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Décarbone+: CAE a créé une cohorte de PME dans l’aérospatiale

François Normand|Mis à jour le 23 septembre 2024

Décarbone+: CAE a créé une cohorte de PME dans l’aérospatiale

Décarbone+ permet aux entreprises de réduire leur consommation d'énergie et de préserver leur accès aux marchés où l'on taxe de plus en plus le carbone. (Photo: Bombardier)

Trois mois après le lancement de Décarbone+, le fabricant de simulateurs de vol CAE et la grappe aérospatiale Aéro Montréal lancent une première cohorte de fournisseurs afin de réduire rapidement leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). L’objectif est de rendre ces PME plus compétitives, tout en améliorant le positionnement concurrentiel de CAE dans les marchés où on taxe de plus en plus le carbone, comme en Europe.

«On a formé une cohorte de sept entreprises. Cinq sont déjà des fournisseurs de CAE, tandis que les deux autres sont d’autres fournisseurs de l’industrie de l’aérospatiale», explique Julien Rollier, responsable de la durabilité et de la conformité environnementale chez CAE.

Il a préféré taire le nom de ces entreprises, n’ayant pas leur autorisation au moment de l’entrevue.

La création de cette cohorte se veut en fait la continuité de l’initiative Éco-responsabilité lancée par Aéro Montréal, en collaboration avec l’expertise de la fime COESIO, qui a déjà accompagné 37 PME dans leur transformation face aux facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance).

L’initiative Décarbone+ a été lancée par cinq entreprises en juin afin d’accélérer la décarbonation du Québec, dont CAE est la bougie d’allumage.

Outre le fabricant de simulateurs de vol, on y retrouve Akonovia (accompagnement en transition énergétique et en carboneutralité), le Mouvement Desjardins ainsi qu’Hydro-Québec et Énergir, qui ont toutes deux des programmes d’efficacité énergétique pour les entreprises.

La plupart des secteurs, pas seulement l’aérospatiale

Décarbone+ vise la plupart des secteurs de l’économie, pas seulement celui de l’aérospatiale.

Cela va de l’industrie (et ses sous-secteurs) au commerce de détail en passant par l’immobilier et le secteur institutionnel. Ce dernier inclut le municipal, les centres de services scolaires, les cégeps, les universités et le réseau de la santé.

Décarbone+ mise sur une approche de coaching qui s’étale sur plusieurs mois et qui comprend des cohortes sectorielles de 8 à 12 personnes. Cette approche s’inspire de l’École d’entrepreneurship de Beauce.

Cette école forme des cohortes de gestionnaires et des chefs d’entreprise pour les transformer afin qu’ils «propulsent» la croissance de leur organisation, stimulant du coup l’économie du Québec.

Débarbone+ vise quant à elle à coacher des membres de la direction, des responsables en développement durable/ESG ainsi que des responsables d’opération et de maintenance afin qu’ils propulsent leur organisation pour accélérer la décarbonation de l’économie du Québec.

Deux bénéfices concrets pour les entreprises

Outre les bénéfices pour l’environnement, la décarbonation rend aussi les entreprises plus compétitives, explique Julien Rollier.

Premièrement, elles consomment plus efficacement l’énergie (même si elle est renouvelable), ce qui leur permet de réduire leur facture énergétique et de créer de nouvelles capacités financières.

Deuxièmement, elles préservent leur accès aux marchés dans lesquels des gouvernements s’apprêtent à imposer des tarifs douaniers pour l’importation de produits à haute teneur en carbone. On peut notamment citer l’exemple des 27 pays de l’Union européenne, avec le Carbon Border Ajustment Mechanism (CBAM), à compter de 2026.

«Nous avons nous-mêmes de la pression dans notre chaîne d’approvisionnement à propos du CBAM, comme de la part d’Airbus», affirme Julien Rollier.

C’est la raison pour laquelle il est important pour CAE de décarboner ses fournisseurs stratégiques de premier niveau (ou tiers one, comme on dit en anglais).

Cela dit, son objectif va beaucoup plus loin que sa propre et unique chaîne de valeur ; son implication dans décarbone+ vise à répliquer ce modèle dans la plupart des secteurs de l’économie québécoise.

«On souhaite que des OEM (des donneurs d’ordres) comme nous forment des cohortes dans d’autres secteurs avec leurs propres fournisseurs stratégiques», explique Julien Rollier.

Le responsable de la durabilité et de la conformité environnementale chez CAE y voit deux bénéfices majeurs pour le Québec: notre économie se décarbonera plus rapidement et les entreprises amélioreront ensemble leur efficacité.

Huit modules flexibles pour les entreprises

Décarbone+ propose huit modules de formation. Toutefois, ils ne s’appliquent par nécessairement à toutes les entreprises qui ont recours aux services de Décarbone+. En fait, tout dépend de la taille, de l’industrie et du niveau de maturité des organisations dans leur processus de décarbonation.

  • Modules 1 et 2: ils visent à mobiliser l’entreprise et à former son équipe interne de décarbonation.
  • Modules 3 et 4 : ils visent à développer le bilan carbone de l’organisation.
  • Module 5 : il vise à fixer des cibles de réduction de GES pour l’entreprise.
  • Module 6 : il vise à mettre sur papier le plan de réduction, qui comprend des audits et des analyses, sans parler de nouvelles opportunités qui peuvent se présenter en cours de route et leurs conséquences.
  • Modules 7 et 8 : ils visent à évaluer et prioriser les opportunités de décarbonation, et à les présenter à la direction. Si on a le feu vert, on peut alors commencer à implanter les solutions et mesurer le bilan annuel des réductions d’émissions de GES.

L’initiative Décarbone+ n’est pas un service gratuit, même si le coût est peu élevé, selon l’organisme qui a un budget de fonctionnement d’environ 300 000$ par année.

Les entreprises, dont des employés participeront aux cohortes sectorielles, pourront aussi bénéficier des ressources et de l’accompagnement des partenaires énergétiques que sont Hydro-Québec et Énergir.

C’est sans parler de Desjardins qui offre de plus en plus d’offres de financement pour les entreprises qui souhaitent réduire leur empreinte carbone.

Les cohortes sectorielles peuvent aussi bénéficier de l’expertise et de l’expérience d’Akonovia et de CAE.