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Bond de l’entrepreneuriat émergent au Québec

Emmanuel Martinez|Publié le 02 novembre 2022

Bond de l’entrepreneuriat émergent au Québec

Les professeurs à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Marc Duhamel et Étienne St-Jean, sont les auteurs de l’édition 2021 de la situation de l’activité entrepreneuriale québécoise. (Photo: Courtoisie)

Le taux d’entrepreneurs émergents a atteint un niveau record en 2021 au Québec, selon le nouveau rapport annuel du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) élaboré par des professeurs de l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).

La proportion d’entreprises ayant versé des salaires durant moins de 41 mois a grimpé pour s’établir 17,6%. C’est un bond par rapport au creux de 12,1% enregistré en 2020, le taux le plus faible depuis 2015, en raison de la pandémie. En 2013, première année de ces rapports annuels, le taux d’entrepreneuriat émergent n’était que de 9,5% dans la province. Cette hausse s’explique par la création de nouvelles entreprises.

La fin de la crise sanitaire a visiblement été salutaire pour les plus jeunes PME qui ont même su tirer leur épingle du jeu, car 65,4% d’entre elles ont affirmé avoir pu saisir davantage d’occasions grâce à la pandémie.

 

Transformation numérique accélérée

Selon les chercheurs de l’UQTR, la pandémie a aussi favorisé l’adoption d’outils numériques par les entrepreneurs québécois.

«Déjà, les technologies numériques occupaient une part importante de la réflexion des entrepreneurs lors du démarrage de leur entreprise, explique le professeur Étienne St-Jean par communiqué. Mais depuis 2020, on constate que la transformation numérique devient une priorité et qu’elle est au cœur de plusieurs modèles d’affaires. La pandémie a stimulé l’intention des entrepreneurs émergents à utiliser de manière plus massive les technologies numériques dans le futur.»

Chez les entrepreneurs établis, 42% d’entre eux disent vouloir améliorer les technologies numériques existantes de leur entreprise.     

Problème de pérennité

Malgré la hausse du taux d’entrepreneurs établis qui a cessé sa descente graduelle pour remonter légèrement à 5,8%, la pérennité est toujours le talon d’Achille pour les jeunes entreprises québécoises. Le Québec se trouve au 12e rang parmi les 24 États de l’OCDE étudiés, à la traîne du reste du pays, dont le taux d’entrepreneur établi est de 8,9%, en 2e position en 2021.

Le repreneuriat est toutefois une avenue populaire au Québec afin d’accéder à l’entrepreneuriat et de maintenir en vie une PME existante.

Le rapport montre que le taux de transfert d’entreprise était de 44,3% en 2021 au Québec contre 36,7% en 2020. Cette augmentation se distingue de la situation dans le reste du Canada, où le taux de repreneuriat a baissé pour s’établir à 27,6% en 2021.

«La pérennité des entreprises émergentes demeure l’un des enjeux les plus préoccupants pour la vitalité de l’écosystème entrepreneurial québécois à plus long terme, affirme le professeur Marc Duhamel de l’UQTR. Depuis quelques années, les résultats du GEM suggèrent que le dynamisme associé au repreneuriat permet aux entreprises de bénéficier d’un nouvel élan entrepreneurial qui favorisera éventuellement leur croissance, leur développement et leur pérennité.»

 

À la traîne pour le développement durable

Pour la première fois, le consortium du Global Entrepreneurship Monitor a évalué l’engagement des entrepreneurs envers le développement durable. Le Québec tire cependant de la patte face au reste du pays dans ce domaine. Ils sont tout aussi motivés à vouloir faire une différence, mais seulement 58,9% des répondants québécois veulent prioriser les impacts environnementaux sociaux face aux profits, contre 68,8% ailleurs au pays. Le Québec se trouve donc en 9e place des pays membres de l’OCDE dans cette catégorie alors que le reste du Canada est au 5e échelon. Les chercheurs québécois demeurent toutefois optimistes, car la génération montante est plus préoccupée par le développement durable que les entrepreneurs établis.

«La bonne nouvelle est que les entrepreneurs au Québec sont majoritairement conscients de l’importance de considérer les enjeux sociaux et environnementaux dans leurs décisions d’affaires, que ce soit les émergents ou les établis, précise le professeur St-Jean. Certes, il reste beaucoup de travail et de sensibilisation à faire à ce niveau, notamment pour augmenter les taux par rapport au reste du Canada, mais davantage de modèles entrepreneuriaux durables émergent et montrent la voie aux autres.»

Ce rapport 2021 constitue la neuvième édition de la situation de l’activité entrepreneuriale québécoise dans le cadre du GEM. En incluant le reste du Canada, 23 autres pays de l’OCDE sont comparés à la province dans l’étude, dont les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.