Andréanne Marquis: comprendre l’expérience client en prenant soin de fleurs
Catherine Charron|Publié le 16 juillet 2024«Souvent, ma mère et moi réalisions qu’il était déjà rendu 15h et qu’on n’avait presque pas eu le temps de dîner», dit Andréanne Marquis PDG de Womance et Sans-Façon Cosmétiques. (Photo: courtoisie)
À la tête des plus grandes entreprises du Québec, ces PDG sont bien souvent entrés sur le marché du travail en occupant des postes au bas de l’échelle. Voici les leçons tirées de ces premières expériences qui teintent encore aujourd’hui leur leadership.
LA PREMIÈRE JOB DU BOSS. Dans un magasin d’horticulture comme Botanix, les journées roulent à toute vitesse en période estivale tandis que les clients affluent pour enjoliver leur terrain. L’intensité qui s’en dégage a marqué Andréanne Marquis qui, depuis, a toujours préféré camper des postes où elle vivait de telle montée d’«adrénaline».
«On avait des journées de débile, il y avait du monde, se remémore l’entrepreneur derrière Womance et Sans-Façon Cosmétiques. Souvent, ma mère et moi réalisions qu’il était déjà rendu 15h et qu’on n’avait presque pas eu le temps de dîner.»
C’est dans l’établissement dirigé par ses parents à Rivière-du-Loup que l’adolescente de «13 ou 14 ans» qu’elle était à l’époque a réellement commencé à travailler. Plus jeune, elle avait cumulé les petits boulots, cueillant des fraises ou donnant un coup de main au resto du coin, à l’instar de ses camarades. Dans sa région du Bas-du-Fleuve, «il y avait moins de camps de jour. Inévitablement, il fallait s’occuper pendant nos étés», dit-elle.
Il était donc presque naturel que le besoin d’argent de poche et le temps libre dont elle disposait l’amènent à fouler le sol où s’entassaient les fleurs et les plantes en tous genres du Botanix afin de donner un coup de main à l’entreprise familiale. Ses responsabilités étaient multiples, allant de la caisse enregistreuse au marchandisage des nouveaux arrivages de verdure.
«Je donnais moins de conseils, car mes connaissances n’étaient pas hyper approfondies en horticulture, mais avec le temps j’en ai beaucoup acquis, indique Andréanne Marquis. J’ai appris qu’un géranium, ça allait au soleil bien avant de penser à me faire un chum.»
Au fil du temps, de gros joueurs comme Walmart et Canadian Tire ont aussi développé dans la région leur offre horticole, faisant concurrence à Botanix avec leurs plus petits prix. L’entrepreneur a donc appris très jeune à ne pas tenir pour acquis que les clients seraient toujours au rendez-vous, et qu’une bannière peut se démarquer de bien d’autres manières que par la marchandise qu’elle met en vente.
«Je le voyais avec ma mère et les employés qui l’entourait. Quand tu ouvres les portes de ton commerce, tu n’offres pas qu’un produit, tu leur offres aussi un service, une expérience, énumère-t-elle. Je baignais déjà là-dedans avant même de savoir que je voulais me lancer en affaires.»
Butiner avant de se commettre
Aux jeunes qui s’apprêtent à faire leurs premières armes sur le marché du travail, Andréanne Marquis leur recommande d’oser changer de milieu de travail tous les étés, de se servir de cette période comme d’un laboratoire pour mettre le doigt sur le domaine qui les allumera le plus.
Elle s’est elle-même prêté à l’exercice pendant ses études, ce qui lui a par exemple permis de rayer de sa liste les cabinets de comptables ou d’avocats. Pas besoin d’accomplir toutes les tâches pour comprendre les grandes lignes de ce que ça signifie de bosser dans un secteur, d’après elle.
«Chez Womance, quand on accueille des stagiaires pour trois mois, […] ils ont accès au reste, à la dynamique de travailler pour une entreprise web, d’avoir des boutiques, et ce même s’ils ne font que des achats. C’est pertinent d’essayer plein de milieux.»
Ainsi, bien qu’elle n’y ait principalement que déchiqueté du papier, les trois mois qu’elle a passé en politique lui ont donné la piqûre pour ce milieu qu’elle connaissait peu avant d’y mettre les pieds. «Aujourd’hui, j’aime vraiment beaucoup, dit-elle. Ça a été une révélation, alors que je me cherchais simplement un emploi d’été.»