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Des acquisitions motivées par la pénurie de main-d’oeuvre

Emmanuel Martinez|Publié le 09 novembre 2021

Des acquisitions motivées par la pénurie de main-d’oeuvre

«On est surpris qu’une des motivations, c’est l’acquisition d’employés», explique Pierre Cléroux, vice-président, Recherche et économiste en chef à BDC.

La pénurie de main-d’œuvre n’en finit plus d’avoir des conséquences inattendues. Elle serait maintenant un facteur qui pousse les PME à faire des acquisitions ou des fusions, selon une étude dévoilée aujourd’hui par la Banque de développement du Canada (BDC).

«On est surpris qu’une des motivations, c’est l’acquisition d’employés, explique Pierre Cléroux, vice-président, Recherche et économiste en chef à BDC, en entrevue. C’est sûrement lié à la pandémie et à la pénurie de personnel.»

D’après le sondage mené par la BDC, l’acquisition de nouveaux talents comme facteurs d’acquisition a bondi. Elle est identifiée par 30% des PME interrogées, alors que ce n’était que 20% avant la pandémie. Un autre élément de plus en plus considéré pour les entreprises qui veulent grossir, c’est l’acquisition de nouvelles technologies. Ce point est maintenant cité par 25% des entreprises sondées, contre seulement 14% avant la crise de la COVID-19.

«Ces deux facteurs ont beaucoup augmenté. C’est nouveau, note Pierre Cléroux. La pandémie a modifié l’environnement des PME qui se retrouvent avec plus de commerce en ligne et de télétravail. Elles doivent aussi accroître leur efficacité pour rester concurrentielles.»

L’étude montre que 13% des PME canadiennes ont l’intention de prendre de l’expansion grâce à une fusion ou une acquisition. La BDC croit que c’est un excellent moyen de croître. Elle souligne que les PME qui en acquièrent d’autres sont deux fois plus susceptibles d’enregistrer une hausse des ventes supérieure à la moyenne de leur secteur d’activité que celles qui ne le font pas.

Avec le capital qui est relativement abondant et des entrepreneurs vieillissants qui désirent se départir de leurs actifs, le marché des acquisitions restera vigoureux, prévoit l’organisme fédéral. Il mentionne que le quart des entrepreneurs canadiens souhaitent vendre ou fermer leur entreprise au cours des cinq prochaines années. Environ 31% d’entre elles sont au Québec. La province est donc surreprésentée, car elle n’accueille que 21% des entreprises canadiennes.

«L’enjeu est vraiment démographique, note M. Cléroux en parlant des ventes. Ce qui est surprenant, c’est à quelle vitesse a repris le transfert d’entreprise après le ralentissement au début de la pandémie.»

Environ 12% des entrepreneurs au pays ont 65 ans et plus. Et près de 60% ont plus de 50 ans. De quoi stimuler les transactions pendant encore de nombreuses années.

La crise de la COVID-19 a aussi influencé les domaines d’activités pour les acquisitions. La proportion du nombre transactions d’entreprises œuvrant dans la santé est passée de 7% à 19%, tandis que celle du secteur des technologies de l’information et de la communication a grimpé de 8% à 15% avant et après le début de la pandémie.

 

Le mythe de la vente à l’étranger

L’étude de la BDC déboulonne aussi le mythe voulant que les entreprises canadiennes soient davantage avalées par des rivaux étrangers que le contraire.

«La réalité c’est que nos entrepreneurs sont très dynamiques et qu’ils achètent beaucoup à l’étranger», affirme l’économiste en chef de la BDC.

De 1996 à 2020, les PME canadiennes ont fait presque deux fois plus d’acquisitions à l’étranger que celles venues d’ailleurs au pays.

 

Conseils pour les entrepreneurs

La BDC offre aussi des conseils aux entrepreneurs qui veulent vendre ou acheter une entreprise. Elle souligne l’importance pour la direction de mobiliser ses effectifs en expliquant bien quelle route elle compte suivre, qu’elle soit du côté des acheteurs ou des vendeurs.

Quatre stratégies «gagnantes» sont donc présentées pour réussir une acquisition. La BDC les résume ainsi:

 

  1. Prévoir l’acquisition dans le plan stratégique de l’entreprise ;
  2. Se consacrer à l’acquisition, car cela prendra du temps ;
  3. Mettre en œuvre le plan d’intégration dès le premier jour ;
  4. Prévoir de mauvaises surprises.

 

Dans le cadre de cette recherche, 1 563 entrepreneurs canadiens ont été interrogés en ligne en mai et juin 2021. Des entretiens avec des experts ainsi qu’avec des entrepreneurs qui ont déjà réalisé des acquisitions ont également été effectués.