Le jumelage linguistique pour commerçants s’étend aux banlieues
Martin Jolicoeur|Publié le 01 mars 2019Les villes de Laval, Longueuil et Brossard feront dorénavant partie du territoire visé par l'offensive linguistique.
Quiconque vit dans la région de Montréal pourrait en témoigner. L’usage du français dans les commerces de la métropole continue de présenter un défi.
Pour tenter d’améliorer la situation, Québec a décidé de donner les moyens à une initiative de francisation de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) de se répandre au-delà de certains arrondissements de l’île de Montréal. Laval, Longueuil et Brossard notamment en feront donc dorénavant l’expérience.
Le projet de jumelage linguistique, baptisé J’apprends le français, est né à l’automne 2016 dans l’arrondissement central de Côte-des-Neiges à Montréal. Ce quartier, voisin d’Outremont, Notre-Dame-de-Grâce et Westmount, est le plus peuplé et diversifié de Montréal. Ce quartier, à la vie intellectuelle et institutionnelle riche (Université de Montréal, Polytechnique, HEC, Collège Jean-de-Brébeuf, Hôpital Ste-Justine, Hôpital général juif, Hôpital de St-Mary, etc.) se distingue aussi par le fait que seulement 44% des personnes utilisent le français au travail.
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Or, bien que nombre d’organismes d’aide à l’accueil des nouveaux arrivants pullulent dans le quartier, encore aucune initiative de francisation n’avait été adaptée jusque-là aux besoins des très petits commerces (moins de 10 employés). Ces derniers représentent pourtant 77% des établissements du quartier, soutient la Chambre de commerce.
De concert avec le Bureau de valorisation de la langue française et de la Francophonie de l’Université de Montréal, la CCMM a donc mis sur pied ce projet par lequel une vingtaine d’étudiants ont été jumelés avec une trentaine de commerçants afin de les accompagner dans leurs efforts d’apprentissage du français.
Depuis, le projet a été élargi aux arrondissements de Parc-Extension et Saint-Laurent, et les universités McGill et de Sherbrooke se sont ajoutés à l’initiative. Un total de 160 commerçants ont ainsi pu bénéficier l’an dernier de l’aide rémunérée d’étudiants en linguistiques et en enseignement du Français, notamment.
Une portion commerciale de la rue Lacombe, entre Côte-des-Neiges et Gatineau. Photo: Martin Jolicoeur
La ministre, Nathalie Roy, responsable de la Culture et des Communications de la Langue française estime que cette initiative de jumelage linguistique auprès des commerçants présente «un grand intérêt en raison de son caractère personnalisé et novateur».
Les cours, d’une durée de deux heures par semaine, sur une période de trois mois, permettent une formation adaptée à la réalité des petits commerçants. Les cours leurs sont donnés à l’intérieur même des commerces, pendant leur temps de travail, dans un contexte d’interaction avec la clientèle, sans nuire aux activités de leur établissement.L’objectif est qu’à l’issue des trois mois, ces commerçants aient pu améliorer leur connaissance et usage du français dans le quotidien.
La nouvelle subvention de 450 000$ permettra de pratiquement doubler le nombre de commerçants bénéficiant de ce programme au cours de la prochaine année. Ils passeront de 120 à 200 pour la période se déroulant jusqu’au printemps, et le nombre d’étudiants mentors augmentera de 40 à 70.
Le jumelage linguistique s’adresse précisément à des petits commerces de proximité qui représentent une catégorie d’entreprises non négligeable dans les nouveaux secteurs ciblés. Le gouvernement estime que 10 500 commerces de moins de 10 employés œuvrent à Longueuil, Brossard et Laval, et 4 250 employés non francophones y travaillent.
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