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Joly: le milieu financier doit faire plus pour les femmes

Emmanuel Martinez|Publié le 28 avril 2021

Joly: le milieu financier doit faire plus pour les femmes

Mélanie Joly (Photo: Getty images)

Les institutions financières doivent «en faire plus» pour favoriser l’entrepreneuriat féminin et Ottawa compte agir en ce sens, a assuré la ministre du Développement économique, Mélanie Joly, à Les Affaires.

En marge d’un webinaire sur les femmes en entrepreneuriat et l’impact de la COVID-19, l’élue montréalaise a reconnu mardi que la crise a davantage touché les dirigeantes de PME, qui sont très concentrées dans le domaine des services, notamment dans les sous-secteurs associés au tourisme comme la restauration.

«La crise a exacerbé la situation des femmes entrepreneures», a mentionné la ministre en soulignant qu’elles étaient déjà sous-représentées dans le monde des affaires avant la pandémie.

Mélanie Joly a précisé qu’un des obstacles est l’accès au financement. «Les institutions financières doivent en faire plus pour aider les femmes entrepreneures», a-t-elle déclaré.

Pour la députée d’Ahuntsic-Cartierville, c’est une question de bon sens. «Tout le monde s’entend pour dire que si les femmes participaient plus au marché du travail, cela générerait davantage de croissance. Le milieu financier est rendu là. Cela a pris des années pour s’y rendre, mais je crois qu’on réalise que c’est une simple question économique», a-t-elle ajouté en entrevue.

La ministre estime que la «bonne collaboration» vécue avec les banques pour livrer les aides gouvernementales, comme des garanties de prêt, devrait permettre d’arriver à un «code» permettant aux femmes d’avoir leur part du gâteau pour lancer ou consolider leur entreprise.

Néanmoins, des consultations seront nécessaires et aucun échéancier n’a été établi.

 

L’accès aux contrats

Un autre problème que doivent surmonter les entrepreneures est l’accès aux contrats de l’État ou de grandes organisations privées ou parapubliques.

Ottawa a donc lancé une modernisation de ses processus d’approvisionnement pour aider les entreprises appartenant à des groupes minoritaires, comme les femmes, les gens issus de l’immigration ou les autochtones.

«Pour des femmes qui ont des contrats avec le gouvernement, cela va les aider parce qu’elles savent qu’elles seront payées. De plus, elles auront aussi plus de facilité pour obtenir du financement d’institutions privées», a fait remarquer la ministre Joly.

Le fédéral voudrait donc faire passer de 10% à 15% la part des contrats accordés aux minorités.

La présidente-directrice générale du Réseau des Femmes d’affaires du Québec, Ruth Vachon, estime que cet objectif est très important.

«C’est énorme en matière de retombée. C’est une mesure concrète qui peut avoir un grand impact en matière de relance et de croissance pour les entreprises féminines», a-t-elle souligné en entrevue.

«Le gouvernement montre ainsi l’exemple. Le fait que le gouvernement se mouille, cela donne de la crédibilité. Et si les femmes arrivent avec des contrats en poches, le financement sera beaucoup plus facile», a ajouté celle qui siège aussi sur un comité à ce sujet pour Services publics et Approvisionnement Canada.

 

Optimisme

Elle estime qu’un meilleur accès pour les entrepreneures aux contrats de grandes organisations peut passer par différentes mesures. Par exemple, si plusieurs soumissionnaires sont choisis, on pourrait réserver l’équivalent de 15% des places pour des entreprises féminines. Ou encore, lors de l’évaluation des soumissions, des points supplémentaires pourraient être accordés spécifiquement pour les femmes ou les minorités.

Ruth Vachon reconnait toutefois que modifier les règles d’approvisionnement au fédéral s’annonce très ardu.

«C’est une méchante machine à tourner. C’est très complexe», a-t-elle dit.

Ruth Vachon se montre toutefois plus optimiste pour l’assouplissement des critères des institutions financières pour financer des femmes, une mesure «beaucoup plus réalisable», selon elle.

En attendant, le fédéral a annoncé dans le dernier budget 146 millions de dollars sur quatre ans pour renforcer la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat.

«Cela va permettre à des organisations comme les nôtres de mieux soutenir les entrepreneures», a fait remarquer  Sévrine Labelle, présidente-directrice générale de Femmessor. 

Malgré les durs coups portés aux entreprises féminines dans le domaine des services durant la crise, elle souligne que le désir d’entreprendre semble avoir moins baissé chez les femmes que chez les hommes.

«Je suis remplie d’espoir. On n’a jamais eu autant le momentum pour que les femmes prennent leur place dans l’économie», a précisé Sévrine Labelle.