De l’ambition et des investissements majeurs chez Yoga Jeans
Martin Jolicoeur|Publié le 04 février 2019Le créateur de mode québécois prépare sa prochaine poussée de croissance. Une croissance qui sera «exponentielle».
À la veille de fêter leurs vingt ans en affaires, les créateurs de la bien connue marque québécoise Yoga Jeans préparent leur prochaine poussée de croissance.
Le manufacturier et distributeur de jeans montréalais, dont l’essentiel de la production se trouve en Beauce, vient d’investir quelque 4,5M$ dans la modernisation de ses équipements et l’ouverture à Montréal d’un nouveau centre de R&D.
Par cet investissement majeur, le plus important réalisé depuis des années pour cette PME, l’entreprise caresse le projet de développer de nouvelles unités d’affaires, faire naître de nouvelles sources de revenus, et ainsi peut-être réussir à pérenniser ses activités pour encore des décennies à venir.
«Nous ne pouvons vous dévoiler toutes nos intentions. Mais je peux vous assurer que si les choses se produisent comme nous l’espérons, il nous faudra apprendre à composer avec une croissance exponentielle», a fait savoir à Les Affaires, Éric Wazana, président et cofondateur de Second Clothing.
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Peu connue du grand public, cette entreprise de mode montréalaise, fondée en 2000 par les frères Wazana, est responsable du développement, de la confection et de la distribution de vêtements de marques aussi connues que Yoga Jeans, pour les femmes, Lucky Seven Clothing, et depuis peu, les nouveaux pantalons pour hommes, Boulder Denim.
Jusqu’à récemment installée dans Chabanel, un quartier de manufactures traditionnellement associé à l’industrie de la mode montréalaise, Second Clothing a déménagé au cours des derniers mois dans de nouveaux locaux de 40 000pi2 de l’arrondissement Saint-Laurent.
Maintenant établie, rue Graveline, à proximité de l’Aéroport Pierre-Elliott-Trudeau, l’entreprise regroupe sous un même toit son siège social, des entrepôts, et surtout, une toute nouvelle unité de recherche et développement (R&D), dotée d’équipements de pointe, apparemment capables de satisfaire les plus exigeants des designers de l’industrie.
Une technologie d’avenir
En outre, l’entreprise s’est dotée de technologies et robots commercialisés par la société espagnole Jeanologia. Connue dans l’industrie, cette dernière a développé des logiciels et technologies au laser, assurant rapidité, précision, et uniformité d’exécution à ses propriétaires.
«Il n’existe que deux entreprises qui possèdent cette technologie en Amérique du Nord. Une immense, d’un chiffre d’affaires de 3G$US, est située aux États-Unis. La deuxième est à Montréal, chez nous, dans nos locaux!», soutient, non sans fierté, Éric Wazana.
Âgé de 46 ans, ce dernier a immigré d’Israël au Canada en 1976, à l’âge de quatre ans. De dix ans son cadet, son frère Jacob Wazana accompagne son frère dans cette aventure à titre de copropriétaire et vice-président de Second Clothing.
En plus de permettre l’utilisation de procédés de perçage et de «délavage» de jeans plus respectueux pour l’environnement, les outils d’automatisation développés par Jeanologia offrent une plus grande flexibilité à ses artisans.
«Comme nous pouvons développer nos propres patrons, il nous suffira maintenant de quelques semaines, plutôt que 5 à 6 mois comme auparavant, pour passer de l’idée initiale d’un nouveau vêtement à la distribution de ce dernier (le produit fini) sur les tablettes des magasins », fait valoir M. Wazana.
Les frères Éric et Jacob Wazana, respectivement président et vice-président de Second Clothing, propriétaire des marques Yoga Jeans et Boulder Denim. (photo: Second Clothing)
Les quelques 37 employés du nouveau siège de Second Clothing sont toujours en période d’apprentissage. Une fois ce passage obligé terminé, dans 12 à 18 mois, la direction croit qu’elle pourra commencer à cueillir les bénéfices de ses efforts et sacrifices passés.
Des produits de A à Z
L’essentiel des vêtements de Second Clothing est toujours fabriqué à son usine (Beauce Jeans) de St-Côme-Limière, en Beauce, où un peu plus d’une centaine d’employés travaillent. Les vêtements confectionnés en Beauce sont vendus dans un millier de boutiques indépendantes au Canada et aux États-Unis. Les clients d’Europe, du Japon et d’Australie commencent aussi à découvrir ses produits.
L’entreprise agit également comme intermédiaire pour la confection de vêtements de marques maisons pour le compte de nombreuses chaînes. Dans ces cas, essentiellement pour répondre aux exigences de faibles coûts, les carnets de charge sont le plus souvent confiés en sous-traitance dans des usines du Laos, du Vietnam et de l’Île Maurice.
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Les frères Wazana refusent de dévoiler le chiffre d’affaires de l’entreprise. Ils se contentent de dire qu’il croît de 10% à 15% annuellement. Et depuis ses débuts, le dixième des revenus de l’entreprise y est réinvesti. C’est ainsi, entre autres, que cette dernière aurait réussi à constituer le fonds nécessaire aux quelques 4,5M$ de nouveaux investissements réalisés, avec l’appui de Desjardins et d’Investissement Québec.
«Nous avons le savoir-faire, l’expérience, une main-d’œuvre de haut calibre, et maintenant le dernier cri des technologies de notre industrie. À partir de là, tout est possible; y compris éventuellement offrir un produit clés en main aux clients désireux de nous confier le développement de produits de A à Z», laisse tomber le président, se gardant d’en dire davantage.
Des projets à Las Vegas
C’est donc probablement avec ce projet dans les cartons que Second Clothing accompagnera la cinquantaine de sociétés et marques montréalaises qui participeront au Magic 2019, une importante foire commerciale du domaine de la mode qui se déroule tous les ans à Las Vegas.
Ce rendez-vous, qui débutera demain (5 février) jusqu’au 7 février, permet généralement aux entreprises de présenter leurs collections automne/hiver aux acheteurs de l’industrie. Comme l’an dernier, quelque 4 000 exposants et 58 000 visiteurs sont attendus.
« Nous entendons profiter de cette occasion unique pour mettre en lumière l’originalité́, le dynamisme et l’authenticité des marques d’ici afin de renforcer le leadership de Montréal comme plaque tournante de la mode », affirme Debbie Zakaib, directrice générale de Mmode.
Avec Los Angeles et New York, Montréal ferait partie des trois grandes villes en Amérique du Nord au chapitre de la confection de vêtements, soutient Mmode, le secrétariat de la grappe de l’industrie de la mode à Montréal. En tout, le secteur de la mode montréalaise réaliserait des ventes de 8 G$ par année en biens fabriqués et en ventes des grossistes-distributeurs.
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