. Selon elle, cette situation n’a pas seulement un impact sur les pères, qui se privent de précieux moments avec leur bébé ; elle a aussi un impact sur les femmes.
« Cela impose aux femmes sur le marché du travail de mettre leur carrière en veille pour une plus longue durée que souhaité pour s’occuper de leur nouveau-né, ce qui contribue au maintien du plafond de verre. »
Cette culture nuit aussi aux femmes entrepreneures, et surtout à celles qui gèrent des PME en phase de démarrage. « Elles peuvent se voir obligées de ralentir ou même de stopper les activités de leur entreprise pour prendre leur congé de maternité », affirme Mme Lu.
La présidente affirme qu’il faut considérer des solutions « incitatives ou obligatoires » pour corriger le tir.
Idée no 3
Convainquons les entrepreneurs de collaborer entre eux
Catherine Lavoie, présidente de la Chambre de commerce et de l’industrie Rimouski-Neigette
« Le succès de nos entreprises passe par la solidarité entre elles et la collaboration. Fini le temps où chacun faisait ses affaires », lance Catherine Lavoie, en précisant que sa vision est « calquée » sur le principe de l’économie circulaire.
Selon elle, les entrepreneurs ont intérêt à collaborer entre eux. « Les défis de main-d’oeuvre, de transport, notamment, peuvent être amoindris par un partage des frais », dit-elle, en donnant plusieurs exemples.
Des entreprises peuvent organiser une mission collective de recrutement à l’étranger pour embaucher des soudeurs, et ce, même avec des concurrents.
Elles peuvent planifier des expéditions collectives de marchandises, ce qui permet de diminuer leurs coûts de transport et de réduire leur empreinte écologique.
Des PME peuvent échanger des locaux pour développer un nouveau marché dans une ville avoisinante ou acheter de la machinerie en groupe afin de partager les frais d’entretien, deux mesures qui permettent aussi de réduire les coûts des entreprises.
« Tout cela, c’est simple, mais tellement porteur, insiste Mme Lavoie. C’est en collaborant que nos entreprises deviendront et resteront compétitives et fortes. »
Idée no 4
Renonçons à la partisanerie pour régler les grands enjeux de société
Marc Dutil, président de l’École d’entrepreneurship de Beauce et président du Groupe Canam
L’entrepreneur estime qu’il faut repenser de fond en comble le processus de résolution de problèmes dans l’arène politique québécoise, car ces défis sont trop complexes pour que la « traditionnelle partisanerie » puisse trouver des solutions durables.
« Tentons maintenant de demander aux hommes et aux femmes qui s’attaquent aux défis de l’éducation, de la santé, de la pauvreté, de l’environnement, de faire abstraction des alignements politiques, des lignes idéologiques et de la menace de l’opinion publique instantanée », insiste-t-il.
Il déplore le fait que tout débat au Québec devient rapidement binaire : « Tu es pour ou tu es contre, tu signes ou tu ne signes pas ; c’est l’ère du you are with us or against us et au diable les nuances. »
Selon lui, il existe pourtant des organisations où la saine gouvernance, la patience et la collaboration « ont mené à de grands progrès ».
Il donne l’exemple de la santé et sécurité au travail, de la redistribution de surplus alimentaires ou de la sécurité routière. Autant de secteurs où, selon lui, le « débat raisonnable » persiste et contribue à améliorer la situation.
« Bref, pourrions-nous un peu « déministrer » le Québec, et ainsi passer de cette version de nous-mêmes où nous nous sentons si facilement menacés et divisés à une version beaucoup plus libre, engagée et créative ? », s’interroge Marc Dutil.
Idée no 5
Formons des citoyens au meilleur esprit critique
Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins
L’ancien financier propose une « éducation permanente » pour tous les citoyens québécois, et ce, afin qu’ils aient de meilleurs outils intellectuels pour critiquer les problèmes de société, à commencer par la montée des inégalités qui affaiblissent la cohésion sociale.
À ses yeux, cette éducation permanente pourrait passer par des rencontres régulières entre les députés et les électeurs pour discuter des grands enjeux, comme l’avait du reste proposé en 2003 le rapport du Comité directeur sur la réforme démocratique qu’il avait présidé.
À la recommandation 7, le comité proposait que « deux fois au cours de son mandat, chaque député organise au sein de sa circonscription des rencontres de ses concitoyennes et concitoyens à des fins de reddition de comptes, d’échanges et d’orientation ».
