photo : Marvin Meyer pour Unsplash
La crise de la COVID-19 a ralenti l’élan entrepreneurial au Québec, sans toutefois faire trop de dégâts, selon un rapport du consortium du Global Entrepreneurship Monitor, publié mardi.
La proportion de nouveaux entrepreneurs au Québec l’an dernier a été la plus faible depuis 2016. Il se situait toute de même à 5,9% en 2020, soit le troisième meilleur parmi les pays de l’OCDE étudiés. Le reste du Canada figurait au premier rang de cette catégorie.
L’intention de démarrer une entreprise dans les trois prochaines années en a aussi pris pour son rhume avec la pandémie pour s’établir à 18,2% en 2020 chez les adultes québécois, alors que cette proportion était de 21,1% en 2019. Le Québec se classe tout de même en 6e position des pays comparables. C’est légèrement en dessous des États-Unis, mais au-dessus du reste du pays.
Environ 66,8% des entrepreneurs émergents québécois déclarent avoir vu leur démarrage rendu difficile à cause de la pandémie. Seuls ceux d’Espagne,de Grèce, du Chili et de l’Italie affirment avoir connu des embûches dans une plus grande proportion. Par contre, seulement 33,8 % ces entrepreneurs émergents québécois disent avoir vécu des problèmes de croissance en raison de la COVID-19. C’est le 4e taux le plus faible parmi les 20 pays étudiés.
Plus de peur
La peur de l’échec a fait un bond l’an dernier chez les entrepreneurs québécois pour atteindre 53,7% d’entre eux. Il s’agit d’un pic jamais observé qui reste tout de même bien plus bas qu’ailleurs au Canada (63,3%). C’est environ 11 points de pourcentage de plus qu’en 2019.
«En considérant que 29,0% des adultes au Québec connaissent personnellement un entrepreneur qui a fermé suite à la pandémie de Covid-19, il est possible que cela ait pu générer une plus grande peur de l’échec. Les années subséquentes seront intéressantes afin de voir à quelle vitesse cette peur s’estompera dans le temps», a affirmé un des deux auteurs de l’étude au Québec, Marc Duhamel, professeur à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Les entrepreneurs d’ici ont été cependant rassurés par les programmes de soutien financier mis en place par les gouvernements pour les aider. Quelque 63,3 % des entrepreneurs émergents les ont jugés efficaces contre 73,2% pour les entrepreneurs établis. Il s’agit respectivement du troisième et du plus haut taux de satisfaction parmi les pays examinés.
Résilience
Chez les entrepreneurs établis au Québec, seulement 45,7% d’entre eux ont vu leur croissance être affectée par la COVID-19, une des plus modestes proportions parmi les territoires présentés dans cette recherche. De plus, 54,7% ont eu des occasions d’affaires induites par la pandémie, ce qui place le Québec au 2e rang mondial.
«Somme toute, les entrepreneurs du Québec ont fait preuve de résilience et ont réussi à s’adapter aux mesures sanitaires et à l’incertitude qui entourent la pandémie de COVID-19. Pour certains, cela a même été très profitable et leur a permis de conquérir de nouveaux marchés», a précisé le professeur Étienne St-Jean de l’UQTR, coauteur de l’étude.
Autre point positif, les sorties entrepreneuriales ont été en baisse dans la province, malgré la crise du coronavirus. Seulement 5,1 % des entrepreneurs ont fermé les livres l’an dernier contre 7,7 % en 2019 dans la province. «Le Québec semble réussir davantage qu’ailleurs au pays à favoriser les transferts d’entreprises, a mentionné Marc Duhamel. L’accompagnement est mieux structuré au Québec que dans les autres provinces canadiennes. À terme, cela devrait conduire à une pérennité et une croissance plus soutenues des entreprises au Québec.»