«Les compagnies commencent à payer pour tester et elles sont contentes des résultats», affirme la cofondatrice et PDG d’InfinityQ Aurélie Hélouis. (Photo: courtoisie)
En attendant l’avènement commercial de l’ordinateur quantique, la start-up montréalaise InfinityQ a convaincu la multinationale Siemens Energy Ventures de lui faire confiance avec ses solutions de calcul inspirées par le quantique.
Pour une jeune pousse qui vise à offrir ses services partout dans le monde, il s’agit d’une collaboration prometteuse.
«C’est très encourageant, soutient en entrevue la cofondatrice et PDG d’InfinityQ, Aurélie Hélouis. Les compagnies commencent à payer pour tester et elles sont contentes des résultats.»
L’entreprise a développé une plateforme qui permet d’en arriver à des solutions pour des problèmes de calcul et d’optimisation contenant des centaines de variables. «Cette approche s’inspire du modèle ferromagnétique, car en gros la nature va converger vers l’énergie la plus faible, explique la patronne. Donc, si on reproduit ce modèle, le calcul va aller directement vers la solution optimale.»
Usage varié
Cette technologie s’applique pour des secteurs tels que le transport et la logistique, les sciences de la vie et l’énergie où on doit jongler avec des centaines de variables pour en arriver à la meilleure solution. InfinityQ estime surpasser les ordinateurs classiques en termes de rapidité tout comme les technologies 100% quantiques existantes en ce qui concerne la précision, l’efficacité, la durabilité et les coûts.
«Ce qu’on offre, c’est d’optimiser des problèmes complexes comme des horaires, la coordination de tâches ainsi que lorsqu’il y a vraiment beaucoup de contraintes ou beaucoup de conditions à remplir, affirme celle qui a déjà été officière dans la marine française et qui gérait notamment la maintenance d’avions. Cela paraît simple comme ça, mais les entreprises n’ont pas vraiment les outils aujourd’hui pour réaliser ce genre d’opérations.»
Après de petits contrats avec Siemens Energy Ventures, InfinityQ a conclu une entente de collaboration en août avec la multinationale allemande. «Cela nous permet de résoudre de nouvelles classes de problèmes d’optimisation omniprésents dans le secteur de l’énergie, ce qui nous aidera à trouver des moyens nouveaux et innovants d’accélérer la transition énergétique», déclare Nigel Gwilliam, expert sénior en aérodynamique et transfert de chaleur chez Siemens Energy, par communiqué.
De la Californie à Montréal
Fondée en 2020, InfinityQ a débuté dans l’implantation analogique se basant sur la physique quantique avant de pivoter vers le numérique. C’est une rencontre en 2022 avec Saavan Patel, un doctorant de Berkeley en Californie, qui a tout changé pour la start-up québécoise.
«On était un peu bloqués, soutient Aurélie Hélouis. Mais nous avons vu un article de Saavan qui décrivait sa machine qui était exactement ce qu’on recherchait. Puis on l’a contacté.»
Saavan Patel voulait lancer sa propre start-up après son doctorat, mais il a plutôt choisi de joindre la jeune pousse montréalaise comme chef de la technologie. Devenu actionnaire, il s’est installé avec sa femme à Montréal l’an dernier. «Il a trouvé ça vraiment super de déménager de Californie à Montréal, dit la PDG. On a été tellement chanceux de l’attirer ici.»
L’avantage du matériel informatique de la start-up, c’est que contrairement à l’intelligence artificielle, ses créateurs comprennent comment elle en arrive à un résultat, ce qui permet d’ajuster les critères afin d’optimiser la solution. L’autre atout, selon la fondatrice, c’est que sa machine nécessite beaucoup moins de données que de l’IA pour fonctionner. «On a juste besoin de saisir le modèle, et une fois que c’est compris on n’a pas besoin d’entraînement comme l’IA.»
Aurélie Hélouis estime qu’il y a de la sensibilisation à faire pour convaincre ses futurs clients.
«C’est quand même une technologie nouvelle, mentionne-t-elle. C’est une nouvelle façon de faire du calcul. Il y a un peu d’éducation à faire avec les gens.»
Des contrats comme ceux avec Siemens Energy Ventures l’aideront sûrement. D’ici trois ans, la start-up d’une quinzaine d’employés compte grossir considérablement. Avec en poche une somme remboursable de 200 000$ octroyée le mois dernier par Développement économique Canada pour les régions du Québec, elle espère se doter d’antennes aux États-Unis, à Dubaï et peut-être en Europe, afin de concurrencer ses rivaux japonais tels Toshiba et Fujitsu.