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agileDSS: miser sur la francophonie pour croitre

Emmanuel Martinez|Publié le 04 octobre 2024

agileDSS: miser sur la francophonie pour croitre

«On vise des clients qui ont les mêmes affinités au sujet des mentalités et des relations humaines», affirme le copropriétaire d’agileDSS , Alexandre Langlois. (Photo: courtoisie)

Le parcours classique d’une PME qui veut sortir du Québec consiste à s’attaquer à l’Ontario puis au nord-est des États-Unis. Toutefois, la firme agileDSS, spécialisée en intelligence d’affaires et en analytique, a plutôt choisi de conquérir un marché qui lui ressemble davantage : la francophonie.

«On vise des clients qui ont les mêmes affinités au sujet des mentalités et des relations humaines, explique le copropriétaire de la PME montréalaise, Alexandre Langlois. On est un des plus gros joueurs au Québec au niveau de la donnée pure, donc si tu veux te diversifier, c’est normalement Toronto, Boston, etc. Par contre, ces marchés ne nous ressemblent vraiment pas. On a des Français, des Marocains, des Algériens, des Camerounais et beaucoup d’autres francophones d’ailleurs dans notre équipe.»

C’est pour cette raison que l’entreprise a ouvert un bureau à Nantes et compte en avoir un à Paris l’an prochain. Ensuite, l’objectif est de s’implanter au Maghreb vers 2027.

«C’est un chemin plus rebelle que le chemin classique, mais cela nous ressemble, dit-il. Du côté de la francophonie, le côté humain est important. La relation passe en premier et les affaires en deuxième. Ce marché ne représente que 10% de notre chiffre d’affaires, mais on espère atteindre 25% d’ici trois ans.»

L’entrepreneur fait aussi valoir les synergies possibles en s’investissant en France. Cela lui permet de retenir des employés français qui après quelques années au Québec désirent retourner vivre dans leur pays d’origine. «Au lieu de les perdre, on veut les garder, mentionne-t-il. On continue ensemble de l’autre côté de l’océan.»

Cette incursion en Europe lui sert non seulement à gagner de nouveaux clients, mais également à répondre aux besoins d’entreprises québécoises comme Innergex ou Boralex qui sont aussi là-bas.

Des avantages concurrentiels à développer

Alexandre Langlois souligne également que dans certains domaines liés aux données et l’intelligence artificielle, le Québec est plus avancé que la France et que son entreprise peut donc tabler sur une expertise développée ici pour conquérir l’Hexagone. Alexandre Langlois offre comme exemple la migration vers l’infonuagique qui est plus répandue ici qu’en France.

«On arrive avec un certain pas d’avance parce que ça fait quelques années qu’on fait ça au Québec, croit-il. On a déjà entre trois et cinq ans d’application dans l’infonuagique, alors qu’eux, ils découvrent tout juste. Donc, l’expertise sur leur marché est moins présente.»

Du côté de l’intelligence artificielle, il souligne que la France est plus mature en ce qui concerne les débats éthiques et la gouvernance, mais que le Québec se distingue à propos du développement et de l’implantation d’outils d’IA.

«Si on combine les forces des avancées éthiques du côté de la France et la force technologique qu’on a en ce moment au Québec, on tient quelque chose, poursuit-il. Il y a une dizaine d’années, la France était en avance en intelligence d’affaires. On recrutait là-bas des gens qui avaient cinq ans d’expérience dans certaines technologies en intelligence d’affaires, alors qu’ici, on commençait à le découvrir. Mais maintenant, sur certains sujets, ça s’est complètement inversé. Ce sont des marchés qui sont très synergiques.»

En profitant donc des forces des deux bords de l’Atlantique, la PME qui compte sur une soixantaine d’employés et une quarantaine de contractuels espère doubler ses revenus d’ici 2030 pour atteindre la barre des 30 millions de dollars annuellement.

«Il y aura une impulsion qui va durer longtemps avec l’IA, estime le dirigeant d’agileDSS. Nous ne sommes qu’au début de l’exploitation des données. Et comme boite de services-conseils, on doit rester à l’avant-garde en identifiant les tendances et en innovant.»