EDI:«la solution la plus humaine possible» grâce à l’informatique
Emmanuel Martinez|Publié le 04 juillet 2022Les fondatrices de la start-up Élance, Dahlia Jiwan et Tina Pranjic. (Photo: Courtoisie)
Depuis ses débuts, la machine a souvent été considérée comme déshumanisante. Mais la start-up montréalaise Élance compte au contraire se servir de l’informatique pour trouver des solutions plus centrées sur les gens afin de régler les problèmes d’équité, de diversité et d’inclusion (EDI) au travail.
Elle a recours à une plateforme web pour consulter les employés d’une entreprise afin d’en arriver à un meilleur diagnostic en matière d’EDI et ainsi mieux arrimer les formations.
«Ce n’est pas une innovation à proprement dit, mais cela en est une dans notre domaine qui est encore très face à face, très papier et pas automatisé, explique la cofondatrice d’Élance, Dahlia Jiwan, en entrevue téléphonique. Devant l’ordinateur, le cadre ou l’employé est beaucoup plus ouvert et transparent. Il est plus à l’aise de donner son opinion, sachant que c’est totalement anonyme.»
«Donc selon moi, notre approche constitue la solution pour donner un service le plus humain possible, pour contrer les biais et ultimement pour avoir des lieux de travail plus sains.»
La jeune dirigeante vante les possibilités de croiser les données pour faire un meilleur état des lieux et prendre les actions nécessaires pour remédier aux problèmes. En travaillant comme consultante en EDI, Dahlia Jiwan et sa partenaire d’affaires Tina Pranjic ont vu les limites des pratiques existantes.
«On s’est rendu compte qu’il y a un désir des entreprises de bien faire les choses, mais qu’il existe un écart entre les intentions et les résultats, explique Mme Jiwan. Il y a une volonté de changement, mais la concrétisation est ardue parce qu’il n’y a pas de cadre. Le dirigeant ne sait pas où se tourner pour y arriver.»
Elle attribue en partie le problème à «un manque de rigueur pour la collecte de données».
«Notre approche, c’est d’être ancré dans la donnée avec une plateforme accessible à tous les employés qui vont se brancher pour répondre à des questionnaires et suivre des microformations», note-t-elle.
«Il faut un changement de paradigme pour que la rigueur s’applique à l’EDI. Il faut des indicateurs et des cibles dans notre domaine comme on en a en matière de finance par exemple en entreprise.»
Élance a donc créé des indicateurs pour mesurer des phénomènes comme le sentiment d’appartenance, celui d’équité, la cohésion des équipes ou leur niveau de satisfaction.
«C’est notre recette secrète», confie la patronne.
Évaluation selon son secteur
Dahlia Jiwan estime qu’avec de meilleures données, l’organisation faisant l’objet d’une évaluation sera mieux outillée pour agir. Elle pourra par exemple constater que les ressources humaines sont aux prises avec un problème qui n’existe pas aux ventes et vice-versa, ce qui signifie que les actions à prendre ou les formations à suivre seront différentes selon le département.
Avec le temps, elle rêve de se constituer une banque de données par industrie pour mieux aider ses clients.
«On voudrait comparer les données d’un client avec celles des entreprises du même secteur, précise-t-elle. Avoir accès aux données du marché, c’est une mine d’or.»
Élance peaufine ses logiciels d’intelligence artificielle pour pouvoir s’en servir l’an prochain, afin d’être plus efficace dans l’analyse des données. La jeune pousse souligne que ses services s’adressent à des entités d’au moins 150 employés.
«Sincèrement, d’après mon expérience, il n’y a pas un gestionnaire qui veuille des espaces non sécuritaires et discriminatoires, mais il manque d’outils, affirme Mme Jiwan. On espère faire partie de la solution.»