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Les entreprises d’ici achètent plus à l’étranger qu’elles ne sont achetées

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑juin 2024

Les entreprises d’ici achètent plus à l’étranger qu’elles ne sont achetées

Eric Cardinal, conseiller en fusions et acquisitions depuis une vingtaine d’années et vice-président du M&A Club (Photo: courtoisie)

FUSIONS ET ACQUISITIONS. Contrairement à la croyance populaire, l’achat d’entreprises québécoises par des intérêts étrangers est moins fréquent que les acquisitions à l’extérieur du Québec par des entreprises d’ici.

D’après les chiffres du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec, les entreprises québécoises ont acquis 527 entreprises ailleurs au Canada ainsi qu’à l’étranger du 1er janvier 2018 jusqu’au 30 avril dernier. Pour la même période, 368 entreprises d’ici sont passées entre des mains du reste du pays ou de l’étranger.

« On publicise beaucoup l’achat d’une entreprise locale par un étranger, mais on parle moins de l’achat québécois à l’étranger, donc cela fausse les perceptions », affirme Eric Cardinal, conseiller en fusions et acquisitions depuis une vingtaine d’années et vice-président du M&A Club, un réseau de professionnels pancanadien.

C’est en 2019 que les entreprises québécoises ont été les plus gourmandes, avec 116 acquisitions à l’extérieur de la province, suivie par l’année 2018, avec 102. Ces deux années ont aussi été les plus actives pour les intérêts étrangers dans la province, avec 79 acquisitions en 2018 et 73 en 2018.

En 2022, il y a eu deux fois plus d’étrangères achetées que d’entreprises québécoises vendues, soit 82 contre 40.

« On voit des acquisitions dans des pays de plus en plus variés, comme en Europe, au Japon, en Australie ou au Brésil », mentionne la vice-présidente au capital de croissance et au transfert d’entreprise pour le Québec à la BDC, Louise Langevin.

« Les transactions dans d’autres pays sont plus complexes du côté juridique et fiscal, donc il faut s’assurer de garder des personnes clés en place », poursuit-elle.

Nos cousins aiment le Québec

Le Québec et le Canada restent des endroits recherchés par les investisseurs, en particulier les Américains.

« On a un bon flot d’investissements étrangers même si c’est un peu moins qu’il y a cinq ans », estime Angelo Noce, associé chez Blakes en fusions et acquisitions et capital-investissement.

Publié en mai, le plus récent rapport de la BDC sur le capital de risque montrait que des fonds étrangers se retrouvaient dans 57 % des transactions canadiennes en 2023. Il s’agit d’un sommet depuis 20 ans. Par volume, la part des Américains est passée de 23 % en 2018 à 34 % en 2023. Celle de l’Europe a plus que doublé, grimpant de 6 % à 13 % durant la même période. La France est le deuxième pays investisseur au Québec en nombre de projets et en valeur (en excluant la filière batterie), derrière les États-Unis, en 2022-2023.

L’avocat Alexandre Normandin-Lussier constate que les entreprises françaises sont de plus en plein intéressées par des acquisitions au Québec.

« Il y a un « momentum », dit l’associé dans le groupe du droit des affaires pour l’axe Canada-France au cabinet DS Avocats. Le Québec est un choix idéal pour une société française qui veut s’internationaliser. Il y a une stabilité politique, économique, réglementaire et juridique, ainsi que l’attrait de la langue et une main-d’œuvre qualifiée. »

Selon lui, la nouvelle politique d’immigration francophone, notamment pour le repreneuriat, encourage les Français à acquérir des entreprises québécoises. Même chose pour les zones d’innovation créées par l’État québécois.

« Plus d’entreprises françaises vont acheter ici, affirme l’avocat. C’est sans équivoque. »

Achats à l’étranger et ventes à des étrangers

2018

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 102

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 79

2019 

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 116

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 73

2020

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 74

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 47

2021

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 77

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 62

2022

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 82

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 40

2023

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 66

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 53

2024 (au 30 avril)

Achats d’entreprises étrangères par des entreprises québécoises : 10

Ventes d’entreprises québécoises à des intérêts étrangers : 14

Source : ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec

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