AGENT DE CHANGEMENT. The Knowledge Society (TKS)est un accélérateur pour les 13-17 ans aux grandes ...
AGENT DE CHANGEMENT. The Knowledge Society (TKS)est un accélérateur pour les 13-17 ans aux grandes ambitions. Je me suis entretenue avec une des participantes, la Canadienne Isabella Grandic. Ses travaux portent sur l’agriculture cellulaire.
DIANE BÉRARD – Tu seras conférencière à C2 Montréal. De quoi parleras-tu ?
ISABELLA GRANDIC – Je présenterai mes projections relatives à la production de viande développée en laboratoire.
D.B. – Comment devient-on chercheuse en agriculture cellulaire à 15 ans ?
I.G. – Mon but n’est pas de me spécialiser en agriculture. Je veux contribuer à résoudre de grands enjeux mondiaux par la science et la technologie. Ma spécialité est l’intelligence artificielle et l’apprentissage machine, que j’applique pour l’instant à l’agriculture. Je tente de créer un algorithme génétique qui reproduit le sérum de croissance de la viande. C’est un cocktail complexe de lipides, de protéines et d’autres nutriments. La bonne formule permettra de produire de la viande en laboratoire. Mes connaissances sont issues de rapports de recherches, de cours en ligne chez Coursera et Udacity et de rencontres avec des experts.
D.B. – Jusqu’à l’automne 2018, tu étais une élève douée du secondaire. Tu fréquentes toujours l’école, mais tu fais aussi partie de TKS. De quoi s’agit-il ?
I.G. – C’est un accélérateur pour les 13-17 ans. Les frères Navid et Nadeem Nathoo visent les adolescents qui veulent changer le monde, mais qui ignorent comment s’y prendre. Il existe des cohortes à Ottawa, New York, Boston, Las Vegas et Toronto, ma ville.
D.B. – En quoi consiste votre programme ?
I.G. – Notre semaine débute par une rencontre de trois heures, le dimanche. Nous étudions un thème et une personnalité par semaine. Nous avons exploré, entre autres, la gratitude, la concentration (comment mener une tâche sur une longue période) et la confiance en soi. Les personnalités célèbres, quant à elles, deviennent nos sources d’inspiration. Nous avons étudié Andrew Yang, candidat aux élections américaines et défenseur du revenu universel. Nos mentors voulaient voir qui oserait présenter un argumentaire contraire. On nous pousse à aller au bout de notre talent et à adopter des standards élevés pour réaliser nos ambitions. Je me suis aussi inscrite au programme Vélocité, centré sur le développement personnel, ce qui ajoute 30 minutes à ma rencontre du dimanche.
D.B. – Outre votre rencontre du dimanche, que se passe-t-il durant la semaine ?
I.G. – Chaque jour, nous communiquons entre nous grâce à Slack. Cette semaine, le thème est : concrétiser ses projets. Nous nous partageons des articles sur la productivité, par exemple. Et nous en discutons entre nous. Je passe au local de TKS trois à cinq fois par semaine. Il se trouve au centre-ville de Toronto, dans l’espace de travail partagé WeWork.
D.B. – À quoi ressemblent vos travaux ?
I.G. – Depuis trois semaines, nous travaillons en équipe sur un hackathon des paris gigantesques (moon shots). Nous cherchons des solutions qui rendront la situation 10 fois (et non 10 %) mieux. Notre équipe travaille sur les enjeux de fertilité liés à l’endométriose. Nous proposons un utérus artificiel. Nous avons un mois pour créer un site, préparer une présentation, rédiger un article long et son résumé d’une page. Les projets visent à développer nos connaissances autant que notre sens de l’organisation et notre personnalité.
D.B. – Ton superpouvoir est ta capacité à tirer de la valeur de toutes tes expériences. Explique-nous.
I.G. – J’entretiens une vision positive de la vie. Je saisis toutes les occasions d’apprentissage. J’assistais récemment au BCTechSummit, à Vancouver. À la fin de la journée, le niveau d’énergie était plutôt faible. J’ai demandé aux participants de me montrer leur pas de danse favori. Ça a fait boule de neige et j’ai noué un tas de contacts ! À TKS, nous apprenons à optimiser les ressources dont nous disposons. Ma ressource, c’est ma capacité à retourner une situation négative en un apprentissage positif.
D.B. – Les préjugés te préoccupent. Dis-nous en plus.
I.G. – Je suggère à tous de lire Factfulness: 10 reasons we’re wrong about the world. Vous verrez toutes les idées préconçues que l’on entretient. Nous devons multiplier nos sources d’information et nos interlocuteurs pour aborder les problèmes à partir de plusieurs perspectives et trouver de vraies solutions.
D.B. – Tu souhaites devenir une version féminine d’Elon Musk. Pourquoi ?
I.G. – D’abord, parce qu’il n’y a pas d’entrepreneure aussi ambitieuse que lui ! Ensuite, parce qu’il vise un changement systémique, pas des améliorations à la marge. Je connais le prix des actions de cette ampleur. Je suis prête à être critiquée et controversée pour avoir un impact important sur la société.
D.B. – Comment tes parents composent-ils avec une fille de 15 ans qui donne des conférences ?
I.G. – Ils sont déroutés. Ce sont des immigrants yougoslaves, ils valorisent la stabilité et trouvent parfois que je manque de réalisme. Mais nous sommes tricotés serré et ils m’encouragent beaucoup.
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