La devise des entrepreneurs québécois:«Je veux changer le monde»
Emmanuel Martinez|Publié le 16 avril 2021Étienne St-Jean, professeur en management des PME à l’UQTR et chercheur de l’Institut de recherche sur les PME. (Photo: courtoisie)
On croit souvent que des gens se lancent en affaires pour s’enrichir, mais le Québec se distingue des autres pays: ici, c’est surtout pour «changer le monde», selon une nouvelle étude obtenue par Les Affaires.
Le Québec est l’endroit où la proportion d’entrepreneurs se disant en démarrage pour faire une différence dans la société est la plus forte parmi 23 pays, selon le rapport Global Entrepreneurship Monitor (GEM) sur la situation de l’entrepreneuriat au Québec (2019) de deux professeurs de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Il s’agit d’une motivation partagée par 74,1% des entrepreneurs québécois se lançant en affaires d’après les sondages effectués pour cette étude. C’est nettement plus marqué que les répondants des États-Unis (66,4 %) en deuxième place et que ceux du reste du Canada (65, 4%) au troisième rang. Souvent considérée comme un modèle, la Suède ne semble pas trop préoccupée par des considérations de changements de société lorsque vient le temps de lancer une entreprise. Seulement la moitié des entrepreneurs émergents de ce pays scandinave ont été enthousiasmés par cette question.
En fin de liste, les entrepreneurs de la Corée du Sud semblent avoir des considérations plus restreintes puisqu’ils sont seulement 9,3% à vouloir «faire une différence dans le monde», tout juste derrière les répondants d’Italie et d’Irlande.
Tradition familiale
La création de richesse et l’engrangement de revenus incitent 54,1% des entrepreneurs émergents sondés du Québec, au neuvième rang. On est loin des Italiens, dont 95,4% de ceux qui lancent leur entreprise sont motivés par l’appât du gain.
Ils sont aussi nombreux au Québec à tomber dans l’entrepreneuriat pour poursuivre une tradition familiale (56,5%). Seuls les répondants d’Allemagne, d’Irlande et de Pologne ont cette fibre en plus haute estime.
Finalement, l’idée de créer son entreprise parce qu’il faut gagner sa vie dans un environnement où les emplois sont rares est partagée par 54,4% des entrepreneurs québécois, au huitième rang.
Montréal en première place!
Ce rapport offre aussi une comparaison entre Montréal et dix autres régions du monde pour la qualité de l’écosystème entrepreneurial, et la métropole a terminé en première place, à égalité avec Riyad en Arabie saoudite.
Montréal s’est notamment distingué pour ses infrastructures.
«Même si on chiale beaucoup sur les nids de poule et les routes, on se rend compte que l’état des routes ne constitue pas un obstacle important», a dit un peu à la blague, en entrevue, le coauteur du rapport, Étienne St-Jean qui est professeur en management des PME à l’UQTR et chercheur de l’Institut de recherche sur les PME. Il note que les infrastructures internet et de télécommunications de la métropole sont bien notées.
La demande locale pour les produits et services des entrepreneurs ainsi que la facilité à réseauter sont aussi des points forts de Montréal. Les tracasseries bureaucratiques sont cependant considérées comme un poids plus lourd qu’ailleurs.
«C’est le principal point d’amélioration. Simplifier la paperasse et la bureaucratie pour faire des affaires est désiré par les entrepreneurs qui s’en plaignent», a précisé Étienne St-Jean.
Même s’il est réconfortant de voir Montréal en tête, on ne peut toutefois pas tirer de grandes conclusions de ce petit classement qui a été effectué auprès de villes ou régions qui voulaient y participer. On y retrouve deux provinces canadiennes (Alberta et Nouvelle-Écosse), deux villes européennes (Madrid et Bratislava), la région de la Catalogne, trois villes arabes (Le Caire en Égypte, Riyad et Abou Dabi), Tel-Aviv en Israël et Sao Paulo au Brésil.
Donc il n’y a aucune comparaison avec des villes nord-américaines avec lesquels Montréal est en concurrence.