«Selon une étude faite par une firme d’ingénieurs, la rentabilité par poule est de 10,94$ de plus qu’avec une méthode d’aération conventionnelle», explique Jocelyn Leblanc, propriétaire de Pondeuses JL. (Photo: Courtoisie / Marie-Michelle Trudeau)
Augmenter ses revenus et diminuer ses dépenses tout en polluant moins, voilà ce qu’a réussi à faire Pondeuses JL à Saint-Hyacinthe avec son système de ventilation.
Son propriétaire Jocelyn Leblanc a eu l’audace d’installer des échangeurs d’air des Pays-Bas pour ses six nouveaux bâtiments d’élevage de poules pondeuses en 2020. Cette décision lui a permis d’économiser 70% de sa consommation en gaz naturel tout en étant plus rentable, car avec une ferme mieux ventilée, ses quelque 20 000 volailles produisent davantage d’œufs.
«Selon une étude faite par une firme d’ingénieurs, la rentabilité par poule est de 10,94$ de plus qu’avec une méthode d’aération conventionnelle, explique l’éleveur en entrevue. C’est plus de 210 00$ par année.»
L’entrepreneur souligne qu’avec ce système qui génère moins de bruit et qui offre une meilleure qualité de l’air, ses volailles sont plus confortables et pondent donc plus. «Je gagne en moyenne 57$ en revenus bruts en œufs par poule annuellement contre 37$ sans cette nouvelle ventilation qui m’a coûté environ un million de plus qu’une conventionnelle. Cela en vaut la peine.»
Même si cette décision semble aujourd’hui aller de soi, il n’a pas été facile pour lui de financer cette innovation qui faisait partie d’un investissement total de 12 millions de dollars pour construire six bâtiments.
«Cette technologie n’était pas connue ici et elle coûtait 1 million de plus, donc les banques ne voulaient pas prendre cela en garantie, explique-t-il. Elles ne reconnaissaient pas sa valeur.»
Convaincu et convaincant, il a néanmoins réussi à récolter des fonds de la Banque Nationale et de Financement agricole Canada. Puisque son initiative permettait de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, il a également obtenu une subvention du Fonds Écoleader de l’État québécois, un coup de pouce qui a fait la différence selon lui.
Demeurer concurrentiel
Pondeuses JL a acheté un échangeur de chaleur de Vencomatic Group. Gros comme un conteneur placé à l’extérieur du bâtiment, cet appareil utilise la chaleur de l’air évacué pour réchauffer l’air frais qui y est introduit. L’air chaud vicié passe par de petits tubes et n’est jamais en contact avec l’air froid. Grâce à cet échange d’énergie, l’air entrant est moins froid qu’avec un système traditionnel, ce qui permet d’économiser en hiver pour le chauffage. Ce processus est renversé en été pour climatiser les bâtiments. L’air chaud de l’extérieur est alors refroidi par de l’eau froide avant d’entrer dans la bâtisse. Encore une fois, la facture en énergie est moins élevée.
«Plusieurs producteurs québécois sont venus visiter nos installations, mentionne Jocelyn Leblanc. On a même eu des portes ouvertes mondiales avec une diffusion sur internet. Il y avait des gens des États-Unis et du Brésil qui ont vu comment cela fonctionnait dans mon élevage.»
D’ici trois ans, il compte implanter ces systèmes dans les deux installations de l’Ouest canadien (en Alberta et en Saskatchewan) et les cinq du Québec de l’entreprise avicole Lebco, qu’il possède avec d’autres membres de la famille Leblanc.
«On veut être le plus performant, dit-il. Notre désavantage par rapport aux Américains, c’est le coût de chauffage. Avec ces machines, on devient compétitif. On investit dans cette optique.»
Même si l’installation est plus onéreuse dans des bâtiments existants, il estime que le jeu en vaut la chandelle, surtout avec une empreinte environnementale plus faible.
Selon lui, «pour l’avenir des fermes, la technologie sera ultra importante pour la production future.»
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