L’ancien patron de Desjardins regrette une époque pas si lointaine où l’ensemble des Québécois ne séparaient pas l’économie de l’éthique ou de la politique. Bref, ils ne se satisfaisaient pas d’une croissance économique à leur profit personnel ou individuel, sans se demander quels effets ces augmentations avaient et auraient sur la vie des gens de leur collectivité.
« En s’enrichissant eux-mêmes, ils s’assuraient que c’était bon pour l’ensemble de leurs compatriotes », souligne M. Béland.
Or, cette époque est révolue, affirme celui qui a dirigé Desjardins de 1987 à 2000. « Ce n’est plus le cas depuis que le courant primaire, caractérisé pas des instincts de survivance, de domination de possession ou de pillage des biens d’autrui, est apparu avec son individualisme et la création d’inégalités inacceptables », dit-il.
Idée no 6
Taxons la pollution, mais réduisons l’impôt sur le revenu
Luc Godbout, professeur de fiscalité à l’Université de Sherbrooke
L’une des meilleures manières de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) consiste à mettre un prix à la pollution, souligne ce spécialiste en fiscalité. « Sachant que la fiscalité est un outil permettant d’orienter les comportements, le gouvernement se doit donc de l’utiliser pour aider sa transition environnementale », dit-il.
Pour illustrer son propos, il suggère que Québec augmente sa taxe sur les carburants, pour la faire passer de 19,2 cents à 34,2 cents le litre sur une période de 5 ans. Les prix à la pompe augmenteraient, ce qui réduirait la consommation d’essence et les émissions de GES.
Mais pour faire accepter une telle initiative aux Québécois, il faut que cette réforme environnementale soit fiscalement neutre, selon M. Godbout. Bref, elle ne doit pas servir à procurer plus de revenus à Québec, mais bien à modifier les comportements des automobilistes.
« Le gouvernement pourrait faire voter une loi précisant que chaque dollar additionnel de la taxe sur les carburants réduira d’autant l’impôt sur le revenu. S’il le souhaite, il pourrait même mandater le Vérificateur général pour suivre cet engagement », explique le fiscaliste.
Selon lui, une taxe verte fiscalement neutre procurerait deux « dividendes » au Québec : elle diminuerait la pollution et les émissions de GES tout en réduisant l’importance de l’impôt sur le revenu qui pénalise l’effort et l’emploi.
Idée no 7
Aménageons nos villes plus intelligemment grâce AU test du « popsicle »
Steven Guilbeault, environnementaliste et conseiller chez Copticom
En quoi consiste ce test, qui fait un lien entre cette gâterie si populaire chez les enfants et l’urbanisme ? Pour l’essentiel, il mesure la proximité des services et l’étalement urbain.
« Principalement, il faut qu’un enfant puisse quitter la maison, se rendre en vélo ou à pied acheter un bon vieux « popsicle » et revenir à la maison avant que ce dernier ne soit fondu », explique Steven Guilbeault, qui a entendu parler pour la première fois du « test » par un collègue de Vivre en Ville, un organisme qui vise à développer des collectivités viables.
En fait, le test du popsicle fait appel à plusieurs notions pour un urbanisme plus durable :
> Est-il possible d’avoir accès à des services alimentaires sans avoir à utiliser une voiture ?
> Existe-t-il des infrastructures adéquates permettant de se déplacer grâce aux transports actifs (marche et vélo) ?
> Les infrastructures de transports actifs sont-elles sécuritaires ?
À titre de contre-exemple d’urbanisme qui échoue au test du popsicle, M. Guilbeault cite le quartier où il a grandi (le quartier Bertrand, à La Tuque), issu de la vague des nouveaux développements des années 1970.
« Il n’y avait pas de trottoir à l’époque, et il n’y en a toujours pas, déplore l’environnementaliste. Après ça, on demande aux gens de marcher parce que c’est bon pour la santé, ou encore aux enfants d’aller à l’école à pied pour s’attaquer au problème de manque d’activité physique chez nos jeunes. »
De plus, un urbanisme à l’échelle humaine permet aussi de réduire la consommation d’essence et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Idée no 8
Réduisons les déchets et produisons de l’énergie avec ceux qui restent
Sophie Brochu, PDG d’Énergir, et Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale
Le recyclage et le compostage ne réduisent pas assez l’empreinte écologique du Québec, selon Béatrice Alain. Or, les sites d’enfouissement au Canada émettent environ 20 % des émissions de méthane, un GES qui est 25 fois plus puissant que le CO2, selon la Commission de l’écofiscalité du Canada.
