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Le PDG de Normandin a vaincu sa peur en maniant un photocopieur

Catherine Charron|Mis à jour à 12h07

Le PDG de Normandin a vaincu sa peur en maniant un photocopieur

Norbert Gagnon, le PDG de Normandin et le président du conseil d'administration, Denis Pigeon. (Photo: courtoisie)

À la tête des plus grandes entreprises du Québec, ces PDG sont bien souvent entrés sur le marché du travail en occupant des postes au bas de l’échelle. Voici les leçons tirées de ces premières expériences qui teintent encore aujourd’hui leur leadership.

La première job du boss
(Illustration: Camille Charbonneau)

LA PREMIÈRE JOB DU BOSS. Sans le savoir à l’époque, Norbert Gagnon, le PDG de la chaîne de restaurants et d’hôtels Normandin, est tombé dans la potion magique de l’entrepreneuriat à 12 ans, créant chez lui une fascination qui ne l’a jamais quitté. C’est toutefois son passage dans une papeterie de quartier qui lui a permis de gagner en confiance.

C’est pour sa minutie avec laquelle il entretenait le terrain de ses parents qu’un premier voisin a d’abord approché le jeune timide qu’il était alors afin de refaire une beauté à sa propre propriété.

Ravi par la qualité de son service, il a fait circuler le mot, permettant à Norbert Gagnon d’accroître la taille de sa clientèle à Lévis.

«Vers 12-13 ans, j’avais plusieurs clients. Je faisais l’entretien, je taillais les arbustes, je tondais la pelouse, je m’occupais de leur plate-bande, énumère celui qui souhaitait surtout se rendre utile. La tondeuse de mon père, elle en a fait du millage!»

Adepte de l’informatique, il remplissait même des factures pour ses clients. Rigoureux et perfectionniste, il posait les pierres d’assises du dirigeant qu’il deviendrait plus tard.

Tout au long de ses études post-secondaires, c’est plutôt dans un commerce de papeterie au coin de la rue où il demeurait qu’il a passé ses étés. Pouvant encore une fois mettre au service de ses clients son attention du détail, il s’occupait de photocopier, relier et plastifier des documents et imprimer des photos.

Pour performer, il devait allier «organisation, rapidité et être allumé» et apprendre à faire de la vente suggestive, des qualités qui ne sont pas sans rappeler celles que développent des jeunes en restauration, fait-il remarquer.

Tirer un trait sur la timidité

De fils en aiguille se sont ajouté à sa liste de tâches davantage de responsabilités, comme de passer les commandes auprès des fournisseurs. «Je me suis mis à commander des items que je trouvais farfelus dans les fournitures, comme un gros carton de papier brun kraft, puis j’essayais de leur trouver preneur», se remémore-t-il sourire dans la voix malgré le sermon de son patron qui s’en suivait.

Qu’à cela ne tienne, c’est en tendant l’oreille et étant particulièrement attentif aux impératifs parfois nichés des consommateurs qu’il parvenait à vendre ces articles. C’est donc en misant sur cette curiosité qui l’habitait qu’il est non seulement parvenu à régler sa crainte d’aller à la rencontre des clients, mais aussi à prendre conscience de cette fascination pour le mercantilisme.

«Ça a réglé mon problème de timidité. Ça m’a appris à parler en public, observe-t-il. Ça m’a surtout appris que j’aimais beaucoup la vente.»

Les premiers emplois sont, à son avis, de merveilleux laboratoires pour grandir, surtout lorsque certains traits de personnalité freinent les ambitions. «Il faut oser sortir de sa zone de confort, essayer de nouvelles choses, apprendre à croire en soi», soutient Norbert Gagnon.

Ces apprentissages se font aussi en s’intéressant à ses collègues, à leurs vécus, à leur expérience.

«Il faut saisir les opportunités et je pense qu’il y en a encore plus qu’avant pour les jeunes. Soyez curieux, respectez les gens qui vous entourent, allez apprendre, puis osez essayer des affaires», conseille le dirigeant.