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La transition écologique transforme la culture organisationnelle

Emilie Laperrière|Édition de la mi‑novembre 2024

La transition écologique transforme la culture organisationnelle

Pour réussir leur transition écologique, les entreprises doivent s’appuyer sur des gestionnaires et des membres de CA engagés. (Photo: Adobe Stock)

TRANSITION ÉCOLOGIQUE. Des clients sensibles à la crise climatique, des employés qui s’impliquent, des gestionnaires et des membres du CA engagés et conscients des occasions d’affaires : pas de doute, la transition écologique des entreprises est une transformation foncièrement humaine.

Seulement la moitié (52 %) des entreprises du Québec estiment qu’elles opèrent dans un climat d’affaires qui est propice à leur transition écologique. C’est ce que constate Québec Net Positif, un laboratoire d’idées sans but lucratif. Son Baromètre de la transition des entreprises 2024 sera publié le 19 novembre prochain. La directrice générale, Anne-Josée Laquerre, a néanmoins dévoilé quelques données en exclusivité à Les Affaires.

Si ces chiffres restent stables depuis 2023, ils varient grandement selon le secteur d’activité. En aérospatiale, par exemple, 71 % des organisations croient que l’écosystème favorise leur virage vert.

« C’est un secteur qui émet beaucoup de gaz à effet de serre, qui subit une forte pression de conformité. Ce sont des entreprises exportatrices, dans des marchés avec des exigences de divulgation. Tout ça vient teinter la culture organisationnelle. Quand les entreprises de ton secteur bougent, c’est plus facile de s’aligner », explique Anne-Josée Laquerre.

Bien des entreprises ne savent pas par où commencer, remarque pour sa part Nicolas Turgeon, directeur de la productivité durable à Investissement Québec. « Ça prend de la volonté, du financement et des ressources humaines mobilisées. Malgré tout, l’écart entre la volonté d’agir et le passage à l’action perdure. »

L’incontournable culture

Au cours de la dernière année, la transition vers une économie bas carbone a influencé la culture organisationnelle des entreprises. C’est vrai pour près du quart (24 %) des PME et pour 41 % des grandes organisations. Il s’agit d’une tendance à la hausse comparativement aux années précédentes.

« On voit qu’avoir une équipe de direction informée, consciente de l’urgence et prête à faire les choses autrement corrèle avec davantage de mise en œuvre d’actions climatiques. Encore plus si le CA est aussi engagé », estime Anne-Josée Laquerre.

Certaines entreprises sont notamment axées sur les exigences de conformité tandis que d’autres s’intéressent aux risques ou aux occasions d’affaires à saisir. Le plan d’action en développement durable peut également prendre différentes avenues.

« On veut choisir des actions concrètes, faciles à implanter, qui offrent des gains rapides sur les plans environnemental, social et économique », souligne Nicolas Turgeon. Des matières premières provenant de sources plus locales ou une gestion plus serrée des déchets peuvent faire partie de la solution.

Les compétences vertes sont désormais recherchées au sein des conseils d’administration. « On veut de plus en plus une personne sur le CA qui devient l’ambassadeur du climat. Certaines équipes demandent aussi aux administrateurs d’être formés sur le sujet », selon Anne-Josée Laquerre.

Ils peuvent ainsi poser les bonnes questions et considérer notamment la consommation d’énergie lors de l’achat de nouveaux équipements.

« Avec la mouvance environnementale, sociale et de gouvernance (ESG), ça devient une nécessité, croit Nicolas Turgeon. Les administrateurs et les membres de la direction ont un rôle de leaders à jouer. »

L’humain au cœur du virage

On ne peut dissocier transition écologique et humains, croit Anne-Josée Laquerre. « La principale source de pression pour les entreprises vient des clients, illustre-t-elle. Et le principal élément déclencheur, nez à nez avec la crise climatique, repose sur les idées et les préoccupations du personnel. »

Afin de mobiliser les employés, les organisations mettent sur pied des comités verts ou modifient les critères de bonus des dirigeants. « C’est le cas, par exemple, à Énergir. Les personnes aux ventes étaient auparavant récompensées selon le volume de gaz vendu. Aujourd’hui, elles doivent contribuer à réduire le volume de gaz vendu pour obtenir une compensation. »

Sans avancer de chiffres, la directrice générale de Québec Net Positif révèle que le composant le plus important pour que les entreprises agissent est l’expertise. « Quand l’équipe de direction compte sur de l’expertise interne ou externe, la mise en œuvre d’actions climatiques est significativement plus élevée. »

Elle ajoute que des employés et des gestionnaires, que ce soit aux ressources humaines, à la production ou aux achats, sont prêts à relever ce défi. « Ces gens peuvent intégrer ces considérations dans leurs décisions au quotidien. C’est un travail d’équipe », dit-elle.

Les firmes de consultants, les grappes industrielles, les chambres de commerce et les institutions financières comprennent aussi des experts pouvant accompagner les entreprises dans leur transition.