Sébastien Jobin, vice-président ventes et marketing, Claudia Lemieux, vice-présidente achats et développement, et Martin Jobin, président, sont les trois copropriétaires de Ganka. (Photo: Marc-Éric Baillargeon)
Vous ne le savez pas, mais vous avez probablement chez vous un produit conçu par Ganka, une PME de la région de Québec qui passe sous le radar même si elle existe depuis 1935.
Appelée à l’origine la Ganterie Canadienne avant de changer de nom dans les années 1970, cette entreprise de L’Ancienne-Lorette conçoit, importe et distribue en gros de l’équipement de camping, de plein air et de chasse, ainsi que des vêtements pour le travail, les sports motorisés et la vie de tous les jours. Elle possède ses propres marques comme 10-4, GKS ou Läska, mais elle se spécialise surtout dans le domaine de la «marque blanche», c’est-à-dire dans la conception et la distribution de produits vendus chez plusieurs détaillants sous des marques qui ne lui appartiennent pas. Ce créneau représente 70% de ses revenus.
Déjà présente d’un océan à l’autre au Canada, Ganka est sur le point de faire une percée majeure aux États-Unis grâce à une entente avec Remington. Ce géant américain lui fait confiance pour créer, fabriquer et distribuer en son nom une vaste gamme de produits, dont des vêtements et des chaussures, auprès de grands détaillants dès septembre 2023.
« Cela va changer la donne pour nous, explique en entrevue téléphonique le président Martin Jobin. On compte augmenter notre chiffre d’affaires de 50 % d’ici 2-3 ans. Et aux États-Unis, Remington c’est comme le Canadien de Montréal, tout le monde connait ça. En volume, c’est impressionnant.»
Par exemple, la PME d’une quarantaine d’employés importe plusieurs centaines de milliers de bas annuellement, mais ce chiffre devrait être multiplié par au moins dix avec ce contrat. Elle s’était «mise à rêver», lorsque ce célèbre fabricant d’armes américain l’a approché il y a un an et demi. Les deux finalement ont réussi à s’entendre récemment et Ganka s’est alliée à une tierce partie aux États-Unis pour s’occuper des ventes et de la distribution.
Depuis longtemps en Chine
Le défi sera donc de livrer la marchandise, mais cela n’inquiète pas trop Martin Jobin.
«Le risque, c’est les fournisseurs et la chaine d’approvisionnement, mais on a un bureau en Chine depuis 2019. Cela nous donne un avantage.»
La PME est présente dans ce pays communiste depuis plus d’une quarantaine d’années et a développé des relations d’affaires approfondies.
«Notre associée, Claudia Lemieux, qui est l’arrière-petite-fille du fondateur, y va depuis qu’elle est toute petite. Elle a été invitée à des mariages là-bas», note le président.
Il souligne que Ganka a connu une forte croissance durant la pandémie en raison de l’engouement pour le plein air. Sa solide présence en Chine et dans d’autres pays asiatiques comme le Vietnam ou le Pakistan lui a permis de tirer son épingle du jeu.
«La Covid nous a propulsés, dit-il. Cela a été des années extraordinaires pour nous.»
Ce qui le réjouit énormément, c’est qu’une entreprise familiale, «qui est modeste», réussisse à partir à la conquête du grand voisin américain.
«C’est le fun qu’une petite entreprise de L’Ancienne-Lorette ait cette envergure-là!»