On pourrait aussi être plus actifs dans la récolte et le tri de nos déchets. « C’est ce que font Les Valoristes, une coopérative qui récolte les matières consignées, recyclables et réutilisables des poubelles, des sacs de recyclage et des espaces publics », dit Mme Alain.
Malgré nos efforts collectifs, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec ont continué d’augmenter. « Le constat est aussi triste que clair : le Québec ne sera pas en mesure d’atteindre l’objectif de réduction qu’il s’était fixé pour 2020 », souligne Sophie Brochu.
La PDG d’Énergir affirme que « nous devons nous relever collectivement les manches » pour renverser cette tendance fin d’atteindre les prochaines cibles à l’horizon de 2030. « Mais ce sera du boulot. »
Pour y arriver, le Québec doit produire beaucoup plus de gaz naturel renouvelable (GNR) et local à partir de matières organiques résiduelles. « Nos déchets de table, les eaux usées, les résidus forestiers, la bouse de vache sont autant de gisements énergétiques à notre portée », dit Mme Brochu.
Au Québec, la ville de Saint-Hyacinthe produit déjà du gaz vert ou biogaz grâce à son usine de biométhanisation, un carburant qui est ensuite injecté dans le réseau d’Énergir.
Une étude d’Aviseo Conseil montre que la production de GNR pourrait générer des retombées potentielles de 1,6 milliard de dollars par année au Québec en 2030. Cela nécessiterait toutefois des investissements de 20 G $. Une autre étude, de Deloitte et WSP Canada, estime que le GNR pourrait répondre aux deux tiers des besoins en gaz naturel des consommateurs québécois en 2030 -c’est moins de 1 % à l’heure actuelle.
Idée no 9
Créons une économie circulaire à l’échelle du Québec
Mélanie Paul, présidente d’Inukshuk Synergie
Les relations économiques entre le sud et le nord du Québec doivent aller beaucoup plus loin que les échanges de ressources naturelles non transformées et de produits finis, affirme cette entrepreneure innue de Mashteuiatsh, au Lac-Saint-Jean.
Selon elle, le Québec doit instaurer une économie circulaire entre ces deux régions, qui permettrait de faire du vrai développement durable en favorisant la consolidation et la création d’emplois, tout en réduisant l’empreinte environnementale des entreprises.
Pour illustrer son propos, Mme Paul donne l’exemple de Granules LG (une autre PME innue fondée par son père Alain Paul) et d’Inukshuk Synergie.
Granules LG fabrique des granules de bois, qu’elle vend dans le sud du Québec, dans le nord-est des États-Unis et en Europe. Pour sa part, Inukshuk Synergie vise à aider les communautés et les entreprises dans le Nord québécois à remplacer leur consommation de diesel par des granules de bois, en l’occurrence celles produites par Granules LG.
En ce moment, Granules LG s’approvisionne en sciures et en planures de scierie auprès d’entreprises locales comme Produits forestiers Résolus ou les scieries Barette et Arbec.
Mme Paul estime qu’on pourrait imaginer une chaîne logistique plus grande et mettre en place une économie circulaire nationale (à l’échelle du Québec) dans ce secteur.
Le sud du Québec produit de grandes quantités de résidus forestiers. Selon elle, ils pourraient servir à fabriquer des granules au Lac-Saint-Jean pour ensuite déplacer des carburants fossiles dans le nord du Québec.
« Actuellement, nous exportons une grande majorité de notre combustible renouvelable, notre « pétrole vert » (les granules), et nous importons de l’énergie fossile pour nos besoins de chauffage, et ce, tant pour le sud que pour le nord», déplore l’entrepreneure.
Non seulement cette stratégie permettrait de consolider des emplois dans le sud et le nord du Québec, mais elle permettrait aussi de réduire les importations de pétrole qui minent la balance commerciale du Québec.
Idée no 10
Réduisons les inégalités grâce à un régime universel d’assurance médicaments
Dominic Lemieux, adjoint au directeur québécois du Syndicat des Métallos-USQ, FTQ
La création d’un régime universel d’assurance médicaments permettrait de réduire la facture de médicaments de dizaines de milliers de Québécois et d’augmenter leur pouvoir d’achat, affirme le syndicaliste. « Cette mesure permettrait de réduire les inégalités au Québec », dit-il.
Ces dernières années, les écarts de revenus ont augmenté dans la plupart des pays (surtout anglo-saxons), mais elles ont progressé moins vite au Québec en raison de son modèle de société, selon les travaux de Nicolas Zorn, auteur de l’essai Le 1 % le plus riche : l’exception québécoise et directeur général du nouvel Observatoire québécois des inégalités.
