Le moral des dirigeants des PME canadiennes remonte quelque peu
Denis Lalonde|Publié le 29 avril 2020Le moral des dirigeants des PME canadiennes est toujours au plancher, mais montre une légère amélioration.
Le moral des dirigeants des PME canadiennes est toujours au plancher, mais montre une légère amélioration, révèle la 4e édition d’un sondage de la Banque de développement du Canada, mené du 14 au 16 avril.
Le sondage a été mené auprès de 994 répondants à travers le Canada, dont 20% provenaient du Québec.
Le sondage montre que la proportion d’entrepreneurs inquiets pour leur entreprise a diminué de 4 points de pourcentage à 79% entre les 3e et 4e éditions du sondage. La 3e avait été menée entre le 30 mars et le premier avril. Le niveau de 79% est le même que celui de la deuxième vague, menée entre le 14 et le 18 mars, tout juste après l’imposition du confinement, décrété le 13 mars au Québec.
«On a touché le fond, et là ça commence à remonter», dit Pierre Cléroux, vice-président à la recherche et économiste en chef à la Banque de développement du Canada (BDC).
Pour la deuxième édition consécutive, 90% des entrepreneurs sondés ont affirmé que la crise de la COVID-19 avait eu un impact négatif sur leur entreprise. Toutefois, 82% d’entre eux soutiennent que l’impact de la crise sur leur entreprise est plutôt ou très important, ce qui est en baisse de deux points de pourcentage par rapport à l’édition précédente.
(Source: Banque de développement du Canada)
Deux facteurs peuvent expliquer cette situation, selon M. Cléroux: «premièrement, les entreprises ont commencé à avoir accès à des prêts gouvernementaux. Il a fallu quelques semaines pour tout mettre en place, mais ça rassure les propriétaires. Deuxièmement, après quelques semaines de confinement, les dirigeants ont une meilleure idée de comment ils vont se sortir de la crise.»
Selon M. Cléroux, les prochaines semaines devraient aussi montrer une diminution de l’inquiétude, avec le début du déconfinement, comme celui annoncé par le gouvernement Legault mardi.
Selon ce plan, les magasins qui sont hors des centres d’achat, la construction en génie civil et les entreprises manufacturières rouvriront graduellement en mai. Tous les magasins dont la porte d’entrée ne donne pas dans un centre d’achat pourront rouvrir leur commerce partout au Québec à compter du 4 mai, sauf dans la communauté du Montréal métropolitain. Là-bas, ce sera plutôt le 11 mai.
«Des entreprises vont reprendre du service, la situation va s’améliorer pour beaucoup d’entre elles», soutient Pierre Cléroux.
Ce dernier note aussi que dans les pays frappés plus tôt que le Canada par la pandémie, comme en Chine, le secteur manufacturier, tout comme celui de la construction, ont tendance à revenir très rapidement proche de la cadence d’avant la crise une fois que le confinement est levé, ce qui est moins vrai pour le secteur des services.
«Les gens prennent moins le transport en commun et ne vont pas magasiner la fin de semaine. Ils sont aussi plus prudents financièrement, parce qu’ils ont vécu un choc. Beaucoup ont vu leurs revenus diminuer pendant que leurs placements perdaient beaucoup de valeur. Le secteur des services va prendre plus de temps à s’en remettre», croit-il.
L’essor du commerce en ligne
Avec des mesures de distanciation sociales qui devront encore être respectées pour encore plusieurs mois, M. Cléroux soutient que certaines tendances se dégagent de la pandémie.
«Premièrement, il faut souligner l’essor du commerce en ligne. Les achats en ligne ont explosé. Ça ne restera pas toujours comme ça, mais si on prend l’exemple de l’épicerie, certaines personnes qui ont commencé à essayer le service en ligne pendant la crise vont sûrement continuer», dit-il.
Deuxièmement, selon lui, la crise va provoquer une accélération de la transformation numérique des entreprises, car beaucoup de dirigeants viennent de prendre conscience qu’un site internet transactionnel permettait de rester en affaires pendant la crise.
Bien sûr, M. Cléroux souligne aussi que de nombreuses entreprises seront plus enclines à accepter le télétravail avec l’adoption de nouvelles applications de visioconférence comme Teams ou Zoom. Qui dit plus de télétravail dit également baisse des besoins du côté des espaces de bureaux, et l’économiste en chef de la BDC estime que certaines entreprises pourraient vouloir diminuer leur espace locatif dans un proche avenir.