1er mai: lancement du Programme panquébécois en entrepreneuriat scientifique (QcSE), en partenariat avec District 3.
Le gouvernement du Québec souhaite transformer 10% des étudiants québécois au doctorat et au postdoctorat en entrepreneurs d’ici trois ans par l’entremise du Programme panquébécois en entrepreneuriat scientifique (QcSE).
Cet objectif ambitieux est inspiré de la performance de grandes villes universitaires comme Boston.
«Il y a l’or bleu et l’or vert, mais aussi l’or gris, souligne Xavier-Henri Hervé, DG du centre entrepreneurial District 3 de l’Université Concordia. L’or gris est, entre autres, le savoir de nos chercheurs, une ressource naturelle sous-exploitée. Le Québec n’a pas créé de dynamisme autour de l’entrepreneuriat des chercheurs, comme l’ont fait les Américains, par exemple. Saviez-vous que les jeunes pousses issues des laboratoires de MIT ont une valeur économique combinée représentant la 10e économie mondiale?»
Aujourd’hui (1er mai), le gouvernement du Québec (par l’entremise des Fonds de recherche du Québec) annonce un partenariat de trois ans avec District 3, pour le Programme panquébécois en entrepreneuriat scientifique (QcSE).
Chaque année, District 3 initiera trois cohortes, de 35 à 50 chercheurs chacune, au monde de l’entrepreneuriat.
Le parcours s’étend sur six mois. Il comporte trois étapes. D’abord, la découverte. À travers des témoignages, des lectures et des exercices, les chercheurs sont initiés aux codes de l’entrepreneuriat. Vient ensuite le déploiement d’un projet personnel, incluant le processus de validation de l’idée et de sa faisabilité économique. Le programme se termine par des rencontres avec des investisseurs potentiels. Comme pour tout parcours de ce type, les membres de la cohorte sont accompagnés par des coachs.
Une demande du Scientifique en chef du gouvernement du Québec
Cette initiative de trois ans est le fruit de deux ans de travail sur le terrain. Elle est née d’une demande de Rémi Quirion, chercheur en neurosciences et Scientifique en chef du Québec à District 3. Il souhaite encourager et, ensuite, accélérer la création et le développement de jeunes pousses provenant des chercheurs et étudiants de cycles supérieurs de tous les établissements universitaires du Québec.
«Nous avons rencontré des chercheurs pour leur poser la question suivante: pourquoi ne devenez-vous pas entrepreneur?, explique le DG de District 3. La réponse fut simple: ils ne savent pas que l’entrepreneuriat peut être une voie pour eux. Un doctorant passe cinq ans dans un laboratoire à étudier la dernière molécule qui fera évoluer les tests de médicaments. Il est isolé du buzz autour de l’entrepreneuriat. Bien sûr, les chercheurs voient les émissions comme «Dans l’œil du dragon», mais cela leur semble très loin de leur réalité.»
Des planètes alignées
Pendant que District 3 planchait sur la demande de Rémi Quirion, l’accélérateur a reçu une autre demande similaire. «Il y a un an, le PDG d’InVivo, la grappe des sciences de la vue et des technologies de la santé du Grand Montréal, nous a demandé de créer un contexte de jeunes pousses pour un groupe de 12 doctorants en pharmacie.» District 3 a dispensé une douzaine de sessions. Les trois quarts portaient sur l’entrepreneuriat en général. Les autres ciblaient l’angle plus spécifique de l’entrepreneuriat dans le secteur des pharmas.
Ainsi, tout en animant la cohorte des chercheurs d’InViVo, District 3 a développé un programme à l’échelle québécoise, pour répondre à la demande de Rémi Quirion.
La première cohorte du QcSE a été lancée discrètement en février dernier. L’annonce officielle du 1er mai marque le lancement de la seconde cohorte.
Comment les chercheurs du QcSE sont-ils choisis?
Il n’y aura pas de présélection. «Nos démarcheurs prendront leur bâton de pèlerin pour visiter les 13 universités québécoises et centres de recherche affiliés pour faire connaître le QcSE, explique Xavier-Henri Hervé. Nous savons qu’il ne sert à rien d’organiser des événements, les chercheurs ne se déplaceront pas. Ils ne se comportent pas comme les entrepreneurs qui, eux, fréquentent ce type de rassemblements. Il faut visiter les chercheurs dans leur laboratoire.» Il poursuit, «Une fois les chercheurs inscrits à la cohorte, le processus de sélection naturelle fera son œuvre. L’entrepreneuriat exige un engagement… et une équipe. Les chercheurs se présentent généralement seuls. On les aide à rencontrer des gens qui partagent leur intérêt, et qui les complètent, pour faire équipe.»
Au défi d’initiation à l’entrepreneuriat s’en ajoutent deux autres: un défi de visibilité et un défi de communication. «Aux États-Unis, les chercheurs entrepreneurs sont des stars. Le Québec doit mieux mettre de l’avant les scientifiques qui ont le courage de devenir entrepreneurs, pour en inspirer d’autres», estime le DG de District 3. Puis, il ajoute, « Et les accompagnateurs comme nous avons la responsabilité d’aider les entrepreneurs scientifiques à mieux se présenter, à vulgariser leur savoir, leurs recherches et leur impact sur la société.»