M. Lemieux affirme qu’un régime universel d’assurance médicaments permettrait aussi de réduire les inégalités par rapport à la santé.
En 2016, un Québécois sur 10 (9 %) omettait de prendre un médicament en raison de son coût, révèle une enquête internationale publiée en 2017 par le Commissaire à la santé et au bien-être.
Cette proportion s’élève à 10 % au Canada et à 7 % pour la moyenne des 11 pays ayant participé à l’étude. Cette tendance est à la hausse au Québec, car seulement 5 % des Québécois omettaient de prendre un médicament en raison du coût en 2013.
M. Lemieux estime que la société québécoise pourrait aussi faire des économies importantes en créant un régime universel d’assurance médicaments. « On pourrait faire collectivement des économies de 1 à 3 milliards de dollars », dit-il, en citant une étude publiée en 2010 par le Centre canadien de politiques alternatives et l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques.
Comment ? En regroupant les achats de médicaments, le gouvernement du Québec pourrait négocier de meilleur prix auprès de l’industrie pharmaceutique.
Idée no 11
Prenons (vraiment) le virage numérique, ça presse !
Michael Sabia, PDG de la Caisse de dépôt et placement du Québec
Pour demeurer compétitives et se tailler une « place de choix à l’international », les entreprises du Québec de toute taille doivent se numériser ou accélérer leur transformation numérique, affirme Michael Sabia. « Il faut par exemple favoriser la commercialisation de solutions technologiques, notamment en intelligence artificielle, et faciliter l’intégration des technologies aux processus des entreprises plus traditionnelles. »
Selon lui, le Québec et Montréal sont en voie de devenir une plaque tournante mondiale en intelligence artificielle. Par contre, pour avoir un impact direct sur la croissance des entreprises, le milieu scolaire et celui des affaires doivent absolument collaborer davantage.
« C’est d’ailleurs ce qui a amené la Caisse à signer un partenariat avec l’Institut québécois d’intelligence artificielle (MILA) afin que les chercheurs travaillent davantage avec les start-up québécoises en IA, mais aussi avec les entreprises établies que nous avons en portefeuille », explique M. Sabia.
En 2018, l’investisseur institutionnel a d’ailleurs injecté pas moins de 1,2 milliard de dollars dans la nouvelle économie, notamment dans des entreprises technologiques ou dans des entreprises dites traditionnelles afin qu’elles prennent ce virage numérique.
Il y a urgence aux yeux de M. Sabia. « Quand on regarde les avancées technologiques qui fusent de partout sur le globe, ce virage est nécessaire maintenant. »
Idée no 12
Créons une « banque » de gestionnaires pour reprendre des entreprises
Marie-Pier St-Hilaire, entrepreneure et directrice générale d’Edgenda
Nos entreprises manquent cruellement de relève, déplore la dirigeante membre de Cheffes de file, l’initiative de la Caisse de dépôt et placement du Québec pour faire grandir les PME québécoises détenues par des femmes.
Ce manque de relève affecte particulièrement les entrepreneurs qui n’ont pas de successeurs dans leur famille, souligne la patronne d’Edgenda, une PME qui aide les entreprises dans leur transformation numérique. L’enjeu est de taille, car plusieurs PME québécoises doivent fermer leur porte par manque de relève. Selon une étude de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain publiée en 2014, de 79 000 à 140 000 emplois pourraient disparaître entre 2014 et 2023.
Mme St-Hilaire croit qu’on peut en partie corriger le tir en créant une « banque » de gestionnaires en réserve de l’écosystème d’affaires du Québec.
« On pourrait mettre en place et développer une banque de gestionnaires candidats pour la relève québécoise, dit-elle. Elle serait gérée par le gouvernement et la Caisse de dépôt, en plus d’être soutenue par les institutions financières. »
Ainsi, un entrepreneur qui planifie sa retraite pourrait recourir à cette réserve de candidats pour trouver son successeur.
Il faut provoquer les choses, dit Mme St-Hilaire, et les gouvernements et les institutions financières ont un rôle à jouer. À ses yeux, ils doivent au besoin « forcer » le maillage entre cette relève de gestionnaires et les entrepreneurs, en soutenant financièrement les gestionnaires de cette banque qui sont prêts à acheter une entreprise.
En outre, les gouvernements et les institutions financières pourraient poser comme condition de garder le centre de décision au Québec.