(Photo: Annie Spratt pour Unsplash)
L’essayer, c’est l’adopter. Tel est le verdict des PME et des employés vis-à-vis du télétravail, qui a réussi à s’imposer et qui survivra à la fin des mesures sanitaires liées à la COVID-19, selon un sondage dévoilé par la Banque de développement du Canada (BDC), mardi matin.
Près des trois quarts des dirigeants de PME (74 %) comptent laisser leurs employés travailler à la maison après la pandémie.
Le recours massif au télétravail a créé «un changement de paradigme», selon Pierre Cléroux, vice-président à la recherche et économiste en chef de BDC.
En entrevue avec Les Affaires, il précise qu’«en majorité, les employeurs considèrent que c’est positif».
«L’expérience de la dernière année, c’est qu’une bonne partie des tâches peuvent être faites à la maison. Il y a vraiment eu un changement de perception des entreprises», dit Pierre Cléroux.
La flexibilité des heures de travail est vue comme un avantage par 54 % des PME sondées, suivi d’une meilleure rétention du personnel (35 %) et de la réduction des coûts d’exploitation (34 %).
Les inconvénients du travail à distance sont bien moins prononcés, car les répercussions négatives sur la communication, l’interaction et la collaboration ne sont mentionnées que par 13 % d’entre elles.
«Un élément qui m’ a surpris, c’est qu’il y a seulement 9 % des entrepreneurs qui ont vu une baisse de productivité. On aurait pu s’attendre à ce que ce soit plus élevé, mais cette crainte ne s’est pas matérialisée», souligne l’économiste en chef de la BDC.
Enthousiasme des employés
Cet engouement pour le travail à la maison est évidemment aussi partagé par les employés.
Environ 55 % des répondants affirment qu’ils préfèrent continuer à travailler à distance et 54 % déclarent que la possibilité de faire du télétravail est un facteur déterminant pour nouvel emploi.
«On est donc convaincu que le télétravail est là pour de bon, car c’est apprécié par les deux parties», mentionne M. Cléroux.
Ce phénomène a un impact sur la mobilité de la main-d’œuvre. Pour les PME, le télétravail permet d’embaucher des gens qui vivent dans d’autres régions. Et pour les salariés, cela leur donne l’occasion de vivre là où ils le désirent et non où se trouve leur emploi. En effet, 48 % des répondants qui ont déménagé depuis le début de la pandémie disent que le télétravail a joué un rôle dans leur décision.
Cette étude de la BDC s’appuie sur des sondages menés auprès de plus de 700 PME et de 2 000 travailleurs canadiens en février et mars dernier.
Les résultats sont similaires au Québec qu’ailleurs au pays, selon la BDC.
«Les tendances sont les mêmes. Ce qui m’a surpris, c’est que partout au Canada, les pourcentages sont près de la moyenne, dit M. Cléroux. Il n’y a pas vraiment de différence selon la taille de l’entreprise ou le secteur d’activité, sauf en technologie, où 90 % des PME donnent leur accord pour poursuivre le travail chez soi.»
Cette recherche montre que la proportion de PME dont au moins la moitié des employés font du télétravail a doublé au Canada, passant 21 % avant la pandémie à 42 % par la suite.