Le budget fédéral mieux accueilli par le CPQ que par la FCEI
Emmanuel Martinez|Publié le 07 avril 2022«C’est fort plausible que plusieurs PME ne passeront pas à travers la prochaine saison dans le domaine comme le tourisme ou la restauration», a dit le président du CPQ, Karl Blackburn. (Photo: 123RF)
BUDGET FÉDÉRAL. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) et le Conseil du patronat du Québec (CPQ) ont tous deux déploré l’absence de soutien prolongé pour les entreprises œuvrant des secteurs durement touchés par la pandémie comme l’hébergement et la restauration dans le budget fédéral présenté jeudi.
«Le budget est une opportunité ratée pour aider les entreprises qui en ont arraché durant la pandémie, a déclaré Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI, en entrevue téléphonique. Les entreprises qui ont dû s’endetter ou qui ont dû fermer temporairement, il n’y a pas de mesures pour les aider.»
Le CPQ fait valoir que les subventions salariales, ainsi que les aides pour les prêts et les loyers auraient dû être prolongés pour se poursuivre jusqu’à l’automne, afin de pouvoir passer à travers l’été sans tracas.
«Malheureusement, cela se termine en mai, regrette le président du CPQ Karl Blackburn, en entrevue. C’est fort plausible que plusieurs PME ne passeront pas à travers la prochaine saison dans le domaine comme le tourisme ou la restauration.»
Le président du CPQ, Karl Blackburn. (Photo: courtoisie)
Des mesures appréciées
«On est somme toute satisfaits du budget qui a été présenté», affirme le dirigeant du CPQ.
Il voit d’un bon œil le fait que la robustesse de l’économie canadienne permette à Ottawa d’investir dans l’innovation et l’économie verte dans son budget, tout en permettant le retour à l’équilibre budgétaire dans quelques années.
Le gouvernement fédéral a annoncé la création d’un fonds de croissance dans lequel il investira 15 milliards de dollars (G$) en cinq ans. Ce fonds aura trois objectifs: réduire les émissions de gaz à effet de serre, investir dans les nouvelles technologies et appuyer la restructuration de la chaîne d’approvisionnement. Des crédits d’impôt pour des mesures vertes sont aussi au menu tout comme d’une agence d’innovation.
«On doit saluer cela, dit Karl Blackburn. On utilise la vigueur économique pour propulser l’innovation et la croissance verte. Ce sont de bonnes sommes qui sont investies.»
La FCEI a noté un autre point positif dans ce budget, soit l’élargissement du critère d’admissibilité pour les PME bénéficiant d’un taux d’imposition réduit à 9% sur leur première tranche de 500 000$ de revenus. Pour y avoir droit, une entreprise doit avoir des dépenses de capitale de moins de 10 millions de dollars (M$). Et ce taux grimpe jusqu’à 15 % lorsque les dépenses atteignent 15 M$. Le gouvernement fédéral propose de lever ce plafond pour le fixer à 50 M$.
«Cela va toucher pas mal d’entreprises. C’est une bonne nouvelle, mentionne Jasmin Guénette. Mais ça s’arrête là pour les aspects positifs du budget.»
Il s’inquiète pour les nouvelles dépenses fédérales et l’état des finances publiques.
«Ce que nos membres nous disent, c’est que cela va prendre un plan clair pour arriver à un niveau de déficit plus bas et plus acceptable que ce qu’on voit, dit-il. Il n’y a pas de réduction des charges des entreprises comme les contributions à l’assurance-emploi ou au régime de pension.»
Rien du côté de la main-d’œuvre
De son côté, le CPQ regrette qu’il n’y ait pas de nouveaux incitatifs pour favoriser le maintien de travailleurs plus âgés à rester sur le marché du travail.
«Si on allait chercher le même taux d’activité pour les travailleurs expérimentés qu’en Ontario, ce serait possiblement plus de 75 000 travailleurs qu’on pourrait aller chercher au Québec, précise Karl Blackburn. Cela viendrait réduire les problèmes de pénurie de main-d’œuvre.»
Le CPQ trouve aussi injuste que les transferts en santé ne tiennent pas compte de la démographie, ce qui pénalise le Québec dont la population est en moyenne plus âgée qu’ailleurs au pays.