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Le sens des affaires à l’heure de la crise

Valérie Lesage|Publié le 10 juin 2020

Le sens des affaires à l’heure de la crise

La crise amène les entrepreneurs à réfléchir à nouveau à leur motivation, un ancrage capital pour continuer à entreprendre. (Photo: LinkedIn Sales Navigator pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. Le sens des affaires, selon le dictionnaire Cambridge, c’est comprendre les manières de mener une entreprise vers le succès. Voilà pour la définition de base. Maintenant, j’ai l’impression que la crise que nous traversons amène le sens ailleurs. Pas que les entrepreneurs aient perdu de vue l’idée du succès, loin de là, mais il apparaît que donner du sens à leurs affaires prend tout à coup une place beaucoup plus importante. 

Près de 900 entrepreneurs du Québec sont engagés chez nous dans un parcours virtuel d’accompagnement vers la relance depuis le mois de mai. Marc Dutil leur a posé une question en début de parcours: pourquoi tu fais ça? Il a reçu plus de 400 lettres, courtes et longues, en réponse à sa question.  

La crise amène les entrepreneurs à réfléchir à nouveau à leur motivation, un ancrage capital pour continuer à entreprendre, alors que l’économie fléchit, que l’incertitude grandit, qu’il faut faire des mises à pied ou gérer une croissance débridée, penser à des plans A, B, C, D, stresser avec les liquidités et, parfois faire des deuils et reconstruire. Dans l’adversité, il faut se raccrocher à quelque chose de solide comme le sens, celui qu’on donne à ce que l’on fait. Et il se peut qu’il ait beaucoup changé par rapport à ce qu’il était initialement. 

Si on trouvait sa satisfaction dans sa liberté, son autonomie ou dans son désir de croissance, ça se peut que la situation actuelle donne l’impression d’avoir les mains liées. Être entrepreneur, c’est porter de grandes responsabilités envers des financiers, des employés, des fournisseurs. Quand la décroissance menace, ce qui était soutenable autrefois peut le devenir moins et la liberté rétrécit. Quand l’autonomie rime soudain avec fins de mois très incertaines, ça se pourrait qu’on se mette à envier celui qui a une sécurité d’emploi, un revenu et une retraite assurés. Post-crise, je ne sais pas ce qui adviendra du fort désir d’entreprendre qu’on a commencé à mesurer chez les jeunes avant que le coronavirus nous frappe, mais la quête de sens aux affaires, elle, va sûrement s’approfondir. 

Motivations altruistes

Je n’ai pas eu le loisir de lire les lettres envoyées à Marc Dutil, mais j’ai entendu ces derniers temps des motivations très altruistes s’exprimer. Les entrepreneurs des services essentiels ont trouvé de la fierté dans le fait d’être là pour nous tous, de contribuer à l’effort collectif pour le bien-être de la population. Pour cela, il leur apparaissait que tous les obstacles méritaient d’être surmontés.

D’autres entrepreneurs, dans le divertissement, s’accrochent à l’idée de pouvoir redonner du plaisir aux gens. Ce qui, avant la COVID-19, paraissait une mission plus légère, deviendra une grande mission parce que le plaisir nous aura cruellement manqué en 2020 et nous en aurons mesuré l’importance dans notre quotidien.

Pour d’autres, c’est lié à la passion, au désir de relever des défis ou de se dépasser. Et parfois, trouver du sens dans le plus grand que soi se révèle difficile parce que le besoin comblé par la production ou le service de l’entreprise paraît moins porteur. Peut-être alors qu’il se trouve dans l’équipe, dans la beauté de ce qui est accompli ensemble?

Maintenant, vous, quel sens voulez-vous donner à vos affaires, au-delà de votre sens des affaires? Qu’est-ce qui vous donne envie de vous lever chaque matin, même pour affronter le vent de face? Et comment communiquez-vous cela à votre équipe pour la sentir avec